FAGNART Paul, Aimé, Adhémar

Par Daniel Grason

Né le 19 janvier 1895 à Aht en Wallonie (Belgique), mort le 2 janvier 1944 à Buchenwald (Allemagne) ; directeur commercial, chef comptable ; résistant ; déporté.

Paul Fagnart
Paul Fagnart

Fils d’Adelson et de Joséphine, Zoé, née Escaisez, de nationalité belge, Paul Fagnart épousa Lucie Wiedeman, le couple eut en 1920 un enfant, le couple habitait Bruxelles. Divorcé, il vint en France le 12 octobre 1921, il exerça la profession de directeur commercial, puis de chef comptable. En 1942, au chômage, il vivait 7 rue de Musset à Paris (XVIe arr.). Il était titulaire d’une carte de travailleur industriel valable jusqu’au 31 décembre 1942.
Le 11 décembre 1942, alors qu’il se présentait chez le docteur Léon Greif au 68 boulevard Saint-Marcel à Paris, (XIIIe arr.), deux inspecteurs de la BS2 l’interpellèrent. Fouillé, il portait sur lui : deux carnets annotés et deux fiches portant des adresses. La perquisition de son domicile fut infructueuse.
Emmené dans les locaux des Brigades spéciales à la Préfecture de police, il a été interrogé. Le docteur Léon Greif, médecin des FTP-MOI ayant disparu de son domicile depuis le 2 décembre 1942, Paul Fagnart était sommé de s’expliquer. Il déclara qu’il connaissait le médecin depuis 1932 : « Nous nous retrouvions une fois par semaine à la piscine rue de Pontoise » près de la maison de la Mutualité à Paris (Ve arr.). Il expliqua que Léon Greif était devenu son docteur attitré en décembre 1941 ou janvier 1942 « Lorsque je suis tombé malade, il m’a fait obtenir un régime de suralimentation ».
Le 6 novembre 1939 la police judiciaire avait perquisitionné des locaux au 6 rue de l’Abbaye (VIe arr.), les fichiers des abonnés de la publication le Nouvel Age, puis La Feuille ronéotée envoyée sous pli fermé, des libelles de Georges Valois avait été saisis, Paul Fagnart y figurait. Georges Valois (Alfred Georges Cressent) créa le Faisceau d’obédience fasciste en 1925. Les policiers voulaient faire avouer à Paul Fagnart qu’il était ou avait été membre du Parti communiste.
Fut-il tabassé ? Paul Fagnart répondit : « J’ai appartenu en 1936 aux J.E.U.N.E.S. et au droit au travail. Je n’ai jamais eu de tendances communistes. Jamais le docteur Greif ne m’a sollicité dans une quelconque organisation. J’ignorais ses opinions ». Jeunes équipes unies pour une nouvelle économie sociale (J.E.U.N.E.S.) avait été l’une des 99 organisations adhérentes au Rassemblement populaire. Ce vaste mouvement permit la victoire du Front populaire en juin 1936.
Ce qui avait été saisi sur Fagnart était maigre, quelques adresses sur deux cartons et deux carnets avec des annotations et une carte d’alimentation. Cette dernière appartenait à sa voisine pour laquelle il effectuait des courses, quant au contenu des carnets, il concernait son activité commerciale passée.
Incarcéré à Fresnes, Paul Fagnart au départ de Compiègne le 17 septembre 1943 à destination de Buchenwald (Allemagne). Neuf cents quatre-vingt-treize hommes s’entassaient dans les wagons, soixante-trois moururent pendant le transport par asphyxie, ils seront incinérés sans avoir été identifiés le 18 septembre 1943, seuls quatre victimes sur soixante-trois le seront grâce aux témoignages des familles reçus par la Fondation pour la mémoire de la déportation.
Paul Fagnart matricule 2161 mourut le 2 janvier 1944. Il a été homologué au titre de la Résistance intérieure française (R.I.F.).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article188491, notice FAGNART Paul, Aimé, Adhémar par Daniel Grason , version mise en ligne le 10 janvier 2017, dernière modification le 30 mai 2019.

Par Daniel Grason

Paul Fagnart
Paul Fagnart

SOURCES : Arch. PPo. GB 112 BS2, (transmis par Gérard Larue BS2 carton 20). – Bureau Résistance GR 16 P 214583. – Simon Epstein, Un paradoxe français. Antiracistes dans la Collaboration, antisémites dans la Résistance, Albin Michel, 2011. – Livre-Mémorial, FMD, Éd. Tirésias, 2004.

PHOTOGRAPHIE : Arch. PPo. GB 177

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