SALLAN Camille, Étienne

Par André Balent

Né le 2 juin 1919 à Cournonterral (Hérault), exécuté sommairement le 29 mai 1944 à l’issue du combat de La Parade (commune de Hures-La Parade, Lozère) ; marin pêcheur à Palavas-les-Flots (Hérault) ; bûcheron à Montpeyroux (Hérault) ; réfractaire au STO ; résistant (groupe de l’AS, Armée secrète, de Clermont-l’Hérault, Hérault, maquis AS Bir Hakeim dans l’Hérault, le Gard, l’Ardèche, la Lozère)

Son père, Sébastien Sallan, né en Espagne s’était établi dans l’Hérault. Il épousa Laurentine, Anne Demar native de Montpeyroux, village de la garrigue héraultaise bâti au pied du contrefort méridional du causse du Larzac. Le couple eut trois enfants. Camille était le deuxième de la fratrie. Son frère Armand était né le 7 octobre 1909 et sa sœur Adrienne le 22 décembre 1922.

Jusqu’à la fin des années 1920 la famille résida à Montpeyroux où les parents avaient ouvert un commerce d’alimentation. Ils s’installèrent ensuite sur la côte, à Palavas-les-Flots, à proximité de Montpellier. Leur épicerie était initialement située à l’angle de la place de l’église et de la rue Saint-Roch. Par la suite, après la démolition de la maison où était établi le commerce, le magasin fut transféré à proximité, de l’autre côté de la place de l’église, chez « Gustinette ».

Camille Sallan termina ses études primaires à l’école communale de Palavas-les-Flots. Il suivit d’abord un apprentissage en menuiserie chez Escaffre à Montpellier. Mais, il préféra, par goût embrasser la profession de marin pêcheur. Il devint inscrit maritime sur le rôle de son beau-frère Louis Victor. Il navigua sur le « Galilée », bateau à moteur.

En 1939, il effectua son service militaire à Toulon dans la DCA de la Marine. La déclaration de guerre le trouve sous les drapeaux. Démobilisé en juillet 1940, il reprit son travail de marin pêcheur à Palavas.

Après l’arrivée des troupes d’occupation en novembre 1942, les parents de Camille Sallan préférèrent se replier à Montpeyroux que de rester dans une localité maritime situé sur un littoral stratégique pour la Wehrmacht. À Montpeyroux, Camille Sallan travailla comme boscatier (bûcheron, en occitan) dans la garrigue afin de pourvoir les charbonniers forts actifs en ces temps de pénurie de carburants pendant lesquels on fabriquait beaucoup de charbon de bois afin d’alimenter les gazogènes.

En 1943, requis pour le STO, il s’engagea dans la Résistance et plongea bientôt dans la clandestinité.

Dans un premier temps, Camille Sallan compta parmi les membres du groupe de l’AS formé par Paul Demarne ancien capitaine de l’Armée d’armistice démobilisé. Ce groupe était implanté dans les villages situés dans la moyenne vallée de l’Hérault, autour de Clermont-l’Hérault. (Voir aussi Bony René, Bouzid Mohamed). Au mois de novembre 1943, Demarne créa un « groupe de combat de l’AS qui rassembla autour de lui dix membres pour la plupart très jeunes : Camille Sallan, Pierre Manzanera, François Arjo, Fernand Pio, Marcel Compan, Théogène Heultz, Roger Salasc, Hippolyte Guiraudou, Marc Sans et Julien André. En décembre 1943, un accord entre Paul Demarne et Jean Capel, chef du maquis AS Bir Hakeim décida l’absorption par ce dernier du groupe de combat de l’AS de Clermont-l’Hérault.

