CATALA Jean, Joseph, François, Michel

Par André Balent, Jacques Girault

Né le 28 mars 1920 à Orléans (Loiret), mort le 26 octobre 1984 à Vernet-les-Bains (Pyrénées-Orientales) ; instituteur, puis professeur ; syndicaliste, dirigeant communiste dans les Pyrénées-Orientales, conseiller général du canton de Perpignan 1 (1979-1984).

Perpignan, manifestation départementale de la FEN
Perpignan, manifestation départementale de la FEN
Jean Catala (porte un trench coat clair) ; à sa gauche, Gilbert Soum (SNI, UID) ; à la gauche de Soum, Gérard Erb, (SNI, U&A) barbu
Clché recadré par André Balent

Le père de Jean Catala, André Joseph Catala, originaire d’Estagel (Pyrénées-Orientales), sous-lieutenant dans un régiment d’artillerie, mourut peu après sa naissance des suites de blessures de guerre. Orphelin, Jean Catala fut élevé par sa mère, Anna, Joséphine Poe, native des Pyrénées-Orientales, et chez ses oncles paternels, agriculteurs à Estagel. Sa famille paternelle était catholique et conservatrice, minoritaire dans un village largement déchristianisé, la patrie des Arago, où dominaient les idées « avancées » et où, depuis le début du XXe siècle, socialistes guesdistes, anarchistes puis communistes animaient la vie politique et sociale. Après avoir reçu une éducation religieuse, il conserva sa foi jusqu’à l’âge adulte.

Jean Catala fit ses études secondaires au Prytanée militaire de La Flèche. Titulaire du baccalauréat, il revint dans les Pyrénées-Orientales où il postula pour un poste d’instituteur auxiliaire. Nommé à Argelès-sur-Mer en 1941, il épousa religieusement Ginette, Louise, Antoinette Massegu en août 1941 à Collioure (Pyrénées-Orientales). Née en 1924 à Ferals-les-Corbières (Aude), fille d’un Catalan de Poblet (province de Tarragone, Espagne), venu s’installer en France en 1917, qui travailla en Lorraine puis dans l’Aude avant de s’établir à Collioure. Catholique, elle partagea les mêmes convictions que son mari. Elle était, alors que couple résidait à Pézilla-de-la-Rivière, une active militante de l’Union des femmes françaises. Plus tard, dans la seconde moitié des années 1960 et au début des années 1970, elle géra la Librairie franco-espagnole créée par la fédération du PCF à Perpignan. Ils divorcèrent en 1983. Elle mourut le 14 juillet 2005.

En 1942, Jean Catala, nommé instituteur à Dorres en Cerdagne montagneuse, y resta jusqu’après la fin de la guerre. La Résistance permit à plusieurs habitants de participer aux activités de réseaux qui assuraient le passage vers l’Espagne. On peut affirmer que Catala ne fut jamais lié (ou alors très occasionnellement) à ces activités impulsées principalement par le curé du village, l’abbé Jean Ginoux.

il fut ensuite nommé à Via (commune de Font-Romeu - Odeillo - Via) où il exerça jusqu’en 1952, année de sa mutation pour Pézilla-de-la Rivière, village maraîcher et viticole proche de Perpignan. Alors qu’il résidait en Cerdagne, il avait pu poursuivre des études supérieures à l’université de Toulouse et obtenir une licence de philosophie. Il devint professeur du second degré au milieu des années 1960. Résidant désormais à Perpignan, il exerça d’abord au lycée Déodat-de-Séverac à Céret puis au lycée technique Al Sol de Perpignan et termina sa carrière en 1975 au lycée François-Arago de Perpignan.

Membre du Syndicat national des instituteurs depuis 1944, Jean Catala devint membre du conseil syndical de la section départementale en 1957 et en était toujours membre en 1962.

Un an après son adhésion à Font-Romeu en novembre 1951, il devint secrétaire de la section communiste de Font-Romeu, puis, à partir de 1953, milita dans la cellule de Pézilla-la-Rivière. Adhérent depuis 1945, il entra au conseil départemental du Mouvement de la paix en 1952.

Membre du comité de la fédération communiste, Catala devint membre du bureau fédéral en 1953. Après avoir suivi les cours de l’école centrale pour les instituteurs communistes en 1953, il devint responsable du travail des instituteurs communistes et de la diffusion de L’École et la Nation. Il organisa deux journées d’études par trimestre pour les instituteurs communistes, initiative qui fut citée en exemple.

Devenu professeur, Jean Catala milita au Syndicat national de l’enseignement secondaire, devint secrétaire de la section (S1) du lycée Arago. En 1967, il succéda à André Boutonnet* comme secrétaire, puis secrétaire adjoint de la section départementale de la Fédération de l’Éducation nationale. Il faisait équipe avec Gérard Erb, instituteur puis professeur d’enseignement général de collège. Il conserva cette fonction jusqu’en 1970 quand la section de la FEN fut conquise, à la suite du SNI, par la tendance UID.

secrétaire d’une des sections communistes de Perpignan, Catala fut le responsable aux questions intellectuelles dans le bureau fédéral au début des années 1970. Il resta membre du bureau fédéral jusqu’en 1982, puis participa au comité fédéral jusqu’à son décès.

