GALLAIS René

Par Daniel Heudré

Né le 16 mars 1892 à Pleugueneuc (Ille-et-Vilaine), guillotiné par condamnation le 21 septembre 1943 à la prison centrale « Stadelheim » de Munich (Allemagne) ; guide au château de Fougères (Ille-et-Vilaine) ; chef du premier réseau de Fougères.

René Gallais naquit au hameau Les Toucheferrond de Pleugueuneuc, fils de François Gallais et de Françoise Erussard. Il partit avec ses parents à Combourg, ceux-ci devenant gérants du relais des Princes. Il travailla comme petit clerc de notaire puis s’engagea comme mousse dans la marine à Brest. Il obtint son brevet de canonnier en 1911, puis, suite à sa participation au sauvetage du Liberté en rade de Toulon, il reçut le diplôme de la Marine nationale. Il fut envoyé pour son service militaire en Nouvelle- Calédonie. À son départ de Marseille (Bouches-de-Rhône), il rencontra une vosgienne, Andrée Chardin, qui devint sa marraine de guerre puis son épouse. Il participa aux opérations militaires en France et reçut citations et médailles. Démobilisé, il regagna la Nouvelle-Calédonie en 1919 où il épousa l’année suivante Andrée Chardin. Une fille Huguette, naquit, en 1921. La famille revint en France en 1925 et compta un enfant de plus en 1926, avec Gérald. Ils vécurent à Boulogne-Billancourt (Seine, Chatillon-sur-Indre, Angers, Pontorson, puis ruiné par son patron, René Gallais retourna seul, en 1929, travailler en Nouvelle- Calédonie dans une mine de nickel. Il pensa y faire venir sa famille mais une occasion se présenta en 1931 pour revenir en Ille-et-Vilaine.Son beau-frère gendarme à Pontorson lui fit connaître une annonce concernant un poste vacant au Château de Fougères. Féru d’histoire, il fut accepté comme guide et gardien du Château.

Il ne fut pas mobilisé en 1939 en raison de son âge mais il n’accepta pas la défaite militaire. Il cacha des armes abandonnées par les soldats français en déroute. Humiliation suprême, il dût faire visiter le château aux vainqueurs. Il rencontra en août 1940 le capitaine Chodet du réseau national de résistance Ceux de la Libération, réseau qui recrutait dans les milieux des militaires et des techniciens.
René Gallais impliqua sa famille et un groupe d’amis dans la Résistance. Lui-même, sous le pseudonyme de La Toucheferrond, employé par la mairie, fournissait des faux- papiers et des cartes alimentaires aux premiers évadés ; sa femme, appelée JA, servait de relais pour passer des informations ; sa fille Huguette suivait les cours de l’école d’infirmière de la Cochardière à Rennes en participant à la résistance, mais pour diminuer les risques elle revint à Fougères où elle organisa, sous le nom de Juanita, la circulation des clandestins ; parmi ceux-ci, Deschamps, la famille Huet, Loisance, Richer, Le Bastard, Frémont et Lebossé.
L’appel du 18 juin 1940 les incita à aider les jeunes à passer en zone dite libre et en Angleterre, à transmettre à Londres, d’abord quelques lettres, puis des renseignements sur les déplacements des troupes allemandes. Le groupe hébergea des officiers de l’intelligence service et du BCRA (Bureau central de renseignement et d’action).
Il assura le ravitaillement et le retour vers l’Angleterre de parachutistes. Le groupe étant très étoffé, René Gallais reçut des FFL (Forces françaises libres) de Londres, par le capitaine Longsal et le colonel Luisly, l’ordre de transformer son groupe en unité combattante. Rene Gallais avait rejoint Ceux de la libération (CDLL).
Le drame survint lorsqu’un nationaliste breton René-Yves Hervé et son épouse Mathilde Le Gall surent attirer la confiance de la famille Gallais pour infiltrer le groupe. Hervé était un agent de l’Abwehr, service de renseignement de l’armée allemande. Il habitait au 12 rue de la Pinterie, située au-dessus du château et dans une grande proximité avec les domiciles de nombreux membres du réseau. La rafle se produisit dans la nuit du 8 au 9 octobre 1941, dans le cadre de l’opération Porto, et fut d’une grande ampleur : 50 personnes arrêtées dont la famille Gallais. René Gallais, sa femme Andrée et sa fille Huguette furent conduits à la prison d’Angers. Les autres arrêtés furent transportés ce jour-là à Angers et un bon nombre fut relâché le 27 octobre. Gérald Gallais fut immédiatement libéré. Les hommes furent transférés à la prison de Fresnes (Seine-et-Oise), les femmes à la Santé à Paris. Le 18 décembre 1941, les hommes furent déportés en Allemagne, à Augsburg, les femmes dans une prison de droit commun à Kastell-Stâdel.
Le 23 février 1943, au Tribunal du peuple d’Augsburg, se tint le procès des 12 résistants français avec la présence de juges de Berlin. René Gallais fut condamné à mort et transféré dans la prison centrale « Stadelheim » de Munich. Le 21 septembre, à 17h05, il fut guillotiné. Furent également exécutés, dans les minutes suivantes, 7 autres résistants du pays de Fougères : Raymond Loizance, Marcel Pitois, Antoine Perez, Louis Richer, François Lebosse, Jules Rochelle et Jules Frémont. Les femmes furent déportées à Ravensbrück, puis à Mauthausen. Le Bastard échappa à la mort et fut envoyé aux travaux forcés, Joseph Brindeau, le plus jeune du groupe, fut interné à la prison d’Augsburg (où il est sans doute mort) et Théophile Jagu, libéré faute de preuve.
René Gallais exécuté sauvagement, Andrée, sa femme et Huguette, sa fille, furent déportées puis rapatriées le 8 mai 1945. Cette famille fougeraise, très éprouvée, fut à l’origine de manifestations annuelles du Souvenir.
Monument aux morts, hommage au groupe Gallais, cimetière de Fougères ; Square René-Gallais, à côté du centre culturel Juliette-Drouet de Fougères ; boulevard Huguette-Gallais (18 janvier 2016).
Déclaré Mort pour la France, il fut à titre posthume décoré de la Légion d’honneur, de la Croix de guerre avec palme et de la Médaille de la Résistance.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article189839, notice GALLAIS René par Daniel Heudré, version mise en ligne le 22 février 2017, dernière modification le 11 octobre 2022.

Par Daniel Heudré

De gauche à droite : Huguette Gallais (fille), René Gallais [en costume de guide du château], Gérald Gallais (fils), Andrée Gallais (née Chardin, épouse)
Communiqué par Soline Roffe-Gallais.
René Gallais dans ses fonctions de guide du Château de Fougères.

SOURCES : Mémoire de Guerre Bretagne. — Kristian Hamon, Agents du Reich en Bretagne, 2011, Skol Vreizh. — Témoignages d’Huguette Gallais auprès de nombreux élèves. — Notes de Soline Roffe-Gallais, mai 2019. — http://www.france-libre.net/rene-ga....

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