CATON Georges, Léon, René, Albert

Par Jacques Girault

Né le 5 janvier 1920 à Nice (Alpes-Maritimes), mort le 8 janvier 2003 à Cressy-sur-Somme (Saône-et-Loire) ; instituteur ; maire communiste d’Hyères (Var) en 1968 ; conseiller général (1967-1973).

Fils d’un employé de commerce (limonadier) devenu directeur de casinos et d’une couturière, Georges Caton reçut les premiers sacrements catholiques. Après avoir obtenu le baccalauréat mathématiques au lycée de Toulon (Var), il suivit les cours de la classe préparatoire à l’École navale. Il se tourna ensuite vers la Faculté de Droit d’Aix avec l’intention d’entrer à l’école de la France d’Outre-mer, mais celle-ci devait fermer pendant l’occupation allemande. Il interrompit ses études pour s’engager en octobre 1939. Démobilisé, il reprit ses études jusqu’à la fin de la troisième année et, au début de 1943, devint chef de liaison du réseau de résistance Gallia sous le pseudonyme de « Fédor » dans la région lyonnaise. Il hébergea le général de Lattre de Tassigny après son évasion de la prison de Riom. Il s’était marié en mai 1941 à Marseille (Bouches-du-Rhône) avec Suzanne, Marie Bourdillat. Ils eurent une fille. Son épouse, restée chez les parents de Caton (sa mère, hostile au Front populaire, avait une action résistante) qui habitaient maintenant Toulon, infirmière dans la Résistance, fut fusillée par les Allemands lors de la libération de Toulon, le 25 août 1944. À la Libération, Georges Caton fut muté au service Action de la Direction générale des études et des recherches à Paris. Il fut chargé de diriger un commando devant être parachuté au Japon. Mais après la capitulation de ce dernier pays, le commando fut affecté en Indochine. Caton démissionna alors de l’armée en septembre 1945.
Officier de réserve, Caton se remaria en janvier 1945 à Toulon avec la sœur d’un de ses camarades de résistance, fusillé en décembre 1943, Blanche, Henriette Elmaleh ; ils eurent huit enfants. Il devint instituteur à Pignans (Var) où il fut candidat aux élections municipales en mai 1953 et en mai 1959 à la tête de la liste présentée par le Parti communiste français. Il n’adhéra toutefois au Parti communiste qu’en 1965. Jusqu’alors en effet, son passé militaire ne créait pas les meilleures conditions pour qu’il puisse adhérer à une organisation politique dont les dirigeants pouvaient le suspecter. Dans le même temps, il assurait le secrétariat de l’Union locale CGT du canton de Besse.
Caton fut candidat au conseil syndical de la section départementale du Var du Syndicat national des instituteurs, en janvier 1956, sur la « Liste Brun pour un syndicalisme agissant » qui regroupait les minoritaires du syndicat, anciennement cégétistes. Il publia dans le quotidien communiste Le Petit Varois, le 23 janvier 1956, un article mettant en cause la régularité de l’élection et les pratiques de la majorité du syndicat. Le conseil syndical examina la question le 2 février 1956. Il aurait demandé à figurer sur la liste majoritaire puisqu’il votait régulièrement les rapports d’activité, mais il affirmait avoir été écarté car on « connaît mes faiblesses pour le Parti communiste ». Son exclusion du syndicat fut décidée par 17 voix contre deux. Son cas fut réexaminé au congrès départemental du SNI, en juillet 1956 qui confirma son exclusion à condition qu’il soit entendu à nouveau par le conseil syndical. Finalement, ce dernier décida le 18 octobre 1956 de ne pas l’exclure. Il fut à nouveau candidat au conseil syndical en janvier 1958, en janvier 1964 et en décembre 1965 sur des listes analogues. Il était alors le directeur de l’école des Îles d’Or à Hyères depuis 1963, avant de devenir directeur du groupe Anatole France, qui était aussi collège d’enseignement général, jusqu’à sa retraite en 1976.
Pour les élections municipales d’Hyères, les 14 et 21 mars 1965, Caton conduisait la « liste d’union républicaine et laïque présentée par le Parti communiste français ». Il obtint personnellement au premier tour 2 770 voix sur 17 820 inscrits et 12 347 votants.
Candidat au Conseil général le 24 septembre 1967, Caton, secrétaire de la section communiste d’Hyères, réunit 2 711 voix sur 26 452 inscrits (troisième position) et fut élu au deuxième tour, à l’issue d’une quadrangulaire, avec 4 771 voix sur 15 201 suffrages exprimés. Membre de la commission de l’agriculture et de l’enseignement, il participa à de nombreux débats (chasse, incendies de forêts, préservation de la nature, hostilité à la politique agricole européenne, traitements des ordures ménagères, repeuplement des fonds marins). Lors du renouvellement, le 23 septembre 1973, il obtint 3 027 voix et fut battu au deuxième tour avec 5 238 voix. Six ans plus tard, il représenta à nouveau le Parti communiste dans le canton d’Hyères-ville.
La municipalité d’Hyères connaissait une grave crise à la suite d’un scandale financier où le maire Harlaut - que Caton avait battu aux dernières élections cantonales -, des adjoints et le secrétaire général furent inculpés. Treize élus démissionnèrent. Le maire abandonna son écharpe tout en restant conseiller municipal. Des personnalités proches du gouvernement pouvaient être inquiétées. Caton, qui avait travaillé pour la DGER, mena de bonne manière l’enquête. François Billoux*, dans son rapport du 5 novembre 1967 à la direction du Parti communiste, indiquait qu’il avait « donné l’assurance à des employés de la mairie qu’ils ne risquaient rien s’ils lui donnaient des indications. Le Procureur et les inspecteurs de police qui mènent l’enquête semblent tenir grand compte de ses conseils. Les camarades du secrétariat fédéral pensent que Caton en sait davantage sur l’affaire qu’il n’en a dit jusqu’à présent ».
