PAGEZY Marc, Paulin, Philippe

Par Jean-Sébastien Chorin

Né le 5 avril 1917 à Paris (XVIe arr.), exécuté en représailles le 10 janvier 1944 à l’École du Service de santé militaire à Lyon (Rhône) ; lieutenant d’artillerie ; résistant.

Marc Pagezy était le fils du général de division Jules Émile Eugène Pagezy et de Suzanne Peyrecave. Issu d’une famille de polytechniciens, il intégra l’École Polytechnique en 1936. Il en sortit en 1938 avec le grade de sous-lieutenant. Son père décéda le 15 février 1939 à Montpellier (Hérault). Marc Pagezy fut promu lieutenant d’artillerie par décret du 19 juillet 1940. Il demeura 4 place de Breteuil à Paris (Xve arr.) et chemin du Martinet à Castelnau-le-Lez (Hérault).
Arrêté le 2 décembre 1943 à Grenoble (Isère) avec René Bilger à la suite de la destruction du dépôt de munition du Polygone d’artillerie de Grenoble, Marc Pagezy fut transféré à Lyon (Rhône) et incarcéré à la prison de Montluc.
Le 10 janvier 1944, à 14h15, 4 quai Saint-Clair (quai André Lassagne, Lyon, Ier arr.), à hauteur du tunnel de la Croix-Rousse, sept résistants tirèrent sur trois soldats allemands à bicyclette et prirent la fuite. Deux soldats furent mortellement touchés et le troisième, grièvement blessé, décéda peu après. Des barrages furent aussitôt établis par les Allemands. Des personnes furent arrêtées dans le quartier et conduites à la prison de Montluc.
Vers 19 heures, Marc Pagezy et vingt-et-un autres détenus (parmi lesquels des hommes raflés après l’attentat) furent extraits de la prison. Ils furent conduits dans les caves de l’École du Service de santé militaire, siège de la Gestapo, avenue Berthelot (Lyon, VIIe arr.), puis ils furent exécutés. Le lendemain vers 6 heures du matin, les inspecteurs du Service de l’identité judiciaire furent chargés de transporter les cadavres à l’Institut médico-légal. Ils découvrirent l’une des victimes assise dans un fauteuil.
Dans une lettre du 22 janvier 1944, le préfet régional Angeli écrivit : « les chefs de la Police allemande […] m’ont fait connaître que les détenus auraient essayé de s’enfuir par une porte laissée ouverte après avoir tenté de désarmer le gardien. Celui-ci aurait appelé au secours. D’autres seraient venus qui auraient fauché les vingt-deux victimes à coup de mitraillettes ». Le préfet ne fut pas dupe. Il ajouta : « L’opinion considère que les autorités d’occupation ont usé en la circonstance de représailles à la suite d’un attentat qui la veille avait coûté la mort dans les rues de Lyon à deux soldats allemands. Quoi qu’il en soit, cette affaire a provoqué une émotion profonde. L’Officier de la police allemande qui m’a reçu ainsi que le Maire de Lyon m’a exprimé ses regrets en disant c’est la guerre ».
Le corps de Marc Pagezy fut identifié par sa famille. Il obtint la mention Mort pour la France. Son nom fut gravé sur les monuments commémoratifs de l’École Polytechnique situés à Palaiseau (Essonne) et Paris (Ve arr.).


Lyon, Avenue Berthelot (10 janvier 1944)

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article189794, notice PAGEZY Marc, Paulin, Philippe par Jean-Sébastien Chorin, version mise en ligne le 20 février 2017, dernière modification le 12 mars 2020.

Par Jean-Sébastien Chorin

SOURCES : AD Rhône, 3335W22, 3335W6, 182W269, 31J157, 3460W4. — Bruno Permezel, Victimes de l’Occupation à Lyon et alentour, 81 monuments 11 parcours, 2001. — Onac du Rhône, Les Fusillés de l’avenue Berthelot, 24 novembre 1943, 2008. — Paul Garcin, Interdit par la censure : 1942-1944, 1944. — Journal officiel de la République française, Lois et décrets, 21 juillet 1940. — Raymond Léculier, Alice Joly, A Montluc, prisonnier de la Gestapo, souvenirs de Raymond Léculier, 25 novembre 1943 – 25 août 1944, 2006. — Notes de Jacques Chauvet. — Site Internet bibli-aleph.polytechnique.fr. — Mémorial Genweb. — Base Leonore (dossier de Jules Émile Eugène Pagezy). — Mémoire des hommes.

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