CATHALIFAUD Georges [CATHALIFAUD Georges, Marie, André]. Pseudonyme : Yvan, Georges

Par Eric Panthou mis à jour par Marie-Cécile Bouju

Né le 5 février 1919 à Limoges (Haute-Vienne), mort le 8 juin 1986 à Marsat (Puy-de-Dôme), ouvrier du Livre, militant communiste, Résistant, FTP.

Georges Cathalifaud naquit à Limoges où son père était tailleur de pierres et sa mère couturière. Touché par le chômage, son père réussit un concours en 1932 lui permettant de devenir chef d’étalier à la Manufacture des Tabacs à Riom (Puy-de-Dôme). La famille s’installe donc dans la sous-préfecture à cette date.
Le père de Georges Cathalifaud voulait qu’il fasse des études. Le jeune Georges travailla donc durant les vacances scolaires de l’été 1932 chez un typographe. Il prit goût à ce métier et le jour de la rentrée scolaire, il se cacha. Finalement, il fut pris en apprentissage chez le typographe et en fit bientôt son métier, après avoir eu son certificat d’études. En tant qu’apprenti, il n’avait droit à aucun jour de congés tandis que les ouvriers disposaient de 8 jours ; ces heures supplémentaires n’étaient pas payées. En fait, l’essentiel de son temps était consacré à faire les courses, s’occuper du chauffage central, balayer l’atelier. Ainsi, durant ces trois années, il n’eut pas tant que cela la possibilité de se former à sa prochaine profession, mais il manifesta beaucoup de goût à ce métier, bien soutenu par ses parents.
Il dit avoir adhéré aux Jeunesses communistes début 1935, n’hésitant pas à avoir une action publique, par exemple le collage de papillons ou la vente de L’Avant-Garde. Mais il fut dénoncé par des actionnaires du journal réactionnaire, Le Courrier de Riom, où il travaillait. Ceux-ci obtinrent son renvoi. Cathalifaud déclare que les réactionnaires se sont faits un ennemi mortel ce jour là.
Il put se faire réembaucher chez l’imprimeur concurrent, qui publiait Riom Républicain, et trouva là des gens de gauche pour le former
Il adhère au syndicat des typographes de la fédération du Livre CGT en janvier 1934. C’est le puissant syndicat confédéré. Il travaillait en 1938 aux imprimeries Montlouis à Clermont-Ferrand, qui éditaient le quotidien de droite, L’Avenir du Plateau central, puis aux imprimeries Tournadre, rue Montlosier à Clermont-Ferrand, jusqu’à son départ au régiment en 1939.
Dès 1936, il était adhérent au PCF et au Comité Amsterdam Pleyel. Il est porte drapeau des Jeunesses Communistes de Riom lors du défilé fêtant la victoire électorale du Front populaire, le 15 juin 1936. Ce défilé marqua les esprits dans cette sous-préfecture de Riom, en pleines grèves avec occupations.
Cathalifaud devient secrétaire des Jeunes communistes de Riom fin 1937.
Il a été mobilisé fin novembre 1939, nommé brigadier et affecté à la caserne de Nîmes (Gard) puis à celle de Riom (Puy-de-Dôme) le 1er juillet 1940.
En juillet 1940, Cathalifaud, alors qu’il est encore au 4éme Régiment d’Infanterie, il fut sollicité par René Artaud, ancien des JC de Riom comme lui, et secrétaire du Comité de Riom Amsterdam-Pleyel, pour rejoindre le groupe de militants clandestins. Il fut chargé de rédiger et distribuer des tracts et affiches.
Il fut arrêté le 23 août 1941 chez lui à Riom après la découverte de tracts dans la rue et une perquisition chez lui où un tract fut trouvé sur lui. L’enquête établit que le 11 août 1940, Cathalifaud, en tant qu’ancien secrétaire des JC, avait été sollicité par Robert Delmas pour reconstituer le groupe Riomois, sur instruction d’un représentant du Comité central du PCF. Cathalifaud prétendit à la police qu’il s’était récusé en raison de ses occupations militaires mais aussi parce qu’il était fiancé et allait bientôt se marier. Cette dernière explication paraît fantaisiste à sa famille et il est vraisemblable que c’était un mensonge pour éviter une condamnation.
Il fut condamné à un an de prison par le tribunal correctionnel de Riom, le 2 octobre 1940 puis par le Tribunal Militaire de la 13éme Division Militaire le 30 décembre 1940. Ces condamnations ont fait l’objet d’une confusion des peines et il fut emprisonné au camp militaire de Mauzac (Dordogne). Son père, mutilé de la 1ére Guerre mondiale, fit un recours en grâce en mai 1941 qui ne put être satisfait car intervenant dans des délais trop tardifs. Cathalifaud fut libéré le 23 août 1942 puis envoyé le jour même à la caserne d’Issoudin (Indre). Il est libéré du service actif le 21 novembre 1942. Il revient alors dans la région de Clermont-Ferrand mais ne souhaitant pas reprendre son travail de typographe pour des journaux collaborant avec les Allemands, il décide de repartir en Limousin, dans sa région d’origine. Sur le trajet, il s’est arrêté travaillé au chantier du barrage de l’Aigle sur les communes de Soursac (Corrèze) et Chalvignac (Cantal). Il fut assigné aux tâches de magasinier. C’est là qu’il va rencontrer sa future épouse, à l’Arbre du Renard. Il se marie bientôt à côté d’Ussel et envoie son épouse enceinte auprès de ses parents à Riom. Elle accouchera en 1943 d’un fils. Le couple divorça dès 1948. Georges Cathalifaud se remaria puis le couple se sépara.
C’est sans doute en 1943 que Georges Cathalifaud entre en contact avec la Résistance.
Il s’engage dans les FTPF de Corrèze, sous les ordres du commandant Lanot, et participe à la campagne de Corrèze du 8 mai au 21 août 1944, puis il continue de servir dans les FFI, subdivision de Corrèze jusqu’au 20 décembre 1944, date à laquelle il est libéré au grade de lieutenant-adjoint.
Il reprend une carte du PCF, non clandestine, fin octobre 1944, à Neuvic d’Ussel où il avait agi avec la Résistance jusqu’en septembre.
En 1947, il fut homologué sous-lieutenant FFI pour son action dans la Résistance. En novembre 1954, le titre d’Interné résistant lui fut refusé tandis que celui d’Interné politique lui était accordé.
Il est à Tulle dès fin 1944, travaillant aux imprimeries du Corrézien de décembre 1944 à fin février 1946 comme typographe. Il a pourtant alors une carte à la CGT des métaux. Puis il devient secrétaire du syndicat du Livre de Tulle. Il est également membre du Front National de Lutte pour la Libération et l’Indépendance de la France. Il revient ensuite s’installer à Riom, adhérent de la cellule Marius Pérol, dès 1946.
Il fut embauché comme typographe au quotidien La Montagne de 1949 à 1979. Il dut arrêter de travailler avant l’âge de la retraite car il souffrait de problèmes de vue en raison de son diabète.
Il était un passionné de cinéma, collectionneurs de films qu’il aimait projeter dans la salle qu’il avait spécialement aménagée à cet effet. Il accumula aussi de riches archives politiques et historiques. Les murs de son domicile clermontois étaient couverts d’archives, notamment des journaux communistes. Il est fait état en décembre 1990 dans une lettre de Guy Périlhou, ancien secrétaire de la fédération du Puy-de-Dôme avant-guerre, du dépôt de ces riches archives à Riom. Il s’agit en fait uniquement de quelques documents sur un maquis FTP près de Riom et du journal de la section PCF de Riom, Le coin des taules.
Ses riches collections de journaux (La Voix du Peuple, Regards, Les Cahiers du Bolchévisme, France Nouvelle) ont été données par sa famille à certaines institutions, certaines ayant malheureusement disparu depuis.
Son intéret pour l’histoire se manifesta par la rédaction d’articles dans la presse communiste. Citons par exemple un article conséquent sur les Grands jours d’Auvergne de 1665, paru le 5 mai 1951 dans la Voix du Peuple. Plus tard, il écrivit régulièrement des articles dans Regard sur l’Auvergne, l’organe départemental du PCF, ou Le Coin des Taules.
Georges Cathalifaud resta fidèle au PCF jusqu’à sa mort, n’occupant aucune responsabilité en son sein bien qu’il fut un militant respecté et expérimenté. En 1959, il fut candidat aux élections municipales de Mozac sur une "Liste d’Entente Républicaine et de Défense des Intérêts Communaux" qui comprenait des socialistes et des communistes. Battu, il obtient néanmoins 251 voix sur 680 votants.
Il resta très proche de son camarade René Artaud.
Il est mort la nuit du 7 au 8 juin 1986 à Marsat (Puy-de-Dôme).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article189897, notice CATHALIFAUD Georges [CATHALIFAUD Georges, Marie, André]. Pseudonyme : Yvan, Georges par Eric Panthou mis à jour par Marie-Cécile Bouju, version mise en ligne le 24 février 2017, dernière modification le 29 octobre 2020.