Finalement, la dissolution intervint par décret ministériel du 21 décembre 1967 et le gouvernement nomma une délégation spéciale cinq jours plus tard. Les forces de gauche réagissaient depuis longtemps et les militants de la Fédération de la gauche démocrate socialiste, avant tout des membres de la Convention des institutions républicaines, se montraient très unitaires. Lors des élections cantonales, leur candidat s’était désisté pour le candidat communiste, arrivé en tête, contre l’avis de la direction de la Fédération varoise. Ils donnèrent leur accord pour une liste « de la gauche unie » avec Caton comme maire. François Billoux*, plusieurs autres dirigeants nationaux du Parti communiste dont Waldeck L’Huillier*, responsable des municipalités et un secrétaire d’une mairie communiste des Bouches-du-Rhône, furent alors envoyés dans le Var pour suivre cette situation et apporter leurs conseils.
La liste, qui reprenait le programme municipal du Parti communiste, comprenait dix communistes, dix représentants de la FGDS, onze hors partis, le premier adjoint étant socialiste. Au premier tour, le 18 février 1968, elle arrivait en tête avec 4 256 voix sur 18 533 inscrits et 11 021 suffrages exprimés. Au deuxième tour, elle l’emportait à l’issue d’une triangulaire, réunissant 5 623 voix sur 12 880 suffrages exprimés. Caton devenait maire de la ville. Son action toucha le domaine social (notamment la titularisation d’employés communaux et le réajustement des impôts locaux), les questions scolaires, l’affirmation de la ville dans le domaine immobilier, l’achat de terrains pour l’aménagement de l’aéroport, d’établissements scolaires ou hospitaliers, d’une crèche, d’une station d’épuration, d’une piscine couverte et d’une piscine olympique. En outre, il parvint à faire revenir dans le domaine de la ville un ensemble comprenant la Source de la Vierge, le Park Hôtel et le jardin Riquier, qui avait été aliéné par la précédente municipalité. Il parvint à empêcher que le camping municipal de La Capte quitte le domaine public. Il fit aussi élever gratuitement, par une entreprise qui avait profité des largesses de la municipalité Harlaut, un barrage dans la partie basse du Gapeau afin que les eaux des puits servant à l’arrosage des exploitations agricoles ne soient plus saumâtres. Candidat aux élections sénatoriales du 22 septembre 1968, il obtint 140 voix sur 956 inscrits et 937 suffrages exprimés.
Un an plus tard, le 18 décembre 1968, le Conseil d’État jugea que la dissolution du conseil municipal en 1967 était illégale. Il fallait donc rétablir la partie de l’ancienne municipalité qui n’avait pas démissionné. L’élection complémentaire porterait sur treize sièges. La gauche mena vainement une forte action pour obtenir une démission des anciens élus qui avaient été rétablis, dont l’ancien maire Harlaud. Aussi Caton sollicita-t-il à nouveau les suffrages des électeurs à la tête de la liste de la « gauche unie », ne comprenant qu’une partie des élus sortants (4 communistes, 4 FGDS, 5 républicains dont 2 sympathisants communistes). Le 2 février 1969, ils l’emportaient nettement dans une triangulaire, Caton obtenant personnellement 6 610 voix (troisième de la liste) sur 11 845 suffrages exprimés. Il redevint simple conseiller municipal.
Aux élections municipales suivantes, le 14 mars 1971, la liste « de la gauche unie », établie selon les mêmes principes (10 communistes, 10 socialistes, 11 sans parti) conduite par Caton (qui venait d’avoir un grave accident de la circulation) arrivait en tête dans une triangulaire avec 6 747 voix sur 21 421 inscrits. Une des deux listes de droite se désista pour celle conduite par le député Mario Bénard qui l’emporta au deuxième tour ; la liste conduite par Caton réunissait 7 416 voix sur 16 470 suffrages exprimés. Lors des élections municipales de 1977, les socialistes refusèrent tout accord avec les communistes et par la suite, lors d’une élection complémentaire, s’opposèrent à une éventuelle candidature de Caton au côté d’un socialiste.
Caton, candidat communiste aux élections législatives du 4 mars 1973, obtint 14 347 voix (troisième position) sur 92 932 inscrits dans la 2e circonscription. Le 23 septembre 1973, lors des élections cantonales, il arrivait en deuxième position et était battu le dimanche suivant. Il fut à nouveau candidat du Parti communiste aux élections législatives de 1978 contre le maire de Fréjus, François Léotard. Il arrivait en quatrième position avec 16 165 voix sur 115 743 inscrits.
Séparé depuis 1973, divorcé en 1976, Caton se remaria en avril 1977 à Cressy-sur-Somme (Saône-et-Loire) avec Madeleine Magliano, infirmière à l’hôpital d’enfants handicapés San Salvadour à Hyères, puis à l’hôpital de Bourbon-Lancy (Saône-et-Loire), membre du Parti communiste. Ils demeuraient à Cressy depuis 1981. Caton, atteint de cécité, était toujours membre du Parti communiste en 2001.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article18992, notice CATON Georges, Léon, René, Albert par Jacques Girault, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 25 octobre 2008.

Par Jacques Girault

SOURCES : Arch. comité national du PCF. — Presse locale. — Presse syndicale. — Renseignements fournis par l’intéressé.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable