DARAQUY Bruno, Michel

Par Julien Lucchini

Né le 4 août 1961 à Louviers (Eure) ; apprenti boulanger, puis éclairagiste, comédien et chanteur ; militant anarchiste, membre de la Fédération anarchiste (FA) (1978-1983, 1995-2014, puis à nouveau depuis 2021) ; syndicaliste CNT (1978-1980), puis SFA-CGT dans les années 1980, puis de nouveau CNT (2000-2005).

Fils de Ginette Rouze, couturière puis femme de ménage, Bruno Daraquy ne connut pas son père biologique, parti avant sa naissance. Il fut reconnu et élevé par son beau-père, Georges Daraquy, électricien contraint d’abandonner ses activités professionnelles en 1969 en raison de troubles psychiques, qui l’éleva comme son propre fils. Bruno Daraquy grandit à Évreux (Eure) en compagnie de ses parents et de ses deux sœurs.
Après une scolarité qu’il qualifie de « scabreuse et éphémère », Bruno Daraquy quitta l’école à seize ans et entra comme apprenti boulanger à la boulangerie Provendier d’Évreux, mais ne termina pas son apprentissage. Il vécut alors, pendant plusieurs années, de petits boulots. Durant ses années de collège, il avait noué des liens d’amitiés avec Germinal Castillo, fils de Juan et Elva Castillo, militants de la CNT espagnole en exil. Par ce biais, il découvrit les idées libertaires et renoua avec le goût du savoir et de la culture, fréquenta le théâtre et les galeries d’art, se cultivant plus qu’il ne l’avait fait dans le cadre scolaire. Il rencontra aussi, via ses liens avec la CNT espagnole, Serge Utgé-Royo.
Dans la même période, Bruno Daraquy, qui baignait depuis peu dans l’univers musical de Georges Brassens, Jacques Higelin, Paco Ibanez, Serge Utgé-Royo ou encore Georges Moustaki s’acheta sa première guitare et commença à composer quelques chansons. Il adhéra en 1978 à la CNT et à la FA et s’engagea particulièrement dans la lutte anti-nucléaire. À ce titre, il participa à la dernière manifestation contre le surgénérateur de Creys-Malville (Creys-Mépieu, Isère) où Vital Michalon avait trouvé la mort. Il donna également, dans le même temps, des articles à La Tribune d’Évreux, journal dans lequel s’exprimaient des militants libertaires et des écologistes. L’année suivante, en 1979, Bruno Daraquy participa à la création du groupe anarchiste d’Évreux (groupe de la FA) qui exista jusqu’en 1983. L’activité du groupe consista principalement dans l’action antimilitariste avec le soutien apporté aux objecteurs de conscience.
Bruno Daraquy quitta Évreux pour Périgueux (Dordogne) en 1982. La Fédération anarchiste n’y étant alors pas présente, il se mit en lien avec le collectif libertaire de la ville mais n’y retrouva pas le dynamisme de son ancien groupe. Désormais syndicaliste du syndicat des artistes SFA-CGT, Bruno Daraquy cessa ses activités de militant libertaire et se consacra à la chanson. En 1983, il fit ses débuts à l’occasion d’un spectacle consacré au répertoire du chansonnier anarchiste de la fin du XIXe siècle Gaston Couté, alors redécouvert et remis en valeur par d’autres artistes comme Gérard Pierron. Ce spectacle se tint au café-théâtre « La Caverne » de Périgueux.
À compter de 1985, Bruno Daraquy exerça également comme éclairagiste et comédien. Pierre Orma, de la compagnie du Théâtre de la Vache Cruelle lui offrit son premier rôle, celui du notaire dans L’École des femmes. Ses activités théâtrales le mobilisèrent presque exclusivement jusqu’au milieu des années 1990. Presque, car en 1991, il remonta sur scène pour un spectacle de chant autour de la chanson réaliste et sociale. En 1995, il se produisit au Théâtre de la Mainate (Paris, Xe arr.) puis au « Caveau de la Bohème » (Ier arr.) où il lia connaissance avec l’ancien patron du cabaret La Colombe, Michel Valette. Ce dernier le produisit dès l’année suivante.
Après dix années passées loin des structures militantes, Bruno Daraquy fut, dit-il, incité à « reprendre du service » par le conflit social de 1995. Il redonna alors son adhésion à la Fédération anarchiste. Dans le même temps, il quitta Périgueux et revint vivre à Évreux où, avec le groupe de la FA, il s’engagea tout particulièrement dans la lutte des chômeurs et précaires, en lien notamment avec le collectif Grain de Pollen.
Au début des années 2000, Bruno Daraquy regagna la Dordogne et redevint adhérent de la CNT. Avec son groupe, et conjointement à la FA, il fut à l’origine d’un forum social qui se tint en 2004 à Périgueux. Entre 2000 et 2005, Bruno Daraquy fut trésorier puis coordinateur d’une radio libre périgourdine, Radio Périgueux 103, pour laquelle il anima notamment une émission intitulée « Basta Ya ». Sur le plan artistique, il sortit en 2000, l’album Les Absinthes, se produisit en différents lieux, comme le Théâtre des déchargeurs, ainsi que dans des festivals, comme Chansons de Parole à Barjac. Il chanta également à de nombreuses reprises avec Serge Utgé-Royo, en France, en Belgique, et en Suisse. Enfin, il donna de nombreux concerts dans le cadre de manifestations du mouvement libertaire, notamment à la Fête du livre anarchiste de Merlieux-et-Fouquerolles (Aisne), au Salon du livre libertaire (espace des Blancs-Manteaux, Paris IVe), ainsi qu’à la Librairie Publico (Paris, XIe arr.), Fêtes de Radio Libertaire. À la demande de SUD-Rail, il donna également un concert de soutien aux cheminots à la gare Saint-Lazare (Paris, IXe arr.).
Depuis 2018, il incarne François Villon dans François Villon Corps à cœur de Jean-Pierre Joblin et propose un récital Couté intitulé Gaston Couté, l’insurrection poétique.
En 2021, il fit une nouvelle adhésion à la FA et au groupe La Rue (Paris XVIIIe arr.).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article188239, notice DARAQUY Bruno, Michel par Julien Lucchini, version mise en ligne le 10 janvier 2017, dernière modification le 6 novembre 2022.

Par Julien Lucchini

Cliché communiqué par Bruno Daraquy.

SOURCES : Revues de presse. — Sites Internet. — Entretien et correspondance avec Bruno Daraquy, janvier 2017. — Notes de Claude Pennetier, novembre 2022.

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