VOISSE André

Par Eric Panthou

Né le 7 juin 1911 à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), mort le 7 août 2000 à Cébazat (Puy-de-Dôme) ; ouvrier métallurgiste ; membre du PCF et de la CGT, résistant, interné à Eysses, déporté, militant de la FNDIRP.

André Voisse naquit à Clermont-Ferrand où son père était coiffeur.
Il fut embauché comme manoeuvre spécialisé en 1933 à la société la Condamine, usine métallurgique de matériel ferroviaire et il débraya à l’occasion de la manifestation du 12 février 1934.
André Voisse adhéra au PCF fin 1935 à la cellule de la Condamine ainsi qu’au syndicat des métaux. ll devint le secrétaire adjoint de la section CGT de la Condamine après l’occupation de l’usine en juin 1936. Il fut ensuite renvoyé de son travail pour avoir empêché les ouvriers de pénétrer dans l’usine le jour de la grève du 30 novembre 1938. Des centaines d’ouvriers clermontois avaient été lock-outés et ne retrouvaient plus de travail. Il fut obligé d’aller jusqu’à Moulins (Allier) pour se faire embaucher dans une tannerie.

Voisse resta adhérent au PC jusqu’à la dissolution du Parti, vendant l’Humanité et envoyant régulièrement des articles de comptes rendus de fêtes ou réunions à La Voix du Peuple, l’organe départemental du Parti.

Il fut mobilisé le 26 août 1939, affecté au génie à Montpellier, jusqu’au 26 juillet 1940. Il revint à Clermont-Ferrand et fut embauché le 14 août 1940 à l’Atelier Industriel Aéronautique (AIA) à Aulnat (Puy-de-Dôme). Il en fut licencié le 16 novembre 1940 suite à une enquête officielle de l’autorité militaire qui avait révélé qu’il était inscrit au PC avant guerre. Après avoir travaillé 3 mois à la sucrerie de Bourdon, à Aulnat et, début février 1941, il fut embauché aux établissements Guillaume (métallurgie).
Il déclara après-guerre avoir rejoint le Front national de lutte pour la libération et l’indépendance de la France le 21 septembre 1940, chose impossible puisque cette organisation ne fut crée qu’au printemps 1941 au niveau national, un peu plus tardivement au niveau local. C’est donc d’abord en tant que militant communiste qu’il reprit une activité qu’il qualifie de résistante.
En 1941, il habitait 20 rue Saint-Genès à Clermont-Ferrand et se présente comme caoutchoutier. Il était en réalité chaudronnier aux établissements Guillaume.

Alors que l’été 1941 une vaste enquête policière sur les menées communistes à Clermont-Ferrand le considérait comme l’un si ce n’est le principal organisateur du Parti localement, il s’avéra, après démantèlement du réseau, qu’il avait des responsabilités réduites. Il était un distributeur de tracts dont le champ d’action se limitait au quartier de la gare et aux abords des usines Michelin.
Marcel Mugnier, liquidateur national du Front national, attesta cependant qu’André Voisse était responsable de l’appareil technique du FN, chargé de l’impression et de la diffusion de la propagande du mouvement.

Il fut arrêté le 21 octobre 1941 dans une chambre meublée par l’inspecteur Moritz au 13 rue Denis Papin à Clermont-Ferrand à la suite d’une perquisition chez lui où on trouva des tracts d’inspiration communiste, notamment du Front national (FN) qu’il avoua avoir diffusé la nuit. Le jour de son arrestation, il devait remettre une série de tracts du FN à Paul Sac, tract intitulé "Pour la formation d’un Front national de l’indépendance de la France". Il se rendait à la boîte aux lettres de Paul Sac 11 rue Pascal à Clermont-Ferrand. Ce dernier, agent de liaison pour le Front national mais aussi pour le Mouvement Franc-Tireur, lui remit également des tracts de Franc-Tireur.

Après avoir reçu des instructions de plusieurs cadres envoyés d’autres régions pour réorganiser le Parti, il avait disparu de son travail le 20 octobre 1940, la veille de son arrestation. Paul Mioche, Eugène Marchand et Roger Champrobert ont fait partie de la même procédure. Son avocate fut mademoiselle Andrée Thibout, qui avait quelques semaines auparavant défendu Robert Marchadier, le premier condamné à mort des Sections spéciales en zone sud.

La Section spéciale du Tribunal militaire de la 13e Division le condamna le 27 novembre 1941 à une peine de 5 ans de Travaux forcés avec 18 autres camarades. Il fut condamné pour être entré en rapport avec un représentant du Parti communiste dont il connaissait la qualité, pour avoir collecté et versé lui-même des cotisations destinées à assurer la propagande communiste et avoir diffusé des documents communistes.

