PAMBOUTZOGLOU André

Par Alain Dalançon

Né le 20 juillet 1940 à La Vernarède (Gard) ; professeur de mathématiques ; militant syndicaliste du SNET puis du SNES, secrétaire adjoint du S3 de Limoges ; militant communiste, conseiller municipal de Brive-la-Gaillarde (Corrèze), adjoint aux sports ; conseiller régional du Limousin, vice-président chargé des infrastructures et des transports publics.

André Pamboutzoglou
André Pamboutzoglou
Manifestation du SNES à Paris 1979

Ses parents étaient des immigrés grecs d’Anatolie qui vinrent se réfugier en France à la suite de la victoire des Turcs contre les Grecs en 1922.

Son père, Démosthène Vanvakides, né à Valia (Asie Mineure) en 1903, avait connu plusieurs exodes. Tout d’abord à Salonique (Grèce) où il devint jeune marchand de citrons aux troupes françaises et bulgares, puis en Crète et enfin en France. Les autorités turques transformèrent son patronyme en Pamboutzoglou (signifiant fils de marchand de coton) qui figura désormais sur ses papiers. Il partit pour la France en 1922 et ne revit jamais sa famille : son père et son frère étaient morts au front, sa mère ne put le rejoindre en France, et il n’eut plus de nouvelles après 1939, si ce n’est une dernière lettre ayant mis huit ans pour lui parvenir en 1947. Arrivé en France à Marseille, il vint travailler comme ouvrier agricole chez un notaire de Collobrières (Var), puis rejoignit d’autres Grecs comme mineur de fond aux houillères des Cévennes dans le village champignon de La Vernarède. Il militait au syndicat des mineurs CGT et participa à la grande grève de 1947. Militant au Mouvement de la Paix, il fut traduit avec d’autres devant le tribunal pour « entrave à la circulation des trains » car il s’était couché sur la voie en gare de Chamborigaud (ligne Nimes-Paris) en avril 1956, pour empêcher le départ d’un train de rappelés pour la guerre d’Algérie. Président de la Société du Sou de l’École Laïque, il exerça plusieurs mandats de conseiller municipal. Retraité, il militait toujours à la CGT, et, la soixantaine bien passée, le compagnon de route rejoignit ses enfants au Parti communiste français. Bien que silicosé à 60%, il mourut à l’âge de 97 ans.

Sa mère, Crissoula Kyriazidis, née en 1911 à Makri (Asie Mineure, Fethije en Turquie), fréquenta l’école publique de La Vernarède. Sans profession, elle se dévoua entièrement et solidairement avec son mari pour assurer l’intégration et la réussite de leurs enfants et petits-enfants. Féministe, elle avait soif de culture, tout comme son mari, véritable autodidacte que Pierre Dumayet interviewa longuement dans le cadre de son émission « Lire c’est vivre » sur la lecture du roman de Zola, Germinal. Naturalisés Français en 1930, ses parents s’intégrèrent parfaitement dans la vie locale au point de ne pas apprendre le grec à leurs enfants.

André Pamboutzoglou était le second des trois fils de la famille, tous devenus enseignants : Georges étant né en 1930 et Raymond en 1944. Après l’école communale, boursier des Mines, il fut élève au cours complémentaire de La Vernarède (1950-1954) et, à l’issue de la classe de 3e spéciale, entra au lycée d’Alès (Gard) où il prépara en classe de seconde, malgré l’avis contraire de son professeur de mathématiques, le concours d’entrée à l’École normale d’instituteurs de Nîmes (Gard) qu’il réussit. Élève de la promotion 1956-1958, il obtint la première partie du baccalauréat puis alla à l’ENI de Montpellier (Hérault) où il obtint la seconde partie du baccalauréat « mathématiques élémentaires » et commença à préparer le concours d’entrée à l’École normale supérieure de Saint-Cloud. Ayant réussi le concours de l’IPES (Institut préparatoire aux enseignements de second degré) en 1960, il passa ensuite à la Faculté des Sciences de Montpellier où il termina sa licence de mathématiques en 1963.

Il épousa le 9 septembre 1961 à la Vernarède, Nadine Guin, secrétaire, qui milita comme lui au PCF. Il avait en effet adhéré à l’Union des étudiants communistes en 1959 avec son camarade de promotion Guy Hermier, puis au PCF en 1960. Le couple eut deux fils : Gil devenu pompier de Paris, responsable de la sécurité SNCF dans la nouvelle région Aquitaine, et Yan, devenu ingénieur territorial, directeur du syndicat DORSAL (service public du haut débit en Limousin). Après le décès de son frère aîné en 1961, le couple s’occupa également de l’éducation de ses trois enfants.

Réformé du service militaire en 1963 à la suite d’un accident sportif, André Pamboutzoglou fut reçu la même année à l’oral du CAPET (certificat d’aptitude au professorat de l’enseignement technique) de mathématiques, puis effectua son stage au Centre pédagogique régional d’Aix-Marseille et Montpellier en 1963-1964. Nommé professeur certifié au lycée technique Georges Cabanis de Brive-la-Gaillarde (Corrèze) à la rentrée 1964, il y fit toute sa carrière. Chargé de l’enseignement dans la section de brevet de technicien supérieur électronique dès sa création en 1965, il enseigna toujours en section BTS et terminale scientifique et termina sa carrière en 1998 au grade d’agrégé par promotion interne.

André Pamboutzoglou milita d’abord au Syndicat national de l’enseignement technique en étant secrétaire de la section (S1) de son lycée et travailla avec son collègue Georges Pée pour favoriser la fusion avec le Syndicat national de l’enseignement secondaire réalisée en 1966. Il continua d’être secrétaire du S1 du lycée du nouveau SNES (classique, moderne, technique) et s’occupa beaucoup de la revalorisation du corps des PTA (professeurs technique adjoints) et de leur insertion dans le corps des certifiés. Militant de la tendance « Unité et Action », il fut durant trois décennies un pilier de la direction du syndicat dans le département et l’académie. Membre du bureau de la section départementale (S2) et du bureau de la section académique (S3), Il fut secrétaire adjoint du S3 durant la totalité des mandats de René Debesson, de 1967 à 1980, et ensuite auprès de ses successeurs, Georges Dupuy puis Daniel Jamin, ses amis et camarades communistes. Il figura souvent durant toute cette période sur la liste UA aux élections à la CA nationale comme suppléant.

Il était aussi commissaire paritaire académique des certifiés. Le 25 octobre 1991, il comparut devant le tribunal de police de Brive pour « injures non publiques » qui auraient été tenues lors de la CAPA du 11 avril précédent, suite à une plainte de M. Caillot, principal d’un collège de Tulle. Ce dernier avait été informé par le recteur Lombois qui cherchait à s’en prendre aux militants du SNES. La défense d’André Pamboutzoglou fut assurée par les avocats du SNES, Roland et Frédéric Weyl ; la secrétaire générale, Monique Vuaillat, vint témoigner en sa faveur en posant la question de fond de la protection des élus du personnel dans l’exercice de leurs fonctions ; dans un communiqué commun SNES-SGEN-SNLC, les représentants des personnels lui exprimèrent également leur soutien ; de nombreux collègues se mirent en grève et plus de 300 vinrent au tribunal. Quelques jours plus tard, le ministre de l’Éducation nationale, Lionel Jospin, qui lui avait refusé la protection juridique, mit cependant fin aux fonctions du recteur et la plainte fut retirée.

Parallèlement, André Pamboutzoglou militait au Mouvement de la Paix et au PCF. Secrétaire de la cellule Langevin de son lycée (30 adhérents enseignants et étudiants), membre du bureau de la fédération communiste, il suivit en 1971 l’école centrale d’un mois. Il fut candidat de son parti à plusieurs élections départementales et nationales : cantonales en 1983 (20% des suffrages exprimés au 1er tour) et législatives dans la 2e circonscription de la Corrèze, en 1993, 1998 (11,5% des exprimés au 1er tour), et 2002 (5,71% des exprimés).

