REDON Martial

Par Claude Pennetier

Né le 11 février 1913 à Limoges (Haute-Vienne), mort le 8 octobre 1988 à Louhans (Saône-et-Loire) ; employé des postes, facteur ; secrétaire général adjoint de la Fédération postale CGT.

Avec Anicet Le Pors

Fils de André Redon et de Catherine Labrousse, cultivateurs, Martial Redon fut adopté pupille de la nation par jugement rendu le 21 mars 1919. Il commença à travailler en 1927, à quatorze ans, comme télégraphiste à la distribution de Limoges. Il rejoignit la Fédération postale unitaire en 1931. Nommé facteur à Paris XVe arr. en 1934, il resta longtemps attaché à cet arrondissement et termina sa carrière comme préposé chef.
Il adhéra au Parti communiste en 1934 mais ne semble pas y avoir occupé de responsabilités importantes. Syndicaliste actif à l’heure de la réunification syndicale de 1935, et, dans le cadre de la CGT jusqu’à la guerre. Il fut muté d’office à Besançon (Doubs) le 14 octobre 1939, arrêté le 25 novembre 1939 et révoqué le 11 octobre 1940. Condamné à un an de prison pour militantisme communiste par le tribunal de Besançon, il connut l’internement à Écrouvres (Meurthe-et-Moselle) puis à la citadelle de Doullens (Somme) et au camp de Pithiviers (Loiret), avait d’être transféré au pénitencier de Saint-Martin-de-Ré (Ile de Ré, Charente-Inférieure). Il s’en évada le 14 octobre 1944 et traversa les poches de l’Atlantiques encore tenues par l’armée allemande.
Martial Redon reprit aussitôt ses fonctions professionnelles et syndicales aux côtés de Georges Frischmann qui devint un ami proche. « Nous formions ce qu’on peut appeler deux inséparables » dira celui-ci après son décès. Dès le premier congrès fédéral CGT tenu à Limoges en septembre 1945, il entra au bureau fédéral comme responsable de la commission de la distribution-acheminement et comme secrétaire à la propagande. Il occupa dans les années suivantes la fonction de secrétaire administratif des employés.
Le 27 juin 1951, il avait échappée à la mort dans un accident de voiture, survenu en Seine-et-Marne, qui coûta la vie de René Bontemps et le blessa ainsi que Lucien Souchet.
Georges Frischmann en fit son secrétaire général adjoint de 1957 à 1970. Il fut à ce titre un des négociateurs du protocole "Ségur" en 1968 et du contrat de progrès de la Fonction publique en 1969. Il siégea au Conseil supérieur de la Fonction publique entre 1963 et 1968. Il se battit avec succès pour faire obtenir la prime de risques, dont bénéficiaient déjà les douaniers. Il en fut de même pour la prime de rendement. Il négocia le reclassement des catégories C et D en 1969 mais refusa de signer les "contrat de progrès", négociés par Jacques Delors, conseiller social de Jacques Chaban-Delmas, à la différence de FO, la FEN et la CFDT qui "en 1968 cherchaient à apparaître à gauche de la CGT" déclarait-il.
Retraité, installé à Louhans (Saône-et-Loire), il quitta le bureau fédéral mais resta membre de la Commission exécutive fédérale jusqu’en 1979. Il fut président d’honneur des retraités de 1981 à 1988.
En Saône-et-Loire, il avait intégré l’Union locale de Louhans, le syndicat départemental, l’Union régionale et la cellule communiste.
En avril 1983, il obtint la Légion d’honneur, sur proposition du ministre des PTT Louis Mexandeau, remise le 2 juin 1983 par René Duhamel, ancien secrétaire confédéral et en présence d’Anicet Le Pors, ministre de la fonction publique et de Louis Viannet, secrétaire confédéral.
Populaire, chaleureux et intense, colérique parfois, il pouvait même s’emporter pour défendre Poulidor contre Anquetil, le rugby contre le football "sport de manchots", ou traiter de tricheurs ceux qui prétendaient le battre au 4-21. Devant la commission exécutive de l’Union fédérale des retraités, Georges Frischmann évoqua le militant avec amitié : « Sa bonhommie, sa faconde [...] c’était un homme jovial qui ne laissait jamais rien percer de ses ennuis personnels [... ] De formation scolaire primaire [...] il s’est hissé au niveau des plus grands. Il sut très vite surmonter ce qui pouvait être un handicap de départ par un travail énorme, par une rare faculté d’étude et d’assimilation des textes administratifs législatifs[... ] Je peux témoigner de l’intérêt qu’il portait à la lecture. Martial a lu tous les livres édités au fil des temps par les Éditions sociales, les Éditeurs français réunis et le Club Diderot. Je sais qu’il se contraignit à lire tous les ouvrages de philosophie et d’économie politique marxistes [...] Mais peu de camarades le savaient . Martial s’interdisait d’en faire un étalage pontifiant ou prétentieux. ». Au Vélodrome d’hiver, lors d’un anniversaire de la Révolution d’octobre, le grand orchestre et les chœurs de l’Opéra de Paris avaient interprété la 9e symphonie de Beethoven dirigée par Roger Désormière. « À la sortie, Martial m’avait confié qu’il croyait jusque là ne pas aimer "la grande musique" ! Mais avait-il précisé, "cette musique là, chapeau" ». Et il acquis sur la lancée un tourne-disque, un disque de la 9e symphonie, et ne rata plus sur Europe 1, l’émission musicale de Pierre Hiégel.
Autodidacte discret, il était avec Fernand Piccot, Georges Frischmann, Albert Le Guern, et Serge Lottier, un des grands noms du syndicalisme postal CGT.

Il s’était marié le 12 janvier 1956 à Paris (XVe arr.) avec Marie Hélène Geay.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article189902, notice REDON Martial par Claude Pennetier, version mise en ligne le 13 mars 2017, dernière modification le 12 janvier 2020.

Par Claude Pennetier

Avec Anicet Le Pors
Avec Georges Frischmann et Albert La Guen
Martial Redon avec Louis Viannet

SOURCES : Arch. IHS FASP CGT, Montreuil. — Le Relais, n° 21, mars 2004. — État civil.

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