Il fut interné successivement à la prison militaire de Clermont-Ferrand, à la prison cellulaire de Saint-Étienne à partir du 2 décembre 1941 mais ne fit pas partie des militants communistes qui s’évadèrent de cette prison le 26 septembre 1943. Puis à partir du 19 octobre il fut envoyé à la centrale d’Eysses, commune de Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne). Il retrouva notamment là-bas ses camarades clermontois Germain Voisset, Lucien Voulhoux et Roger Champrobert. Il participa à l’insurrection de la centrale le 19 février 1944 et fut alors livré aux autorités allemandes. André Voisse fut envoyé à Compiègne où il resta du 30 mai au 15 juin 1944 puis il fut déporté à Dachau où il arriva le 20 juin 1944. Blessé à la tête lors d’un bombardement aérien début juillet 1944, il fut envoyé au camp d’Allach le 8 septembre après une période à l’infirmerie. Il fut libéré à Allach le 30 avril 1945.

A son retour, il reprit son métier d’ouvrier et ses activités politiques et syndicales. Il milita également à l’association des déportés, le FNDIRP.

Il a été homologué membre de la Résistance intérieure française (RIF) pour la période du 21 octobre 1940 au 15 mai 1945, avec le grade de sergent. Il fournit un certificat d’appartenance au Bataillon FFI d’Eysses, avec attestation de participation à la bataille des 19 et 20 février 1944 au sein de cette Centrale.
Dans les années 1980 il fut reconnu pensionné civil à 100% et 7 degrés et demanda à ce que cette pension soit transformée en pension militaire.

En 1950, il habitait 16 impasse Pasteur à Chamalières (Puy-de-Dôme).

En novembre 1953, il se vit attribuer la carte de Déporté politique mais reçut au même moment un avis défavorable à sa demande d’attribution du titre de déporté-résistant. Les commissions départementales et nationales avaient justifié leur refus par le fait que les motifs de son arrestation étaient politiques et non consécutifs à des actes de résistance. André Voisse fit immédiatement un recours gracieux au Ministre puis demanda en 1957 un réexamen de son cas en fournissant des attestations de Charles Jouan, Joseph Pacaud, Joseph Cottant alias capitaine Franck et Paul Sac.
En 1975, notamment sur la base de la transmission par les autorités judicaires du tract trouvé lors de l’arrestation d’André Voisse, le Secrétaire d’Etat soumet sa demande à la commission nationale qui maintient néanmoins son avis défavorable, estimant que le tract n’atteste pas une activité résistante.
Ce n’est qu’en 1986 qu’il eut gain de cause. Plusieurs anciens prisonniers de la Centrale d’Eysses bénéficièrent à ce moment d’un même avis favorable. On peut donc supposer que c’est d’abord pour ses actes de résistant au sein du bataillon FFI d’Eysses qu’André Voisse fut reconnu Déporté-résistant.
Il habitait alors 50 avenue Joseph Claussat à Chamalières (Puy-de-Dôme).

Il est enterré à Chamalières (Puy-de-Dôme).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article189895, notice VOISSE André par Eric Panthou, version mise en ligne le 24 février 2017, dernière modification le 4 août 2022.

Par Eric Panthou

SOURCES : arch. dép. du Puy-de-Dôme, 1296W104 : l’inspecteur Bellon au Chef du service régional de police de sûreté à Clermont-Ferrand, le 30 octobre 1943.— AVCC Caen, AC 21 P 689971. Dossier André Voisse .— Manuscrit d’une notice manuscrite d’André Voisse, rédigée par Roger Champrobert (archives Roger Champrobert, Clermont-Ferrand). — Notes manuscrites de Roger Champrobert lors d’un entretien avec André Voisse, octobre 1987 (archives Roger Champrobert, Clermont-Ferrand). — Archives départementales du Puy-de-Dôme (AD63) 1296W100 : Rapport du commissaire de Police Judiciaire Pigeon à Monsieur le Commissaire divisionnaire Chef de la 2e Section à l’Inspection Générale des Services de Police Judiciaire, le 13 octobre 1941. — Arch. Dép. Puy-de-Dôme, 1296 W 100 : Procès-verbal d’audition André Voisse, 21 octobre 1941. — Base de données de la fondation pour la mémoire de la déportation.— Notice nécrologique dans Regards, 1er septembre 2000. — Extrait de naissance (mairie de Clermont-Ferrand).

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