BADINOT-JUSSERAND Alphonse

Pendant 21 ans, Alphonse Badinot fut le représentant au Conseil municipal d’Issoudun des vignerons et du petit peuple ouvrier de Chinault, quartier populaire et vigneron des coteaux de la vallée de la Théols.
Fils de Louis Badinot (né vers 1845), cultivateur puis vigneron (en 1901), et de Clémentine Trumeau (née vers 1853), Alphonse Badinot (ouvrier agricole au recensement de 1901 et vigneron lors de son mariage en décembre 1901) vivait dans la maison familiale qui se trouvait juste à côté de celle de Paul Meunier, syndicaliste et conseiller municipal socialiste. La famille Badinot, en 1901, outre les parents et Alphonse (fils aîné de 27 ans), était composée d’Albert (24 ans et ouvrier mégissier chez Bigot), de Marie-Louise (17 ans et ouvrière-festonneuse chez Villet), ainsi que de trois plus jeunes encore à l’école : Louise 14 ans, Arthur 13 ans et Robert 4 ans. Famille ouvrière donc.
Alphonse Badinot se maria le 3 décembre 1901 avec Claire Jusserand, lingère de 28 ans et fille d’un laboureur (ouvrier agricole). En 1904, alors âgé de plus de 30 ans, Alphonse Jusserand pouvait songer à se placer dans la suite de l’histoire sociale et politique des vignerons « rouges », républicains socialistes. Aux élections municipales de mai 1904, Alphonse Jusserand fut élu conseiller municipal sur la liste du Parti Socialiste de France-Union Socialiste Révolutionnaire, liste conduite par le député guesdiste Jacques Dufour qui reprit alors la mairie aux socialistes autonomes. En 1906, Alphonse Jusserand rejoignit le Parti socialiste SFIO (dit parti socialiste unifié, PSU).
En 1908, la droite républicaine conservatrice gagna la majorité au sein du conseil municipal. Alphonse Badinot fut élu dans la minorité avec 7 autres socialistes unifiés. Le même cas de figure se reproduisit aux élections municipales de 1912. En 1919, Alphonse Badinot fut réélu au conseil municipal avec la totalité des 27 candidats de la liste PSU, liste qui redonnait ainsi la victoire à la gauche. Ce conseil municipal se divisa ensuite en trois tiers : socialiste, communiste et radical-socialiste. Quel fut alors l’engagement politique d’Alphonse Badinot ? Lors des élections suivantes en 1925, il figurait sur la liste socialiste dissidente du maire sortant Jamet qui fut réélu contre la liste officielle du PS-SFIO (le PCF avait décidé de ne pas présenter de candidats). La liste du maire sortant fut élue aux deux-tiers laissant le dernier tiers à la liste conservatrice. Alphonse Badinot fit partie des candidats non réélus. Il achevait ainsi 21 ans consécutifs au conseil municipal, évoluant du socialisme révolutionnaire en 1904 vers le radicalisme en 1925. Alphonse Badinot se déclarait toujours vigneron dans son village de Chinault devenu quartier d’Issoudun par le développement de l’urbanisation et de recul des vignes.
Parmi les syndiqués CGT des ouvriers des cuirs et peaux (dont la majorité fit le choix communiste suite au congrès de Tours), en 1920, se trouvaient plusieurs Badinot (Badinot Lucien domicilié à Chinault, Badinot Albert domicilié à Vouet, Badinot domicilié aux Bordes) sans qu’un lien familial puisse être établi avec Alphonse Badinot.