SALTEL André, Lucien, Marcel [Pseudonyme Laurent]

Par Daniel Grason

Né le 20 janvier 1911 à Paris (VIe arr.), mort le 25 mai 1944 à Schwechat (Autriche) ; militant communiste ; résistant ; membre des FTPF ; déporté.

André Saltel
André Saltel

Fils de Victorine Saltel, journalière, et de père inconnu, André Saltel savait lire et écrire, il adhéra aux Jeunesses communistes et au Parti communiste en octobre 1936 à la section du XIIIe arrondissement de Paris. Il adhéra également au syndicat CGT des entreprises privées du métro, il fut élu délégué dans l’usine où il travaillait.
De la classe 1931, mobilisé le 15 avril 1940 au dépôt 131 au Puy (Haute-Loire), il a été démobilisé le 7 août 1940. Il reprit son travail de manœuvre à la maison Bodin 14 rue Carnot au Kremlin-Bicêtre (Seine, Val-de-Marne). Il vivait dans la ville au 13 rue Roger-Salengro dans une chambre d’hôtel. Après la dissolution du Parti communiste par décret-loi du 26 septembre 1939, il perdit tout contact avec les militants.
Au début de l’année 1942, il rencontra un militant communiste qu’il avait connu, il lui fit part de son souhait de participer à l’activité clandestine. Il distribua des tracts à plusieurs reprises, mais cela ne le satisfaisait pas, il demanda à entrer dans les T.P. (Troupes populaires). Il rencontra « Françoise » (Marceline Gruwier) qui lui expliqua que les Troupes populaires avaient pour mission de « détruire tout ce qui pouvait servir aux autorités allemandes ». Il eut un entretien avec « Le Grand » (Siméon Lernovici) et « Le Frère ». Plusieurs fois par semaine en soirée, André Saltel sillonna les rues de Paris, côté rive gauche en compagnie de Siméon Lernovici, de Marceline Gruwier et de « Le Frère » à la recherche d’objectifs à détruire.
Lors d’une filature les policiers avaient repérés et identifiés André Saltel le 5 novembre vers 20 heures15 à la gare Montparnasse, et l’avaient surnommé « Bienvenüe », il parlait avec Marceline Gruwier. Il était décrit ainsi : « 1 m 70, 30 ans, cheveux châtains foncés, coiffé d’un béret basque, vêtu d’un pantalon marron et d’un cache col de même couleur, d’un pantalon sombre et de chaussures éculées ».
Le 8 novembre 1942, le rendez-vous était fixé à 20 heures 30 rue de la Croix-Nivert dans le XVe arrondissement. Siméon Lernovici et André Saltel chargés de la protection étaient armés, Marceline Gruwier était présente, un quatrième militant était chargé de lancer un engin explosif contre l’Hôtel du Laos situé au numéro 46. Ce dernier jeta un engin incendiaire dans un soupirail de l’hôtel qui hébergeait des soldats de l’armée allemande. Il n’y eut que de légers dégâts. L’établissement était sans protection, les quatre résistants regagnèrent sans problème leur domicile.
Le 21 novembre vers 20 heures 30, André Saltel retrouvait Jules Miline et Marceline Gruwier rue de Croulebarbe (XIIIe arr.). Ce soir-là l’objectif était de lancer des engins incendiaires par-dessus des palissades dans un dépôt de bois qui était mitoyen aux rues de la Colonie, Vergniaud et Wurtz (XIIIe arr.). Les engins ne provoquèrent que peu de dégâts.
Des inspecteurs de la BS2 n’ignoraient pas qu’André Saltel, Marceline Gruwier et leurs compagnons avaient une activité clandestine. Depuis le 14 septembre 1942 des inspecteurs filochaient régulièrement Marceline Gruwier et les militants qu’elles rencontraient. Plusieurs avaient été identifiés : Henri Fongarnand, Jules Miline, Siméon Lernovici, Raymond Lambert et André Saltel. Les Renseignements généraux apprenaient le 19 novembre 1942 que ce dernier était requis le 1er décembre 1942 au titre du Service du travail obligatoire (STO), ils craignaient son passage dans l’illégalité. Ils décidèrent de l’interpeller.
Quatre inspecteurs de la BS2 l’arrêtèrent le 27 novembre 1942 vers 17 heures 30 à son domicile du Kremlin-Bicêtre. Il portait sur lui une feuille où figuraient des rendez-vous. Dans sa chambre les policiers saisissaient un revolver de calibre 7,65 mm, une balle était dans le canon et huit dans le chargeur. Une boîte contenait quatorze cartouches de différents calibres, trois tubes en celluloïd contenant des produits chimiques, une boîte contenait de la mitraille, cinq tracts intitulés « Debout les vivants », et un insigne représentant la Francisque et la Croix Gammée.
André Saltel fut très probablement frappé comme ses compagnons à coups de nerf de bœuf lors de son interrogatoire dans les locaux des Brigades spéciales à la Préfecture de Police. Le 12 décembre le laboratoire municipal transmettait les résultats des trois tubes contenant des produits inflammables : « Il s’agit donc de petits engins incendiaires qui, tant par leur composition que par leur forme, ne semble pas se rattacher à des affaires précédentes ». Quant au revolver il n’avait jamais servi lors d’attentats.
André Saltel fut incarcéré, le 16 août 1943 il était avec cinquante-et-un résistants à la gare de l’Est. Ils firent le trajet dans un wagon aux fenêtres grillagées à destination de Sarrebruck (Allemagne). Internés au camp de Neue Bremm les cinquante-deux hommes étaient immatriculés, déclarés Nacht und Nebel, ce qui signifiait Nuit et Brouillard (condamnés à disparaître). Le 26 août vingt-quatre prisonniers dont les FTP et FTP-MOI : Louis Duriez, Edmond Hirsch, Jules Miline, Argiéris Papassavas et Oswald Zavodsky prenaient la direction du camp de Mauthausen (Autriche).
Affecté au kommando de travail de Wien-Schwechat créé le 30 août 1943, les déportés travaillaient à la construction d’avions et au montage de chasseurs de nuit. André Saltel matricule 34612 y mourut le 25 mai 1944.
Après la Libération, aucun membre de sa famille ne se présenta pour témoigner devant la commission d’épuration de la police. André Saltel a été symboliquement inhumé dans la Nécropole nationale du Struthof à Natzviller (Haut-Rhin).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article188045, notice SALTEL André, Lucien, Marcel [Pseudonyme Laurent] par Daniel Grason, version mise en ligne le 16 janvier 2017, dernière modification le 22 novembre 2022.

Par Daniel Grason

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SOURCES : Arch. PPo. GB 112 BS2 carton 20, rapports de filatures (notes de Gérard Larue), KB 10, KB 25. – Site internet GenWeb.

PHOTOGRAPHIE : Arch. PPo. GB 188 cliché du 28 novembre 1942

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