Aux élections municipales de Perpignan en 1977, candidat sur la liste d’union de la gauche (PCF, PS, PSU, MRG, gaullistes de gauche), conduite par René Argelliès, radical de gauche, il s’investit pleinement dans cette rude bataille où la gauche entreprit, vainement, de déloger l’ex-socialiste [Paul Alduy-<9829], maire depuis 1959. Le 13 mars, la liste d’Union de la gauche rassembla 36,51 % des voix contre 39, 04 % à « Horizon 85 » (coalition de droite) conduite par Paul Alduy, 21, 55 % à « Perpignan renouveau » conduite par Louis Camo (républicain indépendant) et 2,9 % à « Pouvoir aux travailleurs » (extrême gauche, LCR et indépendants, et catalanistes de gauche), conduite par Pierre-Yves Baron (catalaniste). Au deuxième tour, la liste de l’union de la gauche, seule en lice, obtint 45 % des suffrages exprimés.

Catala avait déjà été candidat aux élections au conseil général dans le canton de Millas, comprenant une de ses anciennes communes d’exercice Pézilla. Les 20 et 27 avril 1958, il affronta le vice-président du conseil général, maire de Corbère, le radical Sylvain Maillols qui l’emporta au second tour en dépit du désistement de François Beffara (socialiste SFIO) pour Catala. Le 7 mars 1976, il se plaça à nouveau en deuxième position, avec 3 014 voix (22,95 %), et fut battu au second tour, avec 46,17 %.

En 1979, Catala se présenta dans le canton de Perpignan I (Vernet) où, avec 2 676 voix puis 5 125 voix, il l’emporta. Il devint, à la suite de ce scrutin qui consacra un recul de la représentation communiste dans l’assemblée départementale, président du groupe communiste du conseil général. Il s’imposa rapidement comme élu de ce canton populaire du nord de Perpignan, au moment d’une grande lutte perdue des ouvriers de l’usine de poupées « Bella ». Il suivit également le dossier de l’usine textile « Punto Blanco »de Perpignan en passe d’être fermée. Excellent orateur, maîtrisant les divers dossiers (culture, viticulture, industrie et économie), il devint l’un des ténors du conseil général et, bien que dans l’opposition, sut se faire apprécier par les élus de la majorité départementale, présidée par Guy Malé*.

Dans les années 1970, partisan de l’« ouverture » du PCF et de l’eurocommunisme, Catala évolua progressivement de positions doctrinaires assez rigides vers un dialogue soutenu avec les autres forces de gauche et d’extrême-gauche. Son élection au conseil général accentua cette évolution vers plus d’ouverture et de dialogue.

À partir de la fin des années 1970, Catala s’engagea pour que son parti s’impliquât davantage dans la reconnaissance de la langue et la culture catalanes afin d’élargir ses « assises régionales ». Il travailla à la rédaction du manifeste de la fédération des Pyrénées-Orientales du PCF Pour la langue et la culture catalanes, une avancée pour la démocratie. Per a la llengua i la cultura catalanes, una avançada de la democràcia (Perpignan, 1978, 47 p.). Selon lui, ce texte, issu d’un compromis à l’intérieur du parti, n’allait pas assez loin mais représentait une avancée considérable. Cet aspect de son engagement fut reconnu lors de l’hommage qui lui rendit le PCF à l’occasion de ses obsèques.

Malade, Jean Catala finit sa vie à Vernet-les-Bains, villégiature ensoleillée, au pied du Canigou.

Jean Catala eut trois enfants : Jean-Michel, né en 1942, fut un moment dirigeant national du Mouvement de la jeunesse communiste et fut journaliste (il écrivit dans Clarté, L’Avant-garde, Révolution). Avocat, spécialiste de droit commercial et international. Domicilié à Paris (XIXe arrondissement) en 1984, il fut membre du comité central du PCF et prit par la suite ses distances avec le parti ; Georges, né en 1944 fit des études de Droit. Avocat pénaliste, il s’est établi à Toulouse ; Danielle, née en 1947, entreprit une carrière dans le théâtre. Elle s’installa à Perpignan puis à Toulouse.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article18973, notice CATALA Jean, Joseph, François, Michel par André Balent, Jacques Girault, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 15 août 2021.

Par André Balent, Jacques Girault

Perpignan, manifestation départementale de la FEN
Perpignan, manifestation départementale de la FEN
Jean Catala (porte un trench coat clair) ; à sa gauche, Gilbert Soum (SNI, UID) ; à la gauche de Soum, Gérard Erb, (SNI, U&A) barbu
Clché recadré par André Balent

SOURCES : Arch. comité national du PCF. — Arch. com. Perpignan. — L’Indépendant, quotidien, Perpignan. — Le Travailleur Catalan (Perpignan), années 1950-1984 et 2 novembre 1984, compte-rendu des obsèques. —Roger Bernis, Roussillon politique, du réséda à la rose, 1, Le temps de Quatrième, Toulouse, Privat, 1984, p. 88. — Louis Monich, Histoires rocambolesques de l’élection cantonale 1976 en Roussillon, Perpignan, Trabucaire, 1996, 191 p. — Louis Monich, Le coup d’État manqué à la mairie de Perpignan, juin 1981, Perpignan, Trabucaire, 1999, 189 p. — Sources orales. — Renseignements fournis par la famille de l’intéressé (conversations téléphoniques avec Georges Catala (19 juiin 2006) et Jean-Michel Catala (21 juin 2006).

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