PARIDAEN Joseph, Quintin [Dictionnaire des anarchistes]

Par Dominique Petit

Né le 13 juillet 1867 au Havre (Seine-Inférieure) ; mouleur ; militant anarchiste à Paris et au Havre (Seine-Inférieure) ; bagnard.

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Le 23 mars 1891, le procès aux assises de la Seine, des sept anarchistes de Saint-Denis ayant crié « Vive l’anarchie ! A bas la patrie ! », lors du tirage au sort, avait attiré aux abords du palais de justice, un grand nombre de compagnons, désireux de connaître le verdict.

La police qui les surveillait avait surpris deux d’entre eux alors qu’ils venaient d’apposer sur une colonne Morris du boulevard du Palais de justice, des placards intitulés : « Appel aux conscrits socialistes », dans lesquels les jeunes soldats étaient invités à se révolter contre leurs chefs qualifiés de « tyrans de la caserne ».
Arrêtés, ils furent conduits au commissariat. Il s’agissait de Paridaen, domicilié chez ses parents, cité Joly (Paris, XIe arr) et de Ernest Baër, 18 ans, sans profession demeurant 129 rue de Rennes. Paridaen avait blessé assez grièvement au visage l’agent du service des garnis qui l’avait arrêté.

Paridaen fut condamné plusieurs fois pour violence aux agents et à un magistrat.
Il quitta la région parisienne pour Le Havre, sans argent et dut demander un secours pour le trajet. Arrivé au Havre, il prit ses repas chez Lapointe père, un anarchiste.
Le 1er et le 2 décembre, deux vols eurent lieu : 20 francs d’un côté et 479 francs de l’autre. Une partie des objets volés furent retrouvée chez Louis Lapointe qui accusa Paridaen et Bisson d’avoir commis ces vols. Lapointe reconnut avoir reçu 20 francs et des cuillères de la part de Bisson.

Paridaen qui était sans argent en arrivant de Paris, acheta une voiture, une tente, des tréteaux et 70 francs de marchandise. Avec la fille Lapointe, ils se mirent à vendre des noix, des marrons et des oranges. Toutes ces frais attirèrent l’attention de la police.

Lapointe et Paridaen furent arrêtés, tout comme Lepiez poursuivi dans une autre affaire de placards anarchistes et qui avait donné au jour de l’an des objets volés aux enfants d’un ami.

Le 4 juillet 1892, Paridaen, fut extrait de la prison du Havre et transférés à Rouen pour passer en cours d’assises.

Le 26 juillet 1892, à l’audience, une compagnie du 24e de ligne occupait la Conciergerie ; 14 gendarmes étaient de service dans la salle et à la prison, enfin des agents de la sûreté occupaient des places dans l’auditoire.

On reprochait à Paridaen d’avoir commis un vol (des outils, une pendule, une carabine, des couverts et des vêtements) le 4 janvier 1892 chez M. Ernst au hameau de la Croix-Blanche à Bléville (Manche) et d’avoir commis au même lieu une tentative d’incendie. On lui reprochait également d’avoir recelé une partie des objets volés, dont la carabine.

Interrogé à l’audience par le président afin de savoir pourquoi il ne s’était pas défendu durant l’instruction, Paridaen déclarait : « Je trouve que l’autorité est un mot ! L’autorité est la gangrène de la société ; il faut s’en débarrasser, je considère même qu’il ne faut pas se servir de l’autorité pour se défendre, c’est un bon moyen de la supprimer... l’autorité, c’est un sentiment anti-naturel, c’est en son nom qu’on commet tous les crimes. »

Paridaen, Lapointe et Lepiez furent reconnus coupables du vol chez M. Ernst.
Paridaen et Lepiez étaient condamné à 10 ans de travaux forcés et Lapointe à 8 ans.
En entendant le verdict Paridaen s’écriait, en se tournant vers la Cour : « Vive l’anarchie ! ».

Dans la voiture cellulaire qui les ramenait à la prison Bonne-Nouvelle, les trois condamnés continuaient à crier à pleins poumons : « Vive l’anarchie ! ».
Cette affaire du Havre eut un rebondissement tragique à St Denis où Chapuillot et Meyruels assassinèrent Bisson, l’un des compagnons anarchiste du Havre, accusé d’avoir livré à la police, Lepiez, Lapointe et Paridaen.

Paridaen purgea sa peine au bagne de Guyane, sous le matricule 25767.
Au moment de la révolte des bagnards anarchistes les 22 et 23 octobre 1894 à l’Ile Saint-Joseph, il se trouvait sur l’Ile Royale mais n’échappa pas aux persécutions bien qu’il n’y ait pas participé.

Après le procès de cette affaire, Paridaen se retrouva dans la même case que les autres anarchistes sur l’Ile Saint-Joseph.

Atteint semble-t-il de dysenterie, en même temps que Lepiez, ils furent hospitalisés. Ce fut l’occasion pour eux d’y rencontrer Clément Duval. Paridaen fut vivement rétabli mais Lepiez, de constitution plus délicate ne put jamais guérir totalement.

Depuis son arrivée au bagne Paridaen avait encouru deux nouvelles condamnations : le tribunal lui infligea deux années supplémentaires, pour avoir refusé d’accomplir une tâche qu’on lui imposait et qu’il considérait comme attentatoire à sa dignité. A sa deuxième comparution, on prolongea sa peine de 3 ans, pour complicité d’une tentative d’évasion.

En mars 1897, en compagnie d’Hincelin et de Loiseau, il fut transféré au pénitencier de Saint-Laurent où il retrouva Liard-Courtois. Par la suite, il fut affecté à L’Ile Saint-Joseph.

Il se serait évadé du bagne en 1904.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article188955, notice PARIDAEN Joseph, Quintin [Dictionnaire des anarchistes] par Dominique Petit, version mise en ligne le 25 janvier 2017, dernière modification le 6 août 2021.

Par Dominique Petit

SOURCES : Arch. Dép. Seine-Maritime, Etat-civil 4 E 08812 — ANOM, COL H 3919/a matricule 25767 (son dossier indique qu’il serait né à Nancy le 15 décembre 1873, ce qui est peu vraisemblable). — Journal de Rouen 27 et 28 juillet 1892 — Courrier du Havre 26 et 27 juillet 1892 — Moi, Clément Duval présenté par Marianne Enckell Editions ouvrières 1991 p. 113 — Souvenirs du bagne par Auguste Liard-Courtois Les passés simples 2005 p. 173, 187, 292 — Notes Marianne Enckell — Dictionnaire international des militants anarchistes.

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