MONÉDIÈRE Pierre [pseudonyme dans la résistance : Commandant Thomas]

Par Clarisse Oulès, Aude Randanne, Eric Panthou

Né le 9 avril 1904 à Corrèze (Corrèze), mort le 15 octobre 1986 à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) ; ouvrier métallurgiste , syndicaliste CGT et militant communiste (PCF) du Puy-de-Dôme ; résistant au sein des Francs-tireurs et partisans (FTP) dans le Puy-de-Dôme puis l’Allier.

Pierre Monédière était le fils de petits exploitants agricoles corréziens. Ses parents, pratiquants, l’ont élevé dans la foi catholique. De milieu modeste, il n’a pas fait d’études secondaires. Après l’obtention du certificat d’études, il décida de s’engager dans la marine et se retrouva un temps à Toulon. Puis il s’installa en Auvergne où il épousa en 1934 à Volvic (Puy-de-Dôme), Lucie Bataille, et devint père une première fois deux ans plus tard.
Au milieu des années trente, ouvrier dans la métallurgie, il était chef d’atelier chez Pasquier-Jost, fabrique de fers à bœufs à Riom. Il rencontra Henri Diot, figure communiste connue au sein du Syndicat Départemental CGT des métaux dont il devient secrétaire en 1936.
Devenu militant CGT et du PCF, Pierre Monédière vit avec passion les événements de 1936. Avec ses camarades, encouragé par la victoire du Front populaire, il établit un cahier de revendications avant même les grèves de juin. Dans le contexte des grèves, il constitua une section syndicale chez Pasquier-Jost et il fut élu délégué du personnel. Il participa à la diffusion du journal La vie ouvrière.
En 1937 et jusqu’à la Mobilisation, Pierre Monédière fut secrétaire de la section syndicale chez Pasquier-Jost. Après la signature du pacte germano-soviétique, et la dissolution par les pouvoirs publics en novembre 1939, des syndicats considérés comme communistes, il reconstitua le syndicat unique des métaux de Riom dont il fut élu secrétaire. Mais cette expérience fut de courte durée car il fut dénoncé à la préfecture. Jugé, il bénéficia d’un non-lieu. Démobilisé le 20 juillet 1940 à Montpellier, il rejoignit l’Auvergne et reprit contact avec ses anciens camarades du syndicat . Il organisa des réunions clandestines et distribua des tracts et des journaux édités par la résistance. Si l’on en croit un brouillon manuscrit des dossiers de police conservés aux archives départementales du Puy-de-Dôme, dès la fin de l’été 1940, il figurait parmi les suspects identifiés dans le secteur de Riom-Volvic, au nord de Clermont-Ferrand.
Au début de l’Occupation, Pierre Monédière travailla à l’Atelier Industriel de l’air (AIA) à Aulnat. Mais bientôt, se sentant menacé, il quitta cette entreprise et alla s’embaucher à l’usine Roche, à Riom. Là, il participa à plusieurs actions de sabotage et déploya une grosse activité de propagande et d’organisation. Établissant des contacts à Combronde, Ennezat, Davayat ... Il recruta des volontaires pour les Francs-tireurs et partisans (FTP). Il participa à différentes actions symboliques sur Riom, agissant pour faire du premier mai 1943 une journée revendicative marquante (avec notamment les ouvriers de la manufacture des tabacs), participant au dépôt d’une gerbe au monument Rouget de Lisle à Riom le 14 juillet de la même année.
Après avoir échappé trois fois à la police allemande, son domicile perquisitionné, sur le point d’être arrêté, il dut prendre le maquis en Août 1943. C’est son épouse qui prit sa place à l’usine Roche, dispersant ses trois enfants en bas âge dans la famille plus ou moins éloignée. Dans la clandestinité, sous le pseudonyme de "commandant Thomas", il occupa plusieurs fonctions importantes, dont celle de chef de détachement au camp FTP Gabriel Péri. Il participa à des actions de sabotages des voies ferrées et pylônes électriques.
