CARROUÉ Maurice, Lucien

Par Michel Cordillot, Pierre Lévêque

Né le 20 juin 1906 à Moutiers (Yonne), mort le 28 février 1999 à Auxerre (Yonne) ; ouvrier agricole (bûcheron) et maçon (cimentier) à Saint-Sauveur-en-Puisaye (Yonne) ; militant syndicaliste et communiste, secrétaire général de la Fédération CGT de l’Agriculture, membre du comité central du PCF ; conseiller de l’Union française.

Fils d’un métayer « républicain » et d’une cultivatrice née Plançon, Maurice Carroué fut élevé dans une famille de cinq enfants. Seule sa sœur partageait ses idées politiques. Il adhéra au Parti communiste en 1923. Titulaire du certificat d’études primaires, il eut une vie professionnelle nomade qui l’éloigna du parti pendant un an. Il fit son service militaire en 1926 et participa à l’occupation de l’Allemagne, puis rejoignit en 1927 le syndicat des bûcherons de Saint-Sauveur-en-Puisaye.
En 1932, Maurice Carroué était secrétaire de la cellule communiste de Saint-Sauveur qui comptait une quinzaine d’adhérents. Considéré comme l’un des principaux animateurs du PC dans la région, il projetait de créer un journal mensuel, La Puisaye ouvrière, spécialement destiné aux adhérents du syndicat unitaire, en majorité des bûcherons.
Il fut candidat du PC aux élections législatives de 1932 à Joigny. Il remplaça Langumier* en juillet 1933 comme secrétaire de la 22e Union régionale de la CGTU. En 1934, il se présenta aux élections au conseil général à Saint-Sauveur.
Maurice Carroué fut un des militants syndicalistes et communistes les plus actifs en Côte-d’Or dans la période du Front populaire. Il prit la parole dans de nombreux meetings en 1935, collabora fréquemment au Travailleur de l’Yonne-Côte d’Or. Il était, en 1934, secrétaire de l’Union locale CGTU de Dijon et militait au mouvement Amsterdam-Pleyel.
En avril 1936, il fut candidat du Parti communiste dans la 1re circonscription de l’Yonne (Auxerre-Avallon). L’année suivante, en octobre, il fut candidat aux élections cantonales dans le canton de Saint-Fargeau. Depuis janvier 1937, il appartenait au bureau national de la Fédération de l’Agriculture et, en 1939, à l’issue du VIIIe congrès de la FNTA tenu à Saint-Quentin (Aisne) les 17-19 février, il fut élu secrétaire administratif de la Fédération (voir Pascal*). En 1937, il participa au congrès de l’Internationale des travailleurs de la terre en Hollande.
Mobilisé du 26 août 1939 au 27 août 1940, Maurice Carroué écrit : « j’étais au 26e BDA à Troyes. J’ai pris aussitôt contact avec Timbaud et Hénaff qui étaient aux pionniers. Hénaff est parti, puis Pierre aussi. J’ai alors regroupé quelques camarades de divers régiments et en même temps pris contact avec le parti à Troyes. » Il affirme aussi : « Après la débâcle je suis venu à Paris en juillet, mais je n’ai pas trouvé de contacts. Je suis revenu en septembre et j’ai repris contact par Tollet et Hénaff. J’ai été chargé de réorganiser le travail syndical. Après l’arrestation de Tollet et Hénaff, je suis retourné dans l’Yonne et j’ai réorganisé le travail avec Roulot, Meunier et Georgette Sansoy. » Il édita le premier tract communiste distribué à Auxerre le 22 octobre 1940.
Appelé à Paris comme responsable dans le mouvement syndical clandestin, il rentra dans l’Yonne fin 1940, passa l’hiver dans les bois, mis en réserve pour des tâches importantes. En mai 1941, contacté par Juliette Dubois*, il fut chargé de reconstituer le parti dans le Loiret et la Nièvre, puis fut responsable politique dans le Cher (pseudo Georges) de janvier à mai 1942 et dans le Loir-et-Cher (pseudo Lucien) de mai 1942 à juin 1943. En juin 1943, il fut nommé secrétaire de la Fédération CGT illégale de l’Agriculture sous le pseudonyme de Delorge. En juillet 1944, il fut, à la demande de René Camphin*, versé aux FTP et termina la guerre avec le grade de colonel FTP.
De 1945 à 1967, Maurice Carroué fut membre de la commission exécutive de la CGT et, de 1945 à 1971, secrétaire général de la Fédération CGT de l’Agriculture. Il assista à ce titre aux congrès internationaux des travailleurs de l’agriculture à Londres, puis en Bulgarie en 1947. Pendant cette période, il installa des chantiers forestiers en Allemagne.

En 1947, il devint conseiller de l’Union française et le demeura jusqu’en 1952. En juin 1947, il devint membre suppléant du comité central du Parti communiste, fut titularisé en avril 1954 et quitta cette instance en juin 1959. Membre du Conseil économique et social en 1969, il en démissionna le 28 mars 1972. Jack Potavin* lui succéda en 1972 à la tête de la Fédération CGT de l’Agriculture.

Marié en avril 1940 à Bobigny, divorcé en 1950, Maurice Carroué se remaria à Paris (XIXe arr.) en mars 1995.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article18828, notice CARROUÉ Maurice, Lucien par Michel Cordillot, Pierre Lévêque, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 15 juin 2020.

Par Michel Cordillot, Pierre Lévêque

SOURCES : Arch. Nat. F7/13130, rapport du 21 juillet 1932. — Le Travailleur de l’Yonne-Côte d’Or, passim. — Lettre de M. Carroué, 27 juin 1961. — S. Courtois, Thèse, op. cit., annexe, n° 18. — Caroline Andréani, Du bon côté de la barrière, essai d’histoire de la Fédération nationale agroalimentaire et forestière CGT, Le Temps des cerises, 2002. — État civil.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable