KUBIN Laja, Rifka, Sofia [née LEWIN]

Par Daniel Grason

Née le 5 mai 1912 à Lodz (Pologne), morte en février 1943 à Auschwitz (Pologne) ; mécanicienne en confection ; résistante ; membre des FTP-MOI.

Fille de Moszek et de Chantal, née Geila, Laja Lewin entra illégalement en France le 2 août 1937. Elle avait quitté Lodz en raison des poursuites de la justice polonaise. Militante d’un syndicat d’ouvriers et ouvrières de tailleurs juifs non reconnu, elle décida de quitter son pays. Arrivée à Paris, grâce au soutien de la Ligue Française pour la Défense des Droits de l’Homme, elle obtint le 28 septembre 1937, un certificat attestant qu’elle était une « réfugiée politique ». Le 10 août 1938 elle fit l’objet d’un refus de séjour, elle était condamnée à un mois de prison pour infraction au Décret-Loi du 2 mai 1938. Mise en demeure de quitter la France, elle obtint un sursis et obtint un récépissé de carte d’identité renouvelable tous les trois mois. Elle épousa Kubin, sans enfant, le couple demeura 58 rue Crozatier à Paris (XIIe arr.), elle divorça, vécut en octobre 1942 dans un hôtel meublé 12 rue Pierre-Bayle dans le XXe arrondissement.
Le 24 décembre 1942 vers 16 heures 15, elle fut interpellée par des membres de la Brigade spéciale d’intervention (BSi) du XIVe arrondissement avec deux autres résistantes Hélène Kro et Hélène Igla. Dans le manchon en fourrure de Laja Kubin, les policiers trouvèrent un paquet qui dissimulait un engin explosif. Elle présenta des papiers d’identité au nom de Sophia Deloire, née Kubin le 5 mai 1912 à Bratislava (Tchécoslovaquie), elle affirma habiter 23 rue Raynald à Morsang-sur-Orge (Seine-et-Oise, Essonne). Elle portait sur elle un récépissé d’une demande de carte d’identité établie au nom d’Igla, et valable jusqu’au 10 janvier 1943, ainsi qu’un carnet de notes où étaient notés des rendez-vous et trois clés. Des gardiens de la paix en civil restés au métro Alésia interpellèrent Alfred Filatre demeurant 18 rue de l’Est à Paris (XXe arr.).
Lors de son interrogatoire dans les locaux des Brigades spéciales, elle fut sommée de s’expliquer sur la présence de l’engin explosif, elle assura que ce jour-même, alors qu’elle allait chercher du travail, elle avait rencontré dans le métro un homme qui lui avait proposé de porter un paquet contre rétribution. Tous les deux s’étaient rendus rue Réaumur, l’homme avait récupéré le paquet rue Dussoubs, il lui remit un billet de mille francs, elle lui rendit cinq cents francs. L’homme devait reprendre le paquet sur le quai du métro Alésia, ne le voyant pas, elle sortit et fut appréhendée par les policiers.
Frappée, elle déclara ne connaître ni Hélène Kro ni Hélène Igla. Or, sur le quai du métro Alésia, un policier avait vu les trois femmes converser. Quant à sa fausse pièce d’identité elle se l’était procuré pour échapper à la répression frappant les juifs. Sur les trois clés, elle fut en difficulté sur l’une d’elle « trouvée dans la rue Crozatier il y a environ trois mois ». Elle affirma n’être membre d’aucune organisation politique ni en Pologne ni en France.
Le Laboratoire municipal procéda à l’analyse de l’engin dissimulé dans le manchon de Laja Kubin. Le 29 décembre 1942, le directeur concluait dans son rapport : « Cet engin, mal constitué, ne parait pouvoir produire que de faibles effets ».

Livrée à la Police de sécurité et du service de renseignements de la SS (Sipo-SD), elle fut probablement torturée, puis internée, Laja Kubin était le 11 février 1943 dans le convoi n° 47 au départ de Drancy (Seine, Seine-Saint-Denis). Ce transport comptait 998 détenus, 802 furent gazés à l’arrivée, l’armée Soviétique libéra le camp le 27 juin 1945, 196 autres étaient morts, il ne restait que 10 survivants dont une femme.
Le nom de Laja Kubin a été gravé sur le mur des noms au Mémorial de la Shoah rue Geoffroy-l’Asnier à Paris (IVe arr.).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article189565, notice KUBIN Laja, Rifka, Sofia [née LEWIN] par Daniel Grason, version mise en ligne le 11 février 2017, dernière modification le 11 février 2017.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo. GB 112 BS2. – Site internet CDJC.

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