Désormais, Sallan participa aux actions de Bir Hakeim, d’abord dans l’Hérault et le Gard puis dans l’Ardèche et, enfin, en Lozère. Avec Demarne, à la fin de 1943, il participa à la récupération d’armes de l’armée d’armistice immergées dans le Lez près de Montpellier. Lorsque Bir Hakeim fut cantonné dans le Gard dans la région de Bagnols-sur-Cèze puis dans l’Ardèche méridionale (Voir Capel Jean, Labastide-de-Virac, hameau des Crottes (3 mars 1944)), Camille Sallan participa à plusieurs coups de main audacieux : le 15 janvier 1944 contre les établissements textiles Paulhan de Saint-Jean-du-Gard (Gard) où ils mirent la main sur un important stock (seize tonnes) d’uniformes destinés au 1er régiment de France ; le 14 février à l’intendance régionale de police de Montpellier (Hérault) où ils s’emparèrent d’un important stock d’armes de nombreux véhicules ; à la mi-février à Lodève (Hérault) et à Millau (Aveyron) où ils s’emparèrent respectivement de 3000 capotes et de deux véhicules et de 600 litres d’essence. Dans le Pays de Cèze (Gard) et en Ardèche méridionale, Sallan participa aux combats que livra le maquis Bir Hakeim contre les troupes d’occupation au mas de Serret et au hameau des Crottes (Voir Labastide-de-Virac, hameau des Crottes (3 mars 1944)). Il se retrouva ensuite avec une bonne partie des effectifs de Bir Hakeim à la ferme abandonée de la Picharlarié (commune de Moissac-Vallée-Française, Lozère) où se trouvait déjà le « maquis-école » (AS) mis en place par le comité de Saint-Jean-du-Gard (Gard) (Voir Sauvebois Aimé ; Lapierre Marceau). À proximité, à la ferme du Galebartès était stationnée la « Brigade Montaigne », autre maquis de l’AS dont la majorité des effectifs étaient des antinazis allemands (Voir Veylet Louis ; Lindner Anton). Les trois maquis qui collaborèrent et fusionnèrent sous l’égide de Bir Hakein participèrent aux combats des 7 avril et 12-13 avril 1944 contre les forces de la Wehrmacht. Sallan, combattit lors de cet affrontement dont Bir Hakeim réussit à s’en sortir avec un seul mort (Louis Veylet) après le désengagement inopiné des SS engagés (du fait, a-t-on suggéré, de l’annonce erronée d’un débarquement). Par la suite le maquis se regroupa le 20 avril au château des Fons. Le 6 mai, Sallan participa au déplacement de la majeure partie de Bir Hakeim dans le Clermontais, à Rabieux (Hérault). La réception d’un parachutage, le 12 mai, avorta. Le 14 mai, les maquisards, de retour de l’Hérault découvrirent que le château de Fons avait été attaqué par les GMR. Les quelques Allemands antinazis qui le gardaient s’étaient repliés. Capel ordonna le déplacement (17 mai) vers l’hôtel inoccupé du Fangas près du mont Aigoual. Le 21 mai, une partie du maquis (avec Sallan) se rendit à Meyrueis (Lozère) à l’occasion d’une fête religieuse. Ils recrutèrent deux jeunes de la localité (René Fages et Claude Noguès) ainsi que quatre jeunes du chantier de jeunesse (Marcel Liotard, Georges Constantinou, André Picon et Cyprien Albert). Mais repérés et avertis, Bir Hakeim dut changer de cantonnement. Capel choisit La Parade (Lozère) sur le causse Méjean. Le 26-27 mai 1944, il fit partie de la colonne pédestre de Bir Hakeim qui réussit à quitter le Fangas et arriva épuisée le 27 au soir à La Parade. Sallan fut logé au château Lapeyre de la Borie où résidait aussi l’état-major du maquis.

Le lendemain matin, dimanche de la Pentecôte, les forces de la Wehrmacht, informées de la présence de Bir Hakeim, attaquèrent le cantonnement de La Parade. Sallan participa à la défense de la Borie, au nord de celle-ci. Pendant le combat, il rencontra un berger de La Parade, Robert Grousset, à qui il confia une chevalière, lui demandant de la remettre à sa famille dans le cas où il serait tué dans le combat. Après la reddition, vers 16 heures, des derniers défenseurs du « château », Sallan fit partie des onze derniers défenseurs de la Borie qui refusèrent de se rendre et qui se cachèrent dans l’espoir d’échapper aux forces d’occupation. Les Allemands de la Luftwaffe venus de Millau (Aveyron) afin de renforcer les assaillants acheminés depuis Mende présents de puis le matin arrivèrent après la reddition des derniers défenseurs. Relevant les Arméniens de l’Ost Legion, ils furent chargés du ratissage du champ de bataille et des environs. Découverts, ils combattirent. Trois, parmi les onze, furent tués en résistant ; les huit autres, dont Camille Sallan, furent faits prisonniers et exécutés sommairement, le 29 mai à l’aube, dans un champ à 50 mètres en dessous du « château Lapeyre » de la Borie. Parmi les fusillés, le berger Grousset reconnut le cadavre de Sallan. Il fit parvenir la chevalière à sa famille. Celle-ci le reconnut d’après les photos prises par Anna Rousseau, professeur à Mende, secrétaire du CDL de la Lozère dont le mari avait péri dans le combat de La Parade. Le corps initialement inhumé au cimetière de La Parade fut rendu à sa famille qui le fit ré-inhumer au cimetière de Montpeyroux (Hérault).
Le nom de Camille Sallan figure sur le monument des victimes du combat de La Parade, édifié en 1948 dans cette commune. Il figure aussi sur les monuments aux morts de Cournonterral (Hérault), de Montpeyroux (Hérault), sur la stèle commémorative de la Résistance de Palavas-les-Flots (Hérault), sur celle de Clermont-l’Hérault (Hérault) place Jean-Jaurès à côté du monument aux morts, sur le monument de Mourèze (Hérault) érigé en mémoire des membres du maquis Bir Hakeim morts au combat ou exécutés (septembre 1943-août 1944). En donnant son nom à une place du village, la commune de Cournonterral a honoré sa mémoire.
Camille Sallan fut homologué lieutenant FFI.

Voir La Parade (commune de Hures-La Parade, Lozère), 28 mai 1944.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article188044, notice SALLAN Camille, Étienne par André Balent, version mise en ligne le 25 décembre 2016, dernière modification le 28 février 2020.

Par André Balent

SOURCES : Marc Bourdallé, Camille Sallan, un résistant palavasien, Ville de Palavas-les-Flots, Palavas-les-Flots, 2005, 33 p. — René Maruejol, Aimé Vielzeuf, Le maquis Bir Hakeim, nouvelle édition augmentée, préface d’Yves Doumergue, Genève, Éditions de Crémille, 1972, 251 p. [p. 39].— Association pour des études sur la Résistance intérieure (AERI), Association départementale des Anciens de la Résistance de Lozère ANACR Lozère, La Résistance en Lozère, CDROM accompagné d’un livret, 27 p., Paris, 2006. — MemorialGenWeb consulté le 24 décembre 2016.

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