Saint-Avé (Morbihan), le polygone de tir et le bourg, 1944

Par Jean-Pierre Husson, Jocelyne Husson

Dans la clairière du polygone de tir
Dans la clairière du polygone de tir

Le mémorial des fusillés érigé à l’emplacement du polygone de tir
Le 11 mai 1945, six à sept cents personnes se sont rendues en cortège à Saint-Avé (Morbihan), jusqu’au polygone de tir situé près du hameau de Kermelin. Dès 1947, l’Amicale des FFI et des Combattants volontaires de la Résistance exprima le souhait qu’un monument y soit érigé pour honorer la mémoire des trente cinq patriotes qui ont été fusillés après avoir été condamnés à mort par le tribunal militaire allemand (FK 750) de Vannes ou qui ont été fusillés comme otages, ou encore exécutés sans jugement.

Le monument est constitué d’une aire en carré de 10 mètres de côté, délimitée par une chaîne, où se dresse une colonne en granit de 7 mètres de hauteur dédiée.
Une plaque commémorative porte l’inscription :
« Aux martyrs français fusillés en ce lieu par les Allemands 1941-1944 »

Selon les actes de décès dressés en mairie de Vannes et en mairie de Saint-Avé, les exécutions se sont déroulées jusqu’en avril 1944 « 2 place Nazareth à Vannes », et ce n’est qu’à partir de mai 1944 que des exécutions ont eu lieu sur le polygone de tir en Saint-Avé pour Louis Fablet le 26 mai 1944, Alban Bévan le 1er juin 1944, Amédée Audran, Michel Tanguy, François Tellier et André Vernon le 2 juillet 1944.
Le plus jeune, André Vernon, n’avait que 18 ans, le plus âgé, André Meunier, avait 37 ans.

Une plaque de marbre noir a été scellée en bas de cette colonne, sur laquelle sont inscrits par année d’exécution les noms de vingt-neuf patriotes qui ont pu être identifiés, avec l’initiale de leur prénom ainsi que l’indication de leur âge :

« Résistants fusillés en ce lieu

en 1941
- LARBOULETTE S., 21 ans (Stanislas, fusillé le 22 mai 1941 dans la prison de Vannes)

en 1942
- ANDRÉ M., 19 ans (Marcel, fusillé le 19 juin 1942 dans la prison de Vannes)
- CADORET P., 19 ans (Paul, fusillé le 17 mars 1942 dans la prison de Vannes)
- CONAN H., 30 ans (Henri, fusillé le 30 avril 1942 dans la prison de Vannes)
- COUËDO M., 24 ans (Marcel, fusillé le 19 juin 1942 dans la prison de Vannes)
- MARCA J., 22 ans (Jean, fusillé le 30 avril 1942 dans la prison de Vannes)
- MEUNIER A., 37 ans (André, fusillé le 14 mars 1942 dans la prison de Vannes)

en 1944
- AUDRAN A., 30 ans (Amédée, fusillé le 2 juillet 1944 au polygone de tir en Saint-Avé)
- BAUDET E., 24 ans (Émile, décédé dans la prison de Vannes le 28 juin 1944)
- BÉVAN A., 22 ans (Alban, fusillé le 1er juin 1944 au polygone de tir en Saint-Avé)
- BOUEDIC L., 21 ans (fusillé après condamnation à mort en 1944 ?)
- FABLET L., 34 ans (Louis, fusillé le 26 mai 1944 au polygone de tir en Saint-Avé)
- GAUMONT H., 22 ans, (en réalité GOUMON Henri, fusillé le 21 février 1944 dans la prison de Vannes)
- GOUGAUD J., 20 ans (Jean, fusillé le 15 juillet 1944 dans la prison de Vannes)
- GUILLEMOT R., 19 ans ( Raymond, exécuté le 25 février 1944 dans la prison de Vannes)
- JARNO J., 22 ans (Joseph, fusillé le 21 avril 1944 dans la prison de Vannes)
- LANQUETIL F., 27 ans (François, fusillé le 23 mars 1944 dans la prison de Vannes)
- LEBEL G., 21 ans (Gérard, fusillé le 21 février 1944 dans la prison de Vannes)
- LE BOUËDEC L., 24 ans (Louis, fusillé le 21 avril 1944 dans la prison de Vannes)
- LE BRIS A., 22 ans (Alphonse, fusillé le 21 avril 1944 dans la prison de Vannes)
- LE MOUËL J., 23 ans (Joseph, fusillé le 25 février 1944 dans la prison de Vannes)
- LUCAS R., 19 ans (Roger, fusillé le 21 février 1944 dans la prison de Vannes)
- MAHÉ J., 23 ans (Jean, fusillé le 25 février 1944 dans la prison de Vannes)
- MALARDÉ F., 21 ans (Ferdinand, fusillé le 25 février 1944 dans la prison de Vannes)
- PÉDRONO R., 25 ans (René, fusillé le 21 février 1944 dans la prison de Vannes)
- ROBIC J., 20 ans (Jean, fusillé le 25 février 1944 dans la prison de Vannes)
- TANGUY M., 18 ans (Michel, fusillé le 2 juillet 1944 au polygone de tir en Saint-Avé)
- TELLIER F., 23 ans (François, fusillé le 2 juillet 1944 au polygone de tir en Saint-Avé)
- VERNON A., 18 ans (André, fusillé le 2 juillet 1944 au polygone de tir en Saint-Avé) »
- INCONNU 1
- INCONNU 2
- INCONNU 3
- INCONNU 4
- INCONNU 5
- INCONNU 6

Émile BAUDET a été arrêté le 24 juin 1944, en même temps qu’Amédée AUDRAN et François TELLIER au cours d’une opération de ratissage opérée à la suite des combats du 18 juin à Saint-Marcel par une « unité de l’Est » formée de soldats géorgiens armés par la Wehrmacht. Emmené à La Nouette, brutalisé et torturé, il est mort le 28 juin 1944 à la prison de Vannes.
Raymond GUILLEMOT était le plus jeune des huit Francs-tireurs et partisans français (FTPF) appartenant au groupe Vaillant-Couturier, qui ont été arrêtés après dénonciation le 10 décembre 1943 sur ordre du capitaine de gendarmerie Gauffenic de Pontivy (Morbihan). Il faisait partie du groupe de cinq résistants condamnés à mort le 17 février 1944 par le tribunal militaire allemand de Vannes (FK750) pour « acte de franc-tireur ».

Le Cimetière
Ils sont tous les trois inhumés dans le cimetière de Saint-Avé avec Jean Langlo, déporté à Neuengamme, décédé à son retour de déportation le 22 juillet 1945 à Saint-Avé. Derrière leurs sépultures alignées les unes contre les autres au fond du cimetière dans l’axe central, se dressé une stèle de pierre sur laquelle est sculptée une Croix de Lorraine avec l’inscription :
- « CAUDAL Louis Fusillé
- GUYODO Joseph Fusillé
- LE BLANC Casimir Fusillé
- LANGLO Jean Déporté »

Le bourg
Le 5 août 1944, alors que les dernières unités de la Wehrmacht quittaient le bourg de Saint-Avé devant l’avance des troupes américaines et des Forces françaises de l’intérieur (FFI), trois habitants de Saint-Avé, Louis Caudal, Joseph Guyodo et Casimir Le Blanc, ont été abattus par des soldats allemands.
En août 2013, une rue et une stèle ont été inaugurées pour honorer leur mémoire :

« À la Mémoire de 3 AVÉENS
fusillés par les nazis
le 5 août 1944
- Louis CAUDAL
- Joseph GUYODO
- Casimir LE BLANC »

Le monument aux morts
Le nom de Joseph Guyodo figure sur la liste « 1939-1945 » du monument aux morts communal.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article189368, notice Saint-Avé (Morbihan), le polygone de tir et le bourg, 1944 par Jean-Pierre Husson, Jocelyne Husson, version mise en ligne le 6 février 2017, dernière modification le 23 septembre 2019.

Par Jean-Pierre Husson, Jocelyne Husson

Dans la clairière du polygone de tir
Dans la clairière du polygone de tir
Dans le cimetière de Saint-Avé
Dans le cimetière de Saint-Avé
Le mémorial des fusillés
Le mémorial des fusillés
Dans le bourg de Saint-Avé
Dans le bourg de Saint-Avé
SOURCE : Photos J-P. et J. Husson

SOURCES : Arch. Dép. Morbihan, 41 J 47 et 2 W 11308. — " Une rue 5-août-1944 en mémoire des trois civils tués ", Ouest-France, 28 septembre 2013. — Le Morbihan en guerre 1939-1945, Archives départementales du Morbihan, 2009. — René Le Guénic, Morbihan, Mémorial de la Résistance, Imprimerie Basse Bretagne, Quéven, 2013. — " Lieux mémoriels en Morbihan-Saint-Avé " et " Les fusillés du Polygone de Vannes 1941-1942-1944 ", dossiers en ligne sur le site Internet Les Amis de la Résistance du Morbihan, ANACR-56. — État civil, Saint-Avé (actes de décès).

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