Par Henri-Ferréol Billy, Éric Panthou
Né le 28 août 1907 à Saint-Hippolyte [absorbée par Châtel-Guyon] (Puy-de-Dôme), exécuté sommairement par la Milice le 17 juin 1944 à Cébazat (Puy-de-Dôme) ; ouvrier spécialisé ; militant au sein du Parti communiste (PCF) ; militant syndical CGT ; résistant au sein des Francs-tireurs et partisans (FTP).
Fils de Arthur Evaux, ouvrier mineur demeurant à la Rochepradière et de Marie Chefdeville, Albert Evaux devint orphelin de père quand celui décéda à l’hôpital militaire de Lyon le 15 mars 1916 des suites de maladie contractée en service. Sa mère dut travailler comme infirmière à l’hôpital de Châtel-Guyon pour élever ses deux enfants avant d’entrer à la manufacture des tabacs de Riom. Il fut adopté comme pupille de la Nation par jugement du tribunal de Riom du 8 décembre 1920.
Après avoir obtenu son certificat d’études, il entra comme apprenti corroyeur à la maison Bogros à Riom, avant d’entrer comme ouvrier à la tannerie Mosnier et Dussourd. Il fut militant CGT et membre du Parti communiste, habitant Riom.
Il se maria le 21 janvier 1933 avec Claudia Renée Deliot à Jozerand (Puy-de-Dôme).
À la déclaration de guerre, il fut mobilisé sur place comme ouvrier spécialisé. Il entra à l’Organisation Spéciale. Après l’arrestation de Julien Favard (qui fut vraisemblablement interné), Pierre Monédière lui donna la direction de secteur de Riom. Il fut membre avec Robert Delmas du groupe de trois de Riom, groupe qui va bientôt grouper tous les villages environnants.
En avril 1941, il est considéré comme membre du PCF ou au moins sympathisant avant guerre, désigné avec 69 autres autres personnes de l’arrondissement de Riom comme suspect et contre qui des mesures préventives doivent être prises en cas de troubles. En 1941, il habitait rue Massilon.
En 1942, Pierre Monédière fit verser Albert Evaux dans les FTP. Ce dernier, avec le grade d’adjudant-chef, prit alors la tête d’un détachement dépendant du camp FTP Gabriel Péri fondé par « Delmas ».
Le 11 juin, il partit en mission à bicyclette avec deux camarades : Chefdeville dit « Mickey » et Joseph Barrière. Ils s’arrêtèrent chez madame Monédière pour établir une liaison avec son mari et chez leur camarade Mabrut de Crouzol (commune de Volvic, Puy-de-Dôme). À 22 heures, en reprenant la route de Riom, ils tombèrent sur un barrage tenu par un soldat allemand au niveau du café La Rivière sur la route N 686 à Mozac. « Mickey », qui portait une mitraillette, parvint à s’échapper, mais Albert Evaux fut arrêté sur la commune de Mozac. Joseph Barrière n’a jamais été retrouvé. Dans le témoignage qu’il livra sur les circonstances de cette mission et de cette arrestation, Edmond Chefdeville n’évoqua jamais la présence de Joseph Barrière.
Albert Evaux fut conduit à la prison du 92e régiment d’infanterie à Riom d’où il tenta de s’échapper. Repris il fut torturé. Selon le témoignage d’un Milicien, Gaussens, à la Libération, Evaux aurait été exécuté par deux Miliciens sur la route entre Clermont-Ferrand et Riom. Son corps fut en effet retrouvé jeté sur la route, près de Cébazat (Puy-de-Dôme) au lieu-dit la fontaine de Ladoux où se dressa actuellement une stèle. Son corps avait subi des tortures mais il avait été tué de plusieurs balles tirées à bout portant, dont certaines dans la tête.
Son camarade « Mickey » reconnut son corps au cimetière de Cébazat. Il avait les bras cassés, la poitrine écrasée et deux trous sous le menton selon le médecin légiste. Les tirs étaient ceux de mitraillettes. Le médecin ne certifia pas qu’Albert Evaux était encore vivant quand il fut exécuté ; il était peut-être mort sous la torture.
Aucune arrestation n’eut lieu suite à son interrogatoire, il n’avait pas parlé sous la torture. Aussi la stèle de Cébazat indique-t-elle « mourir plutôt que trahir fut sa pensée » et la plaque de la rue Albert Evaux indique « il préféra la mort à la trahison ».
Il fut enterré au carré militaire de Riom et son nom porté sur le monument aux morts de la ville.
Par décision parue au journal officiel du 6 décembre 1958 lui furent attribuées la Médaille militaire, la Croix de guerre avec palmes et la médaille de la résistance à titre posthume avec la citation suivante : « Evaux Albert, sergent, magnifique patriote. Arrêté pour faits de résistance le 11 juin 1944. A été interné jusqu’au 17 juin 1944, date à laquelle il est mort pour la France. »
Sa durée de service homologuée comme FFI va du 1er juin 1943 au 17 juin 1944.
Le 21 mars 1955, il a reçu à titre posthume la carte de Combattant volontaire de la Résistance (CVR). Le 2 février 1955, il a reçu le titre d’Interné Résistant pour la période du 11 au 17 juin 1944.
Le 8 juillet 1964, le conseil municipal de Riom examina une requête de la FNDIRP demandant que le nom d’une rue porte le nom d’Albert Evaux. Le conseil municipal prit la décision d’apposer une plaque sur l’immeuble où il habitait. Actuellement, une rue de Riom porte son nom, mais aussi de Châteaugay.
Par Henri-Ferréol Billy, Éric Panthou
SOURCES : SHD Caen, dossier AC 21 P 659695 .— SHD Vincennes, dossier Albert Evaux, GR 16 P 212842 (non consulté) .— SHD Vincennes, 19 P 63/5 : liste des membres de la formation Gabriel Péri ou 12e Bataillon comprenant 1103e, 1104e, 1105e et 1106e compagnie FTPF du Puy-de-Dôme, avec durée des services homologuées .— SHD Vincennes, 19 P 63/5 : état des morts ayant appartenu au Camp Gabriel-Péri .— Arch. dép. du Puy-de-Dôme, 2546 W 5626, Dossier nominatif d’attribution de la carte du combattant volontaire de la résistance à Albert Evaux .— Résistance Auvergne, 17 janvier 1975. — Mémorial Genweb. — État civil. — Notes de Pascale Quincy-Lefebvre. — Arch. Champrobert, Le commissaire police Riom au sous-préfet de Riom, le 29 avril 1941. Liste nominative des individus suspects. — http://histoire-et-genealogie.over-blog.com/2015/09/nom-r%C3%A9sistant-albert-evaux-riom.html)