Élu conseiller régional de 1998 à 2004 sur des listes de gauche, il se retrouva aux côtés de son camarade René Debesson, à une époque où la région, véritable laboratoire de la « gauche plurielle », était la seule à être dirigée par une majorité de gauche sous la présidence du socialiste Robert Savy. Avec Jacques Jouve, ancien député communiste et vice-président « Alternative pour la Démocratie et le Socialisme » chargé des transports, il mena à bien la régionalisation et la modernisation du TER (Train express régional), ainsi que la signature du protocole TGV pendulaire, avec le ministre des Transports communiste, Jean-Claude Gayssot.

Lors de son second mandat, entre 2004 et 2010, il eut la responsabilité de 8e vice-président aux infrastructures et transports collectifs du Limousin. Il plaida pour le désenclavement ferroviaire de la région, en défendant le projet POLT : « Il est urgent de nous doter du TGV pendulaire dans les meilleurs délais. […] Ce TGV est un projet innovant, un outil performant d’aménagement pour toute la ligne Nord-Sud. POLT est un avantage pour notre collectivité locale et un bel exemple de coopération inter­régionale et de décentralisation ». La bataille du rail était cependant loin de prendre fin en Limousin. Au Comité interministériel de l’aménagement et du développement du territoire du 18 décembre 2003, le Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, abandonna le TGV pendulaire au profit du seul projet de ligne à grande vitesse Poitiers-Limoges, faisant perdre 15 ans au désenclavement de la région et entrainant une très grande dégradation de la ligne Paris-Toulouse. André Pamboutzoglou mena alors la bataille pour sa modernisation dans le cadre de l’association « Urgence Ligne POLT » dont il est toujours membre actif de son CA en 2017, une lutte rassembleuse car elle ne met pas en opposition la LGV Poitiers-Limoges.

Il fut aussi conseiller municipal de Brive de 1983 à 1989, dans l’opposition sous l’ère Jean Charbonnel, où il présenta un projet de résidence universitaire, finalisé avec l’Université, le rectorat et le CROUS (Centre régional des œuvres universitaires), qui vit le jour. Il continua à siéger dans l’opposition au maire UMP Bernard Murat, durant deux mandats successifs en 1995-2001 et 2001-2008. Aux élections municipales de 2008, il fut élu sur la liste du socialiste Philippe Nauche, et, président du groupe des élus communistes et républicains, devint 3e adjoint aux sports et conseiller de l’agglomération jusqu’en 2014. De nombreuses et importantes infrastructures sportives furent alors réalisées (comme l’achat à la SNCF et la modernisation du Complexe sportif Gaëtan-Devaud, un gymnase, un centre aquatique, une tribune au stadium, une piste d’athlétisme, un terrain synthétique…) et de nouveaux rapports instaurés avec le milieu associatif dans le cadre d’un Office municipal du sport.

André Pamboutzoglou quitta le PCF en 2010, en raison de désaccords persistants avec la stratégie du parti, mais pas son idéal. Il rejoignit en 2015 le « Mouvement des progressistes » initié par Robert Hue dont il avait soutenu l’orientation lorsqu’il était secrétaire général du parti, et il se présenta sous cette étiquette, en tant que suppléant, aux élections cantonales de 2015 dans le canton Brive 4 (35% des exprimés au premier tour).

Il revint au conseil municipal et au conseil d’agglomération en janvier 2016, dans l’opposition au nouveau maire UMP, Fréderic Soulier, pour remplacer Philippe Nauche, en raison du cumul des mandats depuis l’élection de ce dernier à la région. En septembre 2016, il s’opposa à l’armement de la police municipale, alors qu’elle était déjà équipée de matraques et de pistolets à impulsion électrique taser dont il dit qu’elle ne se servait pas.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article188651, notice PAMBOUTZOGLOU André par Alain Dalançon, version mise en ligne le 14 janvier 2017, dernière modification le 2 février 2022.

Par Alain Dalançon

André Pamboutzoglou
André Pamboutzoglou
Manifestation du SNES à Paris 1979
Elu au Conseil régional
Rencontre avec Joseph Sanguedolce, 1978
Congrès du SNES de Limoges 1974 avec Robert Rolland

SOURCES : Arch. IRHSES (SNET, SNES, S3 de Limoges). — L’Université syndicaliste du 8/11/1991. — Presse du LimousinLa Montagne du 7/01/2016 et du 21/09/2016. — Renseignements fournis par l’intéressé.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable