Par Josette Ueberschlag
Né le 12 décembre 1936 à Laval (Mayenne) ; instituteur public ; militant trotskiste ; militant syndicaliste du SNI, et associatif.
Fils de Marcel, Auguste, André, Gabriel Guihaumé (1899-1970) et de Blanche, Berthe, Alice Leroyer (1895-1972), Claude Guihaumé était le septième enfant d’une famille originaire de Mayenne, catholique, intégriste côté paternel. Son père fut charron-forgeron jusqu’à son service militaire, puis employé de banque au Crédit Lyonnais ; sa mère titulaire du brevet supérieur fut préceptrice de 1912 à 1917, employée de banque jusqu’à la naissance de son deuxième enfant. Ses parents se marièrent à l’église en 1925 et tous leurs enfants furent baptisés : Roger (1926-1998), Antoine (1928-2009), Christiane (1930-2017), Rolande (1931-1992), Jacques (1933-1960), Annick (1935-2016), Gisèle (1938-1939) et Geneviève (1940). La famille déménagea souvent au gré des postes successifs du chef de famille : Laval, Mayenne, Laval, Saint-Malo (Ille-et-Vilaine), Chartres (Eure-et-Loir), Bourges (Cher), Le Mans (Sarthe). Le père de Claude Guihaumé fut pour la Mayenne, trésorier du Parti social français du colonel de La Rocque et sympathisant royaliste recevant les bulletins du Comte de Paris en 1942-1944.
Claude Guihaumé fit ses études primaires et secondaires dans des institutions religieuses, il obtint son bac math-élém. en 1957 et propédeutique sciences à l’université de Caen en 1957-1958. Il s’inscrivit en première année de médecine à Caen en 1958-1959. Il milita à l’UNEF, au comité étudiant du Mouvement pour la paix, à Jeune Résistance et pendant la guerre d’Algérie, au Mouvement anticolonialiste français dont le manifeste fut diffusé par Jeune Résistance (réseau Francis Jeanson) en septembre 1960. Arrêté le 16 novembre suivant, il fut incarcéré au motif d’inculpation d’atteinte à la sûreté de l’État, suivie d’aide à l’insoumission et à la désertion. Le 24 avril 1961, une ordonnance de non-lieu fut finalement prononcée. Il fit son service militaire à Avignon (Vaucluse) de septembre 1963 à décembre 1964.
Renonçant à ses études de médecine, il fut tour à tour surveillant d’externat, maître auxiliaire en lycée technique et au CET d’Alès dans le Gard (1962-1963) où il commença un compagnonnage avec Célestin Freinet qu’il poursuivra tout au long de sa carrière. Puis en 1964-1965, il fut nommé au CET du Mans. Instituteur remplaçant en 1965-1966 à l’école du Ronceray au Mans, cette année-là, il fut reçu à l’écrit du CAP d’instituteur. Alors stagiaire à Mareil-sur-Loir en Sarthe, il fut titularisé en juin 1967. À la rentrée suivante, il obtint alors la direction d’une école rurale (2 classes puis une classe unique avec la baisse des effectifs) à Amné-en-Champagne où il resta 15 ans jusqu’à sa fermeture en 1982. Nommé directeur de l’école des Glonnières en ZEP au Mans dont plus d’un tiers des élèves étaient d’origine étrangère, il continua à pratiquer la pédagogie Freinet et a organisé des activités postscolaires, nombreuses, dont certaines avec l’aide de la Ligue de l’enseignement (cours de natation). Au sein de l’association des Amis de Freinet, il fut co-fondateur en 1989 avec Henri Portier de la commission « Histoire et patrimoine de la pédagogie Freinet ». Il prit sa retraite en 1996.
Claude Guihaumé fut syndiqué au Syndicat national des instituteurs, tendance « École émancipée ». Secrétaire de la sous-section SNI de La Flèche en 1966-67, de celle de Loué de 1968 à 1982, il contribua activement à la défense de l’école rurale. Il anima en 1965 et 1966 le Comité de défense des remplaçants en Sarthe. En 1967, il fut élu au conseil syndical de la Sarthe sur liste « École émancipée » et devint membre du Conseil départemental de la FEN de 1967 à 1970.
Il présida le conseil de parents d’élèves du CES de Loué où une grève en 1972 dura plusieurs semaines pour dénoncer les conditions du transport scolaire.
En mai 1968, il fut de nouveau inquiété pour sa participation au mouvement des révoltes de mai 1968. Arrêté, mis en garde à vue, il fut libéré sans suite.
Claude Guihaumé adhéra peu de temps à l’Organisation communiste internationaliste et milita ensuite au Parti communiste internationaliste dans la période 1965-1972.
Il épousa uniquement civilement, le 16 octobre 1959, Françoise Bonnaud, avec laquelle il eut trois enfants : Tristan (1960), Isabel (1962) et Pascal (1964). Leur divorce fut prononcé par consentement mutuel le 10 septembre 1980. Remarié civilement à Monique Courrioux le 27 septembre 1980, il fut père de deux garçons, Yann (1981) et Yves (1983). Le couple accueillit sous son toit, une nièce, Clémence Courrioux (1993), trisomique, que la mère n’était pas parvenue à accepter et dont il eut une délégation plénière d’autorité parentale et la tutelle à sa majorité.
Par Josette Ueberschlag
ŒUVRE : Articles dans L’Instituteur syndicaliste, revue de la section sarthoise du SNI de 1967 à 1971. — Articles dans Bulletin des Amis de Freinet de 1983 à 1997. — « Les origines de l’imprimerie à l’école en Sarthe : Louis Leroux, Robert Coutelle, Ernest Roulin (1926-1930) » (p. 125-158), in Bulletin de la Société d’agriculture, sciences et arts de la Sarthe, n°668, numéro spécial 1991. — « Unité de l’enseignement et marche naturelle pour l’apprentissage de la langue vues par Freinet en 1927 » (p. 179-188), La pédagogie Freinet. Mises à jour et perspectives, ouvrage collectif, Bordeaux, Presses universitaires de Bordeaux, 1994. — « 1926-1996 : un groupe coopératif d’entraide pédagogique pouvait-il devenir un mouvement pédagogique de masse ? » (p. 39-58), Cahiers Binet-Simon, n°649, 1996/4. — « La pudeur attaquée » coauteur avec Michel Cottereau, in Le Nouvel Éducateur-documents, n°207, juin 1989, éd. PEMF. — « Poste restante. Une lettre appendice » (p. 153-165), in Écrire la correspondance. (É)loge de la lettre, Paris, éd. Chronique sociale, 2006. — « De la normalisation (les manuels de morale) », in Feu les écoles normales (et les IUFM ?), sous la direction de Hugues Lethierry, avec une préface de Francine Best, Paris, L’Harmattan, 1994 (p.255 à 263).
SOURCES : Informations fournies par l’intéressé en 2017. — Notes de Gérard Boëldieu.