Le 1er février 1944, il fut nommé responsable départemental du service de renseignements (service B). On a du mal à percevoir ses prérogatives par rapport à celle de Lucienne Tagnard. Celle-ci a en effet été nommée le 6 janvier 1944 par le Comité militaire des FTP de l’Inter Région A (Allier, Cantal, Haute-Loire, Puy-de-Dôme), cheffe du service de renseignement de l’Inter Région. Elle le resta jusqu’à son arrestation le 30 avril 1944.
Le 11 mars 1944, Pierre Monédière obtint la gestion de la Commission Technique Régionale des FTP pour tout le département du Puy-de Dôme. Il fut membre de l’état-major département FTP du Puy-de-Dôme du 2 mars au 10 mai 1944.
Le 10 mai, après avoir échappé de justesse à la police de Riom, sans doute après que l’ancien commissaire aux effectifs Marc Baudois, alias Maurice, ait été retourné par le SD, il fut envoyé dans l’Allier et notamment à Montluçon, pour créer la même structure. Il arriva même à monter une école d’infirmières et un service de fabrication et réparation d’armes. Il fut membre de l’état-major FTP de l’Allier du 10 mai jusqu’au 6 septembre 1944.
Contrairement à ce qu’affirme Robert Delmas, alias Lucien, Monédière ne fut pas désigné en juillet commissaire régional des FFT du Puy-de-Dôme et du Cantal après l’arrestation de Gilbert Chalier, pseudonyme de Julien Baudois.
Sa durée de services homologués au sein des FTP Gabriel-Péri va du 15 août 1943 au 6 septembre 1944.
Après la Libération, il fut nommé chef du quatrième bureau de la subdivision de l’Allier, puis responsable du service du centre des prisonniers de guerre. En 1945, Pierre Monédière continua sa carrière de militaire, intégrant plusieurs écoles militaires comme Châtel-Guyon, Uriage, Castres avant de finir adjoint au commissaire militaire de la gare de Clermont-Ferrand. Il fut démobilisé le 10 novembre 1945. Malgré son grade de commandant, il quitta l’armée suite à son refus de partir en Indochine.
De retour à la vie civile, il retourna à l’usine Roche, puis se fit embaucher chez Michelin. Il poursuivit son engagement politique en militant au PCF et à la CGT. Il développa une activité importante à l’ANACR dont il fut un des premiers adhérents dans le département. Avec ses camarades, il avait créé le comité de Volvic avant même la constitution d’une structure départementale. A Volvic, jusqu’à sa mort, il resta le président actif de l’ANACR.
A sa retraite, il devint conseiller municipal, puis adjoint au maire de Volvic, de 1977 à 1983, sous l’étiquette de "l’Union de la Gauche" .
Un hommage important lui fut rendu par l’ANACR au moment de son décès.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article189935, notice MONÉDIÈRE Pierre [pseudonyme dans la résistance : Commandant Thomas] par Clarisse Oulès, Aude Randanne, Eric Panthou, version mise en ligne le 26 février 2017, dernière modification le 8 janvier 2020.

Par Clarisse Oulès, Aude Randanne, Eric Panthou

SOURCE : Cette notice biographique a été faite pour le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, par Clarisse Oulès et Aude Randanne, sous la direction de Pascale Quincy-Lefebvre, maître de conférence en histoire à l’Université Blaise Pascal. Compléments par Eric Panthou : arch. dép. du Puy-de-Dôme : 1296 W 92. [Notes manuscrites sur personnes à surveiller ou arrêter].— SHD : dossier GR 16 P 425792.— SHD Vincennes, 19 P 63/5 : Liste des membres de la formation Gabriel Péri ou 12e Bataillon comprenant 1103e, 1104e, 1105e et 1106e compagnie FTPF du Puy-de-Dôme .— SHD Vincennes, 19 P 63/5 : état nominatif des cadres ayant appartenu au Camp Gabriel Péri ou 1103e Compagnie FTPF, signé Commandant Delmas, dit Lucien, 21 novembre 1947 .— "Pierre Monédière nous a quitté", Résistance d’Auvergne, n°66, avril 1987.— État civil.

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