CASIER Gustave

Par Yves Le Maner

Né le 5 juillet 1896 à Halluin (Nord), mort en novembre 1983 ; ouvrier tisserand, puis employé de coopérative ; militant syndicaliste CGTU et communiste du Nord, secrétaire de l’Union départementale des syndicats du Nord ; conseiller général.

Né dans une famille ouvrière, aîné de cinq enfants, Gustave Casier commença à travailler à l’âge de treize ans comme tisserand avec son père. Trop jeune pour être mobilisé en 1914, il fut réquisitionné comme travailleur forcé par les troupes allemandes et tenta à plusieurs reprises de s’évader des groupes de « brassards rouges ». Syndiqué depuis 1919, il adhéra à la CGTU dès la scission de 1922 et prit sa carte au Parti communiste en 1923. Dès le début de l’année 1924, il était désigné comme secrétaire permanent du rayon de Roubaix-Tourcoing et faisait partie avec Pierpont, G. Declercq et Bostoën, du groupe dirigeant du PC d’Halluin « la rouge ». Secrétaire de la cellule d’entreprise de l’usine Sion, il y créa un journal mensuel. Gustave Casier conserva la direction du rayon de Roubaix-Tourcoing jusqu’en 1925, date à laquelle cette organisation fut découpée en plusieurs rayons et sous-rayons ; il prit alors la direction du sous-rayon d’Halluin.

À la fin des années 1920, alors que le PC connaissait une sérieuse crise interne dans le Nord, il fut chargé d’orienter l’action de l’ensemble des organisations communistes de la région comprise entre Lille et la frontière belge. Secrétaire de la cellule locale de Comines-Wervicq, il conservait la direction du sous-rayon d’Halluin-Roncq-Comines qui regroupait en 1930 sept cellules aux effectifs squeletiques et dépendait du rayon de Roubaix-Tourcoing (voir Lefebvre Maurice*). Mais il concentra l’essentiel de son action sur le terrain syndical : secrétaire appointé de l’Union locale CGTU de Comines à partir de 1929 (il succédait à Destailleurs rendu responsable de l’échec de la grève du textile de sept mois en 1928-1929), il conserva ce poste jusqu’en 1934, date à laquelle il prit la direction de l’Union locale unitaire de Tourcoing. En 1931, il était devenu le quatrième co-secrétaire du syndicat régional unitaire du Textile qui était jusqu’alors dirigé par le « triumvirat » Zoé Svimon, Émile Bostoën et Claudius Perrier. En 1936, il était élu secrétaire de l’Union locale CGT réunifiée de Tourcoing et secrétaire du syndicat du Textile de cette même ville. Il assura ces fonctions jusqu’en 1939 et fut, pendant la même période, l’un des trois secrétaires de l’Union régionale du Textile du Nord.

Pendant l’entre-deux-guerres, Gustave Casier représenta le PC à de nombreuses élections : élu conseiller municipal d’Halluin en 1925, il échoua aux cantonales de 1934 dans le canton de Quesnoy-sur-Deule et aux législatives de 1936 dans la 9e circonscription de Lille (5 017 voix sur 30 538 inscrits et 27 382 votants), mais fut élu conseiller général du canton de Tourcoing Nord-Est en 1937. Membre du comité régional depuis 1924, il entra au bureau de la fédération communiste du Nord en 1936. Il assista à plusieurs congrès nationaux de la CGTU et du PC pendant l’entre-deux-guerres et notamment aux congrès de Paris (1932, VIIe du PCF), de Villeurbanne (janvier 1936, VIIIe congrès) et d’Arles (décembre 1937, IXe congrès).

Ecarté des directions syndicales par les « belinistes » dans le courant de l’année 1939, Gustave Casier fut déchu de ses mandats électifs en janvier 1940 pour avoir refusé de dénoncer le Pacte germano-soviétique. Entré aussitôt dans la clandestinité, il collabora avec Martha Desrumeaux, P. Merlen et L. Lallemand à la réorganisation du PC dans le Nord et se chargea plus particulièrement de l’édition des tracts et de la diffusion des journaux clandestins.

Début juin 1940, il fit avec Martha Desrumeaux une démarche auprès des Allemands pour la publication de L’Enchaîné, mais celle-ci n’aboutit pas et il semble que Casier, comme Martha Desrumeaux, aient été très réticents face aux consignes que leur avait données Maurice Tréand.

Arrêté par la police française le 9 septembre 1941, il fut interné à Douai-Cuincy, puis à Doullens (Somme) et enfin à Écrouves (Meurthe-et-Moselle). Il parvint à s’évader de ce camp le 16 octobre 1943 et revint dans le Nord où il fut l’adjoint de L. Lallemand, interrégional FTP jusqu’à la Libération. Gustave Casier siégea à nouveau au bureau de la fédération communiste du Nord (1945-1947) et fut, avec Martha Desrumeaux et Marcel Tourbier, l’un des secrétaires de l’UD-CGT du Nord de 1945 à 1948, le secrétaire général étant l’ex-confédéré G. Beyaert. Maire d’Halluin de 1945 à 1947, il ne parvint pas à reprendre son poste de conseiller général. Évincé de la direction de l’UD en 1948, il fut pendant quelques mois représentant en machines à écrire avant de devenir gérant de Liberté, le quotidien régional du PC dans le Nord ; il conserva ce poste jusqu’en 1967 et assura pendant la même période le service juridique du journal. Il vivait retiré à Roubaix en 1978.
Gustave Casier fut enterré à Roubaix le 19 novembre 1983.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article18889, notice CASIER Gustave par Yves Le Maner, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 23 mai 2015.

Par Yves Le Maner

SOURCES : Arch. Dép. Nord, M 37/90B. M 154/191, M 154/195e, M 154/200, M 595/35 et M 595/61. — J.-M. Fossier, Zone interdite, op. cit. — Entretien avec G. Casier en mai 1978. — RGASPI, Moscou, archives biographiques du Komintern, 495 270 1467.

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