CARTAILLER Joseph. Pseudonyme : POIRIER Daniel, dit Jo.

Par Pierre Petremann, Julien Veyret

Né le 30 décembre 1906 à Cusset (Allier), mort le 4 décembre 1971 au Perreux (Val-de-Marne) ; professeur puis directeur de collège technique ; responsable national du SNET, puis du SNPDES.

Joseph Cartailler naquit dans une famille modeste de l’Allier. Son père, d’abord cordonnier, puis garçon de bains à Vichy, devint employé à la compagnie ferroviaire ; sa mère était ouvrière dans une cartonnerie. Il entra comme élève à l’École normale d’instituteurs de Moulins (Allier) en 1922. Il réussit, en 1926, le concours d’entrée à l’École normale de l’enseignement technique, section lettres-langues, d’où il sortit professeur d’anglais en 1928.

Après son service militaire (novembre 1928-novembre 1929), il fut nommé professeur d’anglais à l’école pratique de commerce et d’industrie de Moulins. Inscrit à la Faculté des Lettres de Clermont-Ferrand, il obtint un diplôme d’études supérieures en 1932. Il enseigna ensuite jusqu’à la guerre à l’école pratique jumelée à l’école primaire supérieure de Nogent-sur-Marne (Seine, Val-de-Marne). Il épousa en 1929, à Londres, Mary Davies, institutrice de maternelle en Angleterre qui devint professeur d’anglais. Le couple eut deux filles.

En 1939, mobilisé en tant qu’infirmier à Plombières (Vosges), Joseph Cartailler fut évacué vers le sud au moment de la débâcle, et reprit son poste à Nogent-sur-Marne en octobre 1940. Il rejoignit très tôt la Résistance. Il participa, dès 1941, à la reconstitution du Syndicat national de l’enseignement technique dans la clandestinité, qui regroupait désormais les centres d’apprentissage aux côtés des écoles techniques. En 1943, avec un noyau de camarades, il remit en place des sections dans les établissements et fit paraître une publication, Le Travailleur libre de l’enseignement technique. Membre du bureau clandestin du syndicat, il en assura seul la responsabilité après le passage de René Girard dans la clandestinité. Il participa à toutes les initiatives qui regroupaient les représentants des organisations syndicales clandestines d’enseignants et de fonctionnaires. Il prit part également à l’organisation de la lutte armée pour la libération de la capitale. Il fut ainsi de ceux qui préparèrent l’occupation du ministère de l’Éducation nationale, que son groupe de FFI, dont il était capitaine, occupa et défendit durant plusieurs jours avant d’y installer Henri Wallon, premier secrétaire général du ministère à la Libération. Ces actions lui valurent la médaille de la Résistance.
En 1943, Joseph Cartailler adhéra au Parti communiste et en demeura membre jusqu’à son décès.

À l’issue de la première assemblée générale du SNET, le 30 septembre 1944, il fut nommé secrétaire général provisoire, poste qu’il occupa jusqu’au retour de captivité du secrétaire général de l’avant-guerre, Philippe Rabier. Jusqu’en septembre 1945, il s’occupa de redonner vie au syndicat, par exemple en lui trouvant un siège rue de Solférino. Détaché entre 1945 et 1947 au Conseil supérieur d’enquête, il fut membre de la commission d’épuration de l’Éducation nationale. Au retour de Rabier, il occupa la charge de secrétaire général adjoint, avec en particulier la responsabilité des relations avec les autres organisations syndicales, la charge des affaires internationales et la responsabilité provisoire de la section D (orientation professionnelle). Il fut également un des ardents défenseurs de la création d’un grand syndicat du second degré regroupant le classique, le moderne et le technique. Mais cette opération fut un échec. Il représenta le SNET au comité central de la grève des fonctionnaires à la fin de 1947.

Délégué du SNET au comité consultatif pour les collèges techniques en 1945, Joseph Cartailler siégea, à partir de 1946, au Conseil de l’enseignement technique au titre des professeurs des collèges techniques, des sections techniques des collèges modernes, des écoles de métiers et des sections professionnelles des cours complémentaires de garçons, élu dans la section des enseignements littéraires par 320 voix sur 332 votants. Il y demeura jusqu’en 1958, année où il fut candidat suppléant au Conseil au titre des directeurs des cours professionnels de garçons.
En 1947, lors d’une mission aux États-Unis, il prononça des conférences sur le rôle de l’enseignement technique et eut de nombreux contacts avec les établissements techniques américains. À partir d’octobre 1947, il devint directeur du collège technique, futur lycée Paul Doumer, du Perreux, poste qu’il occupa jusqu’à son décès.

Dans le SNET, il fut un des signataires de la motion unanime de la CA pour le maintien de l’unité en 1948 et de la lettre des militants de la liste « cégétiste » à la suite de la fin des congrès régionaux de 1948, intitulée « Pour l’unité du SNET », indiquant qu’il y avait autant de voix pour le maintien dans la CGT que pour l’autonomie. Par la suite, il défendit les positions cégétistes, puis, dans l’autonomie, les positions « Unité et Action », enfin celles du courant « Union pour une action syndicale efficace ». Au titre de ces courants de pensée, il fut membre de la commission administrative nationale et du bureau national de 1947 à 1962. En 1950, il fut chargé des affaires internationales, des cours professionnels et de la promotion du travail, et, à partir de 1952, reçut la charge des cours professionnels, à laquelle s’ajouta, en 1956, la promotion du travail.

À partir de 1958, il fut le responsable des directeurs, alors syndiqués au SNET. Toutefois, il quitta le bureau national le 17 septembre 1962 à la suite de l’adhésion des directeurs des études des établissements techniques au nouveau Syndicat national des personnels de direction des lycées de la FEN. Il avait été élu titulaire à la commission administrative paritaire nationale des directeurs certifiés et assimilés, le 23 février 1960.

Joseph Cartailler quitta le SNET en 1963 pour rejoindre le SNPDL devenu en 1969 Syndicat national des personnels de direction de l’enseignement secondaire dont il devint un des responsables. En 1968, il fut élu représentant du personnel à la commission consultative des chefs d’établissements. En 1971, il était le secrétaire général adjoint du SNPDES, chargé des directeurs de lycées techniques.

Selon l’article du Réveil du Val-de-Marne (9 décembre 1971), Joseph Cartailler avait pratiqué l’escrime et avait été champion de France universitaire de water-polo.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article18833, notice CARTAILLER Joseph. Pseudonyme : POIRIER Daniel, dit Jo. par Pierre Petremann, Julien Veyret, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 20 avril 2022.

Par Pierre Petremann, Julien Veyret

SOURCES : Arch. Nat., F17/30245, AJ/16/8932. — Arch. PPo, GA, A5, 702270 (dossier Astre). — Arch. IRHSES, fonds Rabier, témoignage écrit Girard. — Le Travailleur de l’enseignement technique,’Bulletins du SNPDL et du SNPDES. — Témoignages et informations transmises par ses filles. — Notes d’Alain Dalançon, de Jacques Girault et de François Lonchampt.

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