Par Eric Panthou mis à jour par Marie-Cécile Bouju

Sources : Notice nécrologique, La Montagne, 10 juin 1986 ; - La Voix du Peuple, 18 septembre 1937 ; - SHD GR 16 P 111796 ;- Archives départementales du Puy-de-Dôme (AD63) 1296W58 : PV interrogatoire Georges Cathalifaud, 23/8/40, carte d’adhérent à la CGT, années 1935, 1939, 1946 (fonds Cathalifaud. Archives municipales de Riom), 1296W75 : État des résultats obtenus dans la répression des menées communistes par la 6éme brigade régionale de police mobile de Clermont-Ferrand du 1er septembre 1939 au 15 janvier 1941 ainsi que des menées contre la sûreté de l’état. Département du Puy-de-Dôme ; - Paul Chauvet. La Résistance chez les fils de Gutenberg dans la Deuxième Guerre mondiale. Paris : à compte d’auteur, 1979, p. 212-213 ; - Georges Cathalifaud, “Échec aux diviseurs”, Le Travailleur de la Corrèze, circa 1946. Lettre de Guy Périlhou à Roger Champrobert, 16 décembre 1990 (archives Roland Champrobert)_ Archives privées de Georges Cathalifaud_entretien avec madame Cathalifaud, belle-fille de Georges Cathalifaud, le 5 mars 2018.
Ferrand du 1er septembre 1939 au 15 janvier 1941 ainsi que des menées contre la sûreté de l’état. Département du Puy-de-Dôme-, Georges Cathalifaud, “Échec aux diviseurs”, Le Travailleur de la Corrèze, circa 1946. - Paul Chauvet. La Résistance chez les Fils de Gutenberg dans la Deuxième Guerre mondiale. Paris : à compte d’auteur, 1979, p. 212-213 .— "Souvenirs d’hier : grâce au Front populaire, nous avons enfin connu le bonheur d’être jeune nous a dit Georges Cathalifaud en évoquant ses années d’apprentissages", Le Patriote, série d’articles signés Jean Sanitas, février 1956. — Mail de Patrick Darbeau, le 29 octobre 2020.

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