DUTHILLEUL Paul, Émile, Michel

Par Alain Dalançon

Né le 6 avril 1900 à Caen (Calvados), mort le 4 novembre 1976 à Mont-Saint-Aignan (Seine-Maritime) ; professeur agrégé de mathématiques ; militant syndicaliste du S3, du SNES (secrétaire du S2 de Caen et membre de la CE en 1945), puis du SNALC (vice-président [1947-1961], puis secrétaire général [1961-1969]) ; président de l’UPS en 1933-1934.

Son père, Désiré Duthilleul, possédait une droguerie prospère place des petites boucheries à Caen, sa mère, Marie-José Judice, était sans profession. Bachelier à 16 ans, Paul Duthilleul fut admis à l’École normale supérieure de la rue d’Ulm, section sciences, en 1918. À partir du 1er août, il effectua un stage de deux mois au 32e Régiment d’artillerie, puis passa à l’École polytechnique à compter du 15 octobre 1918. Il effectua un nouveau stage de 2 mois au 2e R.A. à partir du 22 octobre 1920 et fut promu sous-lieutenant de réserve le 29 octobre 1921 au 32e R.A., alors qu’il venait d’être reçu second à l’agrégation de mathématiques. Il fut affecté de 1921 au début de l’année 1923 à l’école d’artillerie de Fontainebleau, puis comme lieutenant au 15e R.A. de Douai (Nord).

Il entama en début d’année 1923, une carrière de professeur en lycée. Après un passage aux lycées de Chartres (Eure-et-Loir), d’Evreux (Eure), il enseigna au prytanée de La Flèche (Sarthe) en 1923-1924, et obtint ensuite, à la rentrée 1924, la chaire de mathématiques spéciales au lycée Corneille de Rouen (Seine-Inférieure, Seine-Maritime), qu’il conserva jusqu’à sa prise de retraite en 1962. Il épousa Simone Wargny à Douai le 18 juillet 1924, avec laquelle il eut deux enfants, dont un fils, Michel, né en 1932, devenu polytechnicien (promotion 1953).

Jeune professeur membre de la Société des agrégés et de l’Union des professeurs de spéciales, il assuma la présidence de l’UPS en 1933-1934 puis en fut vice-président de 1934 à 1940, André Pétrus étant président de 1934 à 1937. Comme ce dernier, il militait au Syndicat national des professeurs de lycée et du personnel de l’enseignement secondaire féminin (S3), était hostile à l’adhésion du syndicat à la Fédération générale de l’enseignement-CGT et entra au bureau du nouveau Syndicat national des lycées collèges et cours secondaires créé en 1937 à la suite du départ des « cégétistes » qui constituèrent le Syndicat du personnel de l’enseignement secondaire.

Paul Duthilleul était considéré par l’inspection comme un excellent professeur ; mais les proviseurs de son lycée estimaient que son attitude était souvent « insupportable » et « caustique ». Pour manifester son hostilité aux décrets lois de 1935, il n’hésitait pas à demander le rétablissement du taux des indemnités des professeurs de classe préparatoire dans sa fiche annuelle d’inspection, comme le revendiquait son syndicat. Ou bien il refusait de faire classe dans une salle non-chauffée en 1936, ce qu’il refit en 1945.

Mobilisé en 1939, il fut démobilisé au camp du Larzac (Aveyron) à la fin juillet 1940.

À la Libération, Paul Duthilleul fit partie des anciens dirigeants du SNLCC, comme Raoul Binon et Eugène Cossard, qui acceptèrent de participer à l’édification du Syndicat national de l’enseignement secondaire avec les anciens responsables du SPES. Il fut donc élu membre de sa commission exécutive lors du premier congrès de mars 1945 où il participa en tant que secrétaire de la section académique (S2) de Caen. Il intervint à plusieurs reprises à ce congrès pour défendre la neutralité de la laïcité et le refus de soumettre à la commission d’enquête tous les inspecteurs généraux. Au titre du SNES, il fut élu par les personnels en mars 1945 l’un des deux suppléants des professeurs de lycée de garçons à la Commission consultative nationale.

Au début de l’année 1946, il fut encore candidat à la CE nationale du SNES mais il démissionna de sa responsabilité de secrétaire de S2 avant la réunion du congrès académique le 29 février, et fut remplacé par la secrétaire adjointe, Mlle Colette Vattier.

Paul Duthilleul décida en effet de rejoindre ses anciens camarades du SNLCC qui, autour de Laurence Combal, tentaient de reconstituer l’ancien syndicat autonome. Il participa ainsi au premier congrès du Syndicat national autonome des lycées et collèges en mars 1947 et en devint vice-président jusqu’en 1961, tandis que son collègue Pierre Pétrus en était président de 1947 à 1952. Retraité, il en fut secrétaire général de 1961 à 1969. Il était aussi membre du comité de la Société des agrégés, de 1946 à 1950 et en 1954-1955.

Il fut fait chevalier de la Légion d’honneur en 1962.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article188624, notice DUTHILLEUL Paul, Émile, Michel par Alain Dalançon, version mise en ligne le 13 janvier 2017, dernière modification le 30 décembre 2018.

Par Alain Dalançon

SOURCES : Arch. Nat. F17/27963. — Arch. IRHSES (CA, congrès, L’Université syndicaliste). — Jean-Claude Vayssette, 1905-2005, le centième anniversaire du SNALC, section académique du SNALC de Versailles, 2005 (La Quinzaine Universitaire du 15 octobre 1923, de juin 1932, du 5 novembre 1976 ; bulletin de l’UPS). — Arch. Dép. Calvados (État civil en ligne de Caen, registres matricule 1920). — Notes de Jacques Girault.

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