COLLIOT André, Raymond Henri

Par Pierre Alanche

Né le 20 avril 1925 et mort le 21 octobre 2002 à Montgeron (Essonne) ; dessinateur industriel ; militant JOC et ACO ; militant CFTC puis CFDT ; administrateur de caisse de retraite.

André Colliot à sa planche à dessin

André Colliot était le fils unique de Joseph Colliot, terrassier, et d’Hélène Maisonnaive, couturière, tous deux catholiques non pratiquants et sans engagement militant. Il alla à l’école Saint-Augustin à Montgeron (Seine-et-Oise) avant d’entrer à l’école de formation professionnelle Dorian à Paris (XIe arr.), où il obtint le CAP de dessinateur industriel mécanique en 1946.

Il entra alors chez Renault, à Boulogne-Billancourt (Seine), dans le bureau d’étude « outillage » du département machines-outils. Il fut embauché comme dessinateur par Pierre Bézier, le père des machines-transferts et de la conception assistée par ordinateurs. Il y resta jusqu’en 1964, ayant franchi les différents échelons de classification de la convention collective, jusqu’à celui de projeteur.

Militant à la JOC, il fit partie d’une équipe d’action au travail et adhéra à la CFTC dès son arrivée dans l’entreprise. Il fut membre du Comite central de la grève déclenchée en avril 1947 ; en 1948, il fut élu délégué du personnel dans le collège employés. Il participa au premier « comité », présidé par Pierre Lefaucheux, président directeur général, qui préfigura la création des CE. Il fut membre du bureau de l’assemblée générale des syndiqués CFTC qui, sous la présidence d’André Gillot, secrétaire général de l’UPSM-CFTC, fonda le syndicat Renault des travailleurs de l’automobile à Billancourt le 27 juin 1953. Il fut élu ce jour-là au bureau du syndicat, puis en fut le secrétaire adjoint aux côtés d’André Soulat, de 1956 à 1957. Durant l’année 1954, il participa à l’élaboration du premier accord d’Entreprise Renault qui fut signé en 1955 et qui prévoyait, la troisième semaine de congés payés. André Soulat souligne, dans une interview de la revue RENAULT HISTOIRE, le rôle essentiel d’André Colliot dans la mise en place du régime de retraites complémentaires pour les ETAM et les ouvriers. Par la suite il fut membre de la commission paritaire d’élaboration de ce régime de retraite. En février 1956, il fut élu au conseil d’administration provisoire, mis en place à la création de la caisse de retraite, et en devint président. S’appuyant sur le résultat acquis chez Renault, il œuvra à l’élargissement du système de retraites complémentaires au niveau inter entreprises et interprofessionnel. Cette action déboucha sur la création de la CRI (Caisse de retraites interentreprises), en juillet 1956 (JO du 6 juillet 1956). Il en fut élu administrateur lors la première élection inter entreprises. En 1957, il fit un voyage d’étude de six semaines aux États-Unis où il assista au congrès de l’AFL-CIO à Atlantic City. Pour ce déplacement, la CFTC le désigna membre de la mission sur « L’évolution du travail et des qualifications professionnelles des travailleurs des industries des métaux ». Il eut le souci de faire la liaison entre son activité professionnelle, mettre à disposition de l’entreprise les moyens de production mécanique, et de l’action syndicale, comme faire face aux évolutions des conditions de travail qui en résultaient.

En 1964, il entra comme permanent fédéral (technico-politique) à la FGM. Son statut était particulier. Son embauche fit l’objet d’un accord entre la FGM, représentée par Louis Zilliox, alors trésorier fédéral, et la Confédération CFTC, daté du 30 septembre 1964. Il prit ses fonctions de « chargé de fonctions » au coefficient 475, classé cadre, le 7 septembre 1964. Il était en charge du problème des retraites, et plus largement des politiques de la vieillesse. Il s’occupa également de la presse fédérale (bulletin du militant et autres) et de l’information (mise en forme des publications et des tracts, etc.). Il organisa des débats et cessions de formation, notamment lors de la période de déconfessionnalisation, après avoir participé à la préparation du congrès de l’évolution CFTC en CFDT en 1964. À partir de la deuxième moitié de l’année 1968, suite aux événements, André fut affecté à des activés de la confédération. Il fut secrétaire de l’Union locale CFDT de Versailles de 1968 à la fin des années 70.

André quitta son emploi de permanent le 31 janvier 1970, il demanda sa réintégration chez Renault et se heurta à un refus. Il entra alors comme technicien au bureau d’étude de Jeager, une entreprise d’équipements pour l’industrie aéronautique et l’automobile mais, dès qu’il put, il représenta sa candidature chez Renault et fut réembauché en mai 1970, mais à un coefficient inférieur à celui qu’il avait au moment de son départ. Il intégra le service après-vente. Il mit en sommeil le militantisme au sein de l’entreprise, et se consacra à sa mission d’administrateur de l’ARRCO, qui avait été créée en 1961, quand les retraites complémentaires avaient été généralisées pour les ETAM. Il fut également assesseur salarié à la commission de première instance de la Sécurité sociale. Il prit sa retraite, sur proposition Renault, en 1983, à l’occasion du premier contrat solidarité.

Il fut membre de l’ACO à Versailles de 1958 jusqu’à son départ en retraite avec Jacques Chamouard*, Paul Scheiblin, Robert Lucente qui en faisaient partie tant qu’ils résidèrent dans cette ville.

À la retraite, il consacra son temps à la peinture, une passion qu’il partageait avec sa femme. Au fil des années ils passèrent de la peinture à l’huile au pastel, à l’aquarelle, au dessin à l’encre de chine, à la sanguine puis à la gravure taille douce, confectionnant leurs propres outils en transformant des couteaux de cuisine en couteau de peintre. André Colliot a peint de nombreux tableaux représentants le monde du travail dont les plus beaux périrent dans l’incendie du pavillon familial en 2012.

André Colliot avait épousé Mireille Pothlichet le 28 juin 1948 à Sèvres (Seine, Hauts-de-Seine). Il l’avait rencontrée à la régie Renault où elle assurait la prise de notes au cours des réunions de délégués du personnel. Ils eurent trois enfants, Marie-Thérèse en 1949, Jean-Paul en 1950, Claude en 1956. André Colliot avait fait don de son corps à la science.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article188544, notice COLLIOT André, Raymond Henri par Pierre Alanche, version mise en ligne le 11 janvier 2017, dernière modification le 11 janvier 2017.

Par Pierre Alanche

André Colliot à sa planche à dessin
André Colliot devant un des ses tableaux

SOURCES : Arch. CFDT Renault. — Arch. UPSM-CFDT. — Entretien avec Jean-Paul Colliot en 2013. — Entretien André Soulat en 2014. — N° hors série de la revue RENAULT HISTOIRE, mars 2003.

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