SCHWEITZER Charles, Vincent [nom d’emprunt BIRAUD Charles]

Par Michel Gorand, Michel Thébault

Né le 23 janvier 1922 à Escherange (Moselle), mort en action le 10 juillet 1944 à Ciron (Indre) ; cheminot ; résistant AS de la Vienne, maquis Baptiste.

Charles Schweitzer
Charles Schweitzer
coll. Ascomémo-Hagondange

Charles Schweitzer était le fils de Vincent Schweitzer (né le 29 avril 1891 à Escherange) et de Marie Cherron, veuve Grün (née le 11 novembre 1885 à Angevillers, Moselle). Charles était leur fils unique. En 1939 la famille demeurait à Escherange ; Vincent Schweitzer était mineur à Volmerange-les-Mines au nord d’Escherange à la frontière luxembourgeoise et Charles Schweitzer était à 17 ans, ouvrier manœuvre dans l’entreprise Coutier-Cutier à Escherange.

Escherange fit en septembre 1939 partie des communes de Moselle, situées en « zone rouge » (en avant de la ligne Maginot) évacuées selon un plan prévu à l’avance, lors de la déclaration de guerre. Le vendredi 1er septembre 1939, le préfet fit parvenir aux mairies de la "zone rouge" l’ordre d’évacuation, exécutoire le jour même et le lendemain. Transportés pour la plupart par train jusque dans le département de la Vienne selon un plan préparé de longue date, les réfugiés furent répartis dans différentes communes. La famille Schweitzer fut accueillie à Marigny-Brizay (Vienne) entre Poitiers et Châtellerault. Charles Schweitzer trouva un emploi d’aide-charpentier en fer dans la « société des ateliers de constructions métalliques Jean Nicou et Cie », rue du Moulin à Jaunay-Clan, une commune limitrophe de Marigny-Brizay.
A l’automne 1940, la plus grande partie de la population déplacée regagna la Moselle, par choix mais aussi parce que le rapatriement des réfugiés Mosellans revêtait pour l’occupant allemand une grande importance idéologique et économique. Il semble que la famille Schweitzer regagna alors la Moselle car leurs allocations de réfugiés s’arrêtent en octobre 1940 (AD 86 op. cit.). Charles Schweitzer entra alors à la SNCF, employé comme auxiliaire au Service de la Voie et des Bâtiments à Algrange (Moselle). Selon le Mémorial des cheminots (op. cit.) : « au moment des combats de la Libération, il a fui la zone annexée pour combattre avec les FFI de l’Indre ». On peut aussi formuler l’hypothèse que Charles Schweitzer au vu de sa classe d’âge, fut après son retour en Moselle menacé par les réquisitions de main d’œuvre allemande (Reichsarbeitsdienst - RAD) et par la mobilisation dans l’armée allemande. Il revint se réfugier sous une fausse identité, Charles Biraud, à Marigny-Brizay où il avait vraisemblablement gardé des contacts. Il s’engagea dans la Résistance au sein du maquis AS « Baptiste », appartenant au groupement Gilles (commandant Ferron). Début juin 1944 le groupe Baptiste s’installa dans une zone boisée en bordure de la route départementale 54 allant de Chauvigny à Leignes-sur-Fontaine (Vienne) à quelques kilomètres du département de l’Indre.

Début juillet, le groupe décrocha dans l’Indre avec celui du commandant Gilles afin d’échapper à une attaque allemande menaçante et s’installa à la ferme des Descends, commune de Ciron (Indre). Le 10 juillet 1944 une colonne allemande quitta son cantonnement au nord de Poitiers et se dirigea vers Le Blanc (Indre) pour attaquer les maquis de la Vienne qui s’étaient réfugiés dans ce secteur de l’Indre. Au Blanc la colonne allemande, accompagnée par des miliciens se divisa en trois groupes et le combat contre les maquis dura toute la journée. L’attaque de la ferme des Descends s’acheva, en raison de l’impréparation du maquis et de la supériorité militaire allemande, par un massacre dont Charles Schweitzer fut l’une des victimes. Selon la déclaration du 11 juillet de Paul Bérode, médecin à Bélâbre (Indre) : « Soldat des Forces françaises de l’intérieur (FFI) il fut tué au combat le 10 juillet 1944 vers 8 heures, lors de l’attaque des soldats allemands en nombre supérieur, au lieu-dit des Descends, commune de Ciron ». Par jugement du tribunal civil du Blanc (Indre), « un jeune homme connu sous le nom de Charles Biraud, tué le 10 juillet 1944 aux Descends sur la commune de Ciron au cours d’un combat contre les Allemands a été inhumé à Belâbre puis exhumé le 3 octobre 1944 par reconnaissance comme étant Charles Schweitzer et inhumé dans le cimetière de Marigny-Brizay (Vienne) ».

Il obtint la mention mort pour la France (transcrit à Ciron le 19 avril 1946) et fut homologué FFI. Son nom figure sur le mémorial du 10 juillet 1944 aux Descends ; sa mémoire est rappelée par la SNCF dans la gare d’Hayange (Moselle) et son nom est inscrit sur les monuments aux morts de Marigny-Brizay et de Chauvigny (Vienne) ainsi que sur une plaque commémorative en mairie dédiée « aux Victimes des Guerres - Tous conflits, autres que 1914-1918 ».



Bélâbre, Ciron, Lignac (10 juillet 1944)

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article188389, notice SCHWEITZER Charles, Vincent [nom d'emprunt BIRAUD Charles] par Michel Gorand, Michel Thébault, version mise en ligne le 6 janvier 2017, dernière modification le 7 janvier 2022.

Par Michel Gorand, Michel Thébault

Charles Schweitzer
Charles Schweitzer
coll. Ascomémo-Hagondange

SOURCES : Arch. Dép. Vienne, dossier 22 W 65 (allocations aux réfugiés), dépouillement des archives et notes Loïc Richard. — Thomas Fontaine (sous la dir.), Cheminots victimes de la répression 1940-1944, Paris, Perrin/SNCF, 2017, p.1586 — Mémoire des Hommes — Mémorial genweb. — État civil, acte n°7- 1946 du registre des décès de Ciron et n° 59-1944 (inconnu présumé Biraud) du registre des décès de Bélâbre.

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