MATHIS Pierre, Léon, François, Xavier

Par Annie Pennetier, Françoise Strauss

Né le 12 mars 1911 à Moyenmoutier (Vosges), exécuté sommairement le 9 septembre 1944 à Hennezel (Vosges) ; prêtre ; résistant maquisard FFI.

Pierre Mathis au stalag en 1940.

Fils de Séraphin Mathis, employé, et de Marie Augustine Roilot,tricoteuse, Pierre Mathis grandit dans la commune de Nomexy (Vosges). Il travailla en usine puis à l’âge de seize ans entra au grand séminaire. Il fut ordonné prêtre le 28 mars 1936. Nommé vicaire à Rambervillers, dévoué à la jeunesse, il organisa un patronage et une colonie de vacances durant l’été 1936. Mobilisé en septembre 1939, dans un régiment de chars d’assaut en tant qu’aumônier volontaire, à la frontière belge, il fut ensuite prisonnier à Saint-Valéry- en-Caux en juin 1940 et transféré dans un camp de prisonniers en Allemagne. Après deux mois de captivité, à son retour il séjourna dans les Vosges, à Plainfaing, puis à Etival avant de se voir confier la responsabilité de la paroisse d’Hennezel-Clairy village forestier et verrier au sud du département des Vosges, où il arriva le 12 mars 1941. Il y organisa des activités culturelles et développa l’aide aux prisonniers et ouvriers partis en Allemagne. À l’insu de ses paroissiens et de sa hiérarchie, il s’engagea dans des activités de résistance.

En effet, en 1941, son camarade de régiment le docteur Jacson de Nancy, résistant du groupe Monte-Cristo, lui avait proposé de participer à leurs actions en Lorraine à partir du triangle Vezelisse (Meurthe-et-Moselle), Tantonville et Xirocourt, zone forestière à l’écart des grands axes et négligée par les troupes d’occupation. Pierre Mathis accepta d’autant plus qu’il avait fabriqué un poste émetteur-récepteur à partir de pièces récupérées au lendemain de la débâcle, dissimulé dans un placard du presbytère et mis en place des liaisons radio avec les alliés. Londres leur communiqua un indicatif et des données techniques, X42, les liaisons purent s’établir au rythme d’une par semaine, et permirent de passer en clair et en français les messages de Monte-Cristo, déplacements des troupes allemandes, opérations de police, projets de l’ennemi. Durant l’année 1943, il soutint matériellement et moralement les réfractaires au STO du camp de Morillon, maquis trahit et dispersé en février 1944. Devant le risque d’attaque des soldats allemands, le 3 septembre 1944, le maquis voisin de Granrupt-de-Bains (Vosges) constitué à la mi-août 1944, se déplaça au nord de la Haute-Saône dans la forêt de Morillon à proximité d’Hennezel. Le projet était d’aider les troupes de la 2e DB du général Leclerc, qui approchaient et des parachutages d’armes avaient été prévu le 6 septembre. Le 7 septembre, alors qu’ un nombre important de soldats allemands s’apprêtait à attaquer le camp, l’abbé Mathis réussit à donner l’alarme mais fut arrêté dans les bois entre Le Hatrey et Grandrupt, frappé mais refusant de parler il fut libéré.Le même jour, une automitrailleuse alliée tua deux officiers allemands dans le village d’Hennezel et afin d’éviter les représailles, le maire Marcel Bertoldi et le curé Mathis estimèrent qu’il fallait leur donner une sépulture décente ; l’inhumation eut lieu dans le cimetière du village, le 9 septembre à 14h. Une heure plus tard, un détachement de plusieurs centaines de soldats allemands encerclèrent Hennezel, perquisitionnèrent les maisons, et regroupèrent quatorze otages dans la salle d’école, dont le maire, le secrétaire de mairie M. Collin, son ami séminariste Jacques Marion originaire de Rambervillers et l’abbé Mathis. Dans le presbytère, les Allemands trouvèrent des papiers compromettants, historique du maquis de Grandrupt et inventaire du dernier parachutage. Les soldats allemands le martyrisèrent dans une écurie afin qu’il avoue des informations sur la résistance vosgienne, mirent le feu au presbytère d’Hennezel et l’exécutèrent d’une rafale de mitraillette dans la cour de la mairie-école.L’abbé Mathis cria « Vive la France ! ». Le sous-officier l’acheva d’un coup de revolver dans l’oreille ; il était 17h30.
Les résistants FFI du maquis se rendirent pour éviter les représailles sur les villages de Grandrupt et Vioménil.

L’abbé Pierre Mathis a reçu la mention « Mort pour la France », le 12 juin 1946. Son nom est inscrit à Hennezel sur le monument aux morts, dans l’église Saint-Stanislas et sur le monument commémoratif comportant deux croix de Lorraine et une chrétienne, qui est dédié à sa mémoire où est inscrit :« Curé d’Hennezel, héros de la résistance nationale, torturé et fusillé par les Allemands en haine de la France et de la foi le 9 septembre 1944. » Il est également gravé sur le Mausolée de la Libération d’Ambiévillers en Haute-Saône érigé par le curé de la paroisse, l’abbé Ernest Géhant.
Initiateur du Musée du verre et des activités traditionnelles de la forêt, la collection de l’abbé Mathis brûla dans la cure, incendiée par les soldats allemands juste avant son exécution ; c’est au début des années quatre-vingts qu’un nouveau projet se concrétisa, et en 1987 ouvrit la salle évoquant la Résistance et l’abbé Mathis.
Tous les ans un hommage est rendu aux victimes du maquis de Grandrupt-de-Bains, cent-vingt résistants morts en déportation, à Dachau , ainsi qu’ à Pierre Mathis et le séminariste Jacques Marion torturé avec Mathis à Hennezel et exécuté sommairement le 18 septembre 1944 à la prison de la Vierge à Épinal (Vosges).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article189788, notice MATHIS Pierre, Léon, François, Xavier par Annie Pennetier, Françoise Strauss, version mise en ligne le 23 mars 2017, dernière modification le 12 octobre 2020.

Par Annie Pennetier, Françoise Strauss

Pierre Mathis au stalag en 1940.
L’abbé Pierre Mathis, curé d’Hennezel de 1941 à 1944

SOURCES : MémorialGenweb . — Notes M.Vignes-Nonnotte.— Site lesvoivres88240 : le. maquis de Grandrupt. — Livret L’abbé Pierre Mathis 1911-1944 édité par l’association Saône-Lorraine, musée d’Hennezel-Clairey, 88260, 1990, écrit par son neveu René Queuche . — État civil.

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