BARACSKI ou BARACSKA Ladislas [alias FLEURY Jean-Claude. Pseudonyme André]

Par Daniel Grason

Né le 25 octobre 1909 à Felsogela (Hongrie), houilleur ; communiste ; membre des FTP-MOI ; déporté.

Ladislas Baracski vint en France en 1923, il habita à Méricourt et à Noyelles-sous-Lens (Pas-de-Calais), exerça principalement le métier de houilleur. Il adhéra aux Jeunesses communistes de France. En 1941, il fut contacté par François Martinowski, celui-ci le sollicita pour reprendre de l’activité au sein du Parti communiste clandestin. Il accepta, distribua des tracts de l’organisation. Son militantisme ne passa pas inaperçu, le juge d’instruction de Saint-Pol délivra le 30 octobre 1941 un mandat d’arrêt, Baracski était « Inculpé de coups et blessures à a agent de la force publique dans et à l’occasion de l’exercice de ses fonctions, avec l’intention de donner la mort ». Le 31 octobre le juge d’instruction de Béthune l’inculpa « de propagande communiste ».
Repéré du fait de son activité, avec François Martinowski il partit début novembre 1941 à bicyclette vers la région parisienne, sur la route, ils furent interpellés par deux gendarmes. Ces derniers demandèrent à Baracski et Martinowski leurs papiers. François Martinowski tendit sa carte d’identité et tira avec son revolver à bout portant sur un gendarme qui s’écroula, et mourut. Ladislas Baracski s’enfuyait, rejoint quelques temps plus tard par Martinowski. Tous les deux restèrent une quinzaine de jours dans les bois, puis ils se séparèrent. Le quotidien collaborationniste Le Matin publia le 6 novembre 1941 un « AVIS Un gendarme tué par un trafiquant, Martinowshé [Martinowski] François et Baracski Sadilas [Ladislas], à Noyelles ». Tous les deux agressèrent un garde champêtre le 11 décembre 1941 à Noyelles.
Un télégramme de recherche a été diffusé par la Direction générale de la police nationale en territoires occupés à Paris : « Baracski Ladislas né le 25 octobre 1919 Felsogella Hongrie domicilié dernier lieu 36 rue des Courrières à Méricourt sous Lens Pas de Calais signalement 1m60. Figure allongé et osseuse teint pâle coiffé béret basque couleur noire veste grise pantalon foncé louche œil gauche ». Martinowski faisait aussi l’objet d’un télégramme de recherche. Le 26 décembre 1941 un juge d’instruction de Béthune inculpa Baracski « de tentative d’assassinat », le 25 juillet 1942 un juge d’instruction d’Avesnes délivra une inculpation pour « Tentative de meurtre, vols, complicité, propagande communiste ».
Le contact rétabli avec la Parti communiste, Ladislas Baracski était envoyé à Longwy (Meurthe-et-Moselle), il effectua avec des militants quelques distributions de tracts. Il fit connaissance au printemps 1942 de Lucienne Durci, une jeune femme de vingt-cinq ans de nationalité italienne, un enfant naquit. Ils quittèrent la région pour la banlieue de Maubeuge puis à Marquette (Nord). Fin septembre, début octobre, il rencontra un militant à Douai, le couple fut envoyé à Paris. Baracski eut un rendez-vous au métro « Rue de La Pompe » dans le XVIe arrondissement. Un militant lui remettait une fausse carte d’identité au nom de « Jean-Claude Fleury », sa compagne s’appellerait désormais « Jacqueline Boulanger ». À la suite d’une série de chutes de FTP dans le département du Nord, le commissaire central du commissariat central de Lille rédigea le 10 novembre 1942 un rapport dactylographié de quatorze pages dans lequel il citait Ladislas Baracski comme l’un des chefs de groupe des FTP, matricule 1726.
Ladislas Baracski commissaire politique du détachement roumain tchèque aurait été chargé de remettre aux FTP-MOI les tickets d’alimentation et la solde mensuelle aux combattants. Son activité à Paris fut de courte durée. Trois inspecteurs de la BS2 interpellèrent le 8 décembre 1942 Ladislas Baracski et Lucienne Durci sous leurs fausses identités de Jean-Claude Fleury et Jacqueline Boulanger à leur domicile du 319 rue de Belleville (XIXe arr.).
Lors de la perquisition des carnets de notes étaient saisis, figurait le nom de Jean Sauber 83 rue du Faubourg Saint-Denis à Paris (Xe arr.), ainsi que les indications pour l’établissement d’une carte d’identité au nom de Karel Matuch, en fait Karel Stefka, membre du premier triangle de direction des FTP-MOI de la région parisienne.
Interrogé dans les locaux des Brigades spéciales, Baracski affirma « Je n’ai jamais commis d’attentat, ni dans le Nord, ni à Paris.
J’’ai simplement assisté au meurtre du gendarme et j’affirme ne pas avoir tiré.
Je n’ai jamais eu ni arme ni explosif en ma possession ».
Il disculpa son amie Lucienne Durci, elle « ne connait rien de mon activité illégale. Je lui avais dit que j’effectuais des corvées ».
Incarcéré à la prison de Fresnes, le 23 août 1943, deux wagons aux fenêtres grillagées avec quarante-trois résistants à l’intérieur étaient accrochés à un train à destination de l’Allemagne à destination de Sarrebruck. L’un des compagnons de Braracski était Joaquim Olaso-Piera, responsable technique des FTP-MOI parisiens de juin à décembre 1942. Après une halte au camp de Neue Bremm, où ils furent immatriculés. Tous furent classés Nacht und Nebel, « NN », ce qui signifiait condamnés à disparaître, et dirigés sur le camp de concentration de Mauthausen (Autriche). Ladislas Baracski a été affecté au Kommando de travail de Loibl Pass, où les détenus creusaient un tunnel entre l’Autriche et la Yougoslavie (Slovénie), puis ramené à Mauthausen. Des soldats de l’armée américaine commandée par le général Omar Bradley libéra le camp le 5 mai 1945, Ladislas Baracski matricule 34488 avait survécu aux épreuves.
Ladislas Barascki figura sur les procès-verbaux des commissions d’épuration de la police sous sa fausse identité de Jean-Claude Fleury. Les rapports du 3 août 1945 et du 1er septembre 1945 qui concernaient deux inspecteurs de la BS2, il a été écrit, Jean-Claude Fleury « n’a pas été revu depuis son arrestation, n’a pu être consulté.
Il a été vainement recherché. Aucun membre de sa famille n’a pu être découvert ».
Ladislas Baracski orthographié Baracska Ladislas a été homologué F.F.I.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article188428, notice BARACSKI ou BARACSKA Ladislas [alias FLEURY Jean-Claude. Pseudonyme André] par Daniel Grason, version mise en ligne le 7 janvier 2017, dernière modification le 7 janvier 2017.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo. GB 112 BS2 carton 20, KB 90, 77W 116 (dossier Marceline Gruwier), 77W 3118. – Bureau Résistance GR 16 P 30812. – Le Matin du 6 novembre 1941. – Jean-Marie Fossier, Zone interdite, Éd. Sociales, 1977. – Livre-Mémorial, FMD, Éd. Tirésias, 2004.

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