BENOIT Joseph, Alexandre [Dictionnaire des anarchistes]

Par Dominique Petit

Né le 9 juin 1861 à Paris (XIIIe arr.) ; vivait maritalement et avait trois enfants ; potier d’étain ; demeurait 140 rue Mouffetard. Anarchiste parisien.

Photo anthropométrique Alphonse Bertillon. Collection Gilman. Métropolitan museum of art. New-York

Le 8 septembre 1880, Benoit avait été condamné par le tribunal de la Seine à 6 jours de prison pour outrage à agents.
En 1894, Benoit était contremaître chez M. Cathias, fondeur de métaux, 83 rue Pascal depuis plus de deux ans. Il habitait au 140 rue Mouffetard qui était en même temps le siège du journal La Révolte.
Le 1er janvier 1894, Benoit fit avertir Jean Grave que l’on était entrain de perquisitionner chez lui et que la police allait bientôt monter chez Grave. La perquisition effectuée au siège du journal, Grave dut conduire la police à son domicile privé, une chambre qu’il avait loué au nom de Benoit, rue Monge, espérant qu’elle échapperait ainsi aux investigations policières.
Le 30 juin 1894, le préfet de police délivrait un mandat de perquisition et d’amener pour Benoit.
Le 1er juillet, à 4h 30 du matin, le commissaire du Val-de-Grâce se présentait à son domicile , 140 rue Mouffetard, et procédait à son arrestation. La perquisition n’avait amené la saisie d’aucune brochure ou correspondance. Benoit était envoyé au dépôt et inculpé pour association de malfaiteurs.
Il fut libéré le 6 juillet 1894.
Dans une lettre au préfet de police, le commissaire indiquait qu’il connaissait personnellement Benoit depuis plusieurs années, que ce dernier était « le beau frère (de la main gauche) de Jean Grave » et qu’il ne s’était jamais occupé de politique, ni d’anarchie mais qu’il était connu comme lié d’amitié avec Grave. Sa sœur, Clotilde Benoit, décédée, était en effet la maîtresse de Grave.
La maîtresse de Benoit, Suzanne Thill née à Paris le 9 septembre 1864, avait vécu comme lui dans l’intimité de Jean Grave et partageait ses idées et le secondait dans ses entreprises.
Deux perquisitions effectuées au domicile de Suzanne Thiel les 2 janvier 1893 et 23 mai 1894 avaient amené la découverte d’un certain nombre de papiers, manuscrits et imprimés ayant traits à l’anarchie. En effet, Jean Grave confirmait : « Le 2 janvier 1893, des policiers se présentèrent chez Benoit, mon parent. Sa femme était seule. Ils prétendirent agir en vertu d’un mandat de perquisition. Ils emportèrent un paquet de lettres que j’avais mis chez eux, de crainte qu’elles fussent prises en cas de perquisition chez moi. Non pas qu’elles fussent compromettantes en quoi que ce soit, mais parce que je tenais à les garder ». Il y avait dans cette correspondance une lettre de Ravachol écrite de la Conciergerie et un traité sur la fabrication des explosifs remis par Perrare. Grave indiquait également qu’en son absence, Mme Benoit recevait les visiteurs du journal.
Il poursuivait : « Je m’étais réservé l’administration et la correspondance du journal que je pouvais faire parfaitement à Sainte-Pélagie. Ma parente, Mme Benoit, m’apportait les lettres chaque jour, et remportait les miennes ».
Lors de l’emprisonnement de Grave, ce fut Benoit qui déménagea ses meubles de la rue Monge au 140 rue Mouffetard.
Le 29 juin 1895, le juge d’instruction Henri Meyer délivra une ordonnance de lieu dans l’affaire d’association de malfaiteurs.
Benoit était inscrit sur l’état récapitulatif des anarchistes du 31 décembre 1896 et figurait sur l’état des anarchistes dressé en 1901, il demeurait 100 rue de la Glacière.
Son dossier à la Préfecture de police portait le n° 213.731
Vers 1900, Grave raconta qu’un dimanche il accompagna Benoit qui allait voir sa fille en convalescence chez des paysans. Ils emportèrent une provision de vieux numéros des Temps nouveaux et quelques brochures qu’ils accrochèrent aux arbres. Le soir, au retour dans le train, ils entendirent des notables parler de cette avalanche de littérature révolutionnaire et ils ne purent s’empêcher de rire.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article189874, notice BENOIT Joseph, Alexandre [Dictionnaire des anarchistes] par Dominique Petit, version mise en ligne le 23 février 2017, dernière modification le 6 août 2021.

Par Dominique Petit

Photo anthropométrique Alphonse Bertillon. Collection Gilman. Métropolitan museum of art. New-York
Fiche photo anthropométrique Alphonse Bertillon. Collection Gilman. Métropolitan museum of art. New-York

SOURCES : Arch. de Paris ,D.3 U6 carton 50. — Les anarchistes contre la république de Vivien Bouhey. Annexe 56 : les anarchistes de la Seine. — Quarante ans de propagande anarchiste par Jean Grave, Flammarion 1973 p. 246, 248, 261, 290, 293-294, 300-301, 302-303, 314-315, 336, 338, 535-536 — Archives de la Préfecture de police BA 1500

ICONOGRAPHIE : Metropolitan museum of art. Alphonse Bertillon. Albumens silver prints. Photographs.

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