DELASALLE Gabriel, François dit DE LA SALLE Gabriel [Dictionnaire des anarchistes]

Par Rolf Dupuy Dominique Petit

Né le 4 mai 1849 à Nantes (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique), mort le 23 avril 1914 ; comptable, libraire ; marié et père de trois filles ; publiciste anarchiste à Paris

Photo anthropométrique Alphonse Bertillon. Collection Gilman. Métropolitan museum of art. New-York

Delasalle prit le pseudo de Gabriel De La Salle, mettant en avant un nom à particule, au moment des élections municipales, dans le quartier de l’Arsenal, le 27 avril 1890, où il signa ses affiches de cette façon. Un rapport de police le décrivait comme « ambitieux, plein de prétention  » et se donnant « comme homme de lettres  ». Il était alors en relations avec Chassaing, député et Piperaud, conseiller municipal. Il se présenta, sous leur patronage, comme candidat socialiste et obtint 182 voix au premier tour du scrutin.

Collaborateur de Chatelain jusqu’en décembre 1893 à la Revue européenne, il s’était assuré, en 1891, le concours de camelots, pour la vente d’une édition spéciale, le 1er mai.

Gabriel De La Salle fut le co-directeur avec Augustin Hamon de la revue mensuelle politico-littéraire L’Art Social (Paris, 26 numéros de novembre 1891 à février 1894, puis 6 numéros de juillet à décembre 1896) à laquelle collaboraient entre autres Charles Albert, Léon Cladel, Paul Delesalle, Bernard Lazare, Charles Malato, Han Ryner et Fernand Pelloutier. Entre les deux séries, la revue publiera dans la collection Bibliothèque de l’art social un certain nombre de brochures dont  : A. Hamon, Les hommes et les théories de l’anarchie (1893), F. Pelloutier, L’art et la révolte (1896), B. Lazare, L’Ecrivain et l’art social (1896), Charles-Albert, L’art et la société (1896).

En 1892, De La Salle fit l’essai d’un théâtre dit de « l’art social  » qui succomba après une seule représentation.

En 1894, il demeurait 5 impasse de Béarn, et travaillait comme comptable depuis plusieurs années chez Huclin et Cie, orthopédiste, 43 rue du Roi de Sicile.
Le 15 mars 1894, le préfet de police délivra un mandat de perquisition et d’amener à son encontre.

Le lendemain, le commissaire de police du quartier des Archives, se présenta à 6h du matin, à son domicile, situé au 4e étage. La perquisition opérée chez lui permit de saisir des journaux italiens, A Propaganda, La Nuova idea, Sempre avanti, allemands Der Sozialist, un placard Les anarchistes au peuple, un rapport sur le mouvement ouvrier démocrate-socialiste en Hollande, deux brochures intitulées L’ordre par l’anarchie, une brochure Petit catéchisme socialiste, un écrit "La menace" où il était indiqué « Dynamite et Panama  » avec note initiale A.H., une carte postale à son nom destinée au journal anarchiste italien Sempre avanti, un écrit Cécilia, communauté anarchiste expérimentale  par le Dr Giovanni Rossi, deux notes avec les noms « Chambard * Ravachol  », signées des initiales A.H., le brouillon d’un article, signé De La Salle, intitulé « Cour d’assises  » et relatif au procès Jean Grave, un écrit en russe, une lettre signée Mucio da Paixas, quatre écrits signés E.T., destinés à Marcel Batilliat et une lettre de ce dernier donnant son adresse  : 2 rue de Romainville, disant que c’était l’adresse d’une chambre, pour lui écrire, quand il pouvait s’échapper de la caserne, des correspondances signées Ludovic Hamilin, cinq lettres de Hamon et une chanson d’Albert Brière dédiée à Elisée Reclus.

De La Salle fut arrêté et conduit au Dépôt. Le 17 mars, le juge d’instruction le fit libérer, sans passer par la case de la prison de Mazas, comme les autres inculpés pour association de malfaiteurs.

Le 10 juin 1895, le juge d’instruction Henri Mayer délivrait une ordonnance de non-lieu concernant l’inculpation d’association de malfaiteurs.
De La Salle, qui était franc-maçon (en 1882, il appartenait à la Loge l’Homme libre), était l’ami de Jean Grave et de Fortuné Henri.
Après la sévère répression de 1894, il dirigea avec Louis Lumet la petite revue L’Enclos (1895-1899), qui publia notamment des traductions en français de textes de William Morris.

L’année 1896 fut marquée par la refondation de la revue L’Art social (6 numéros de juillet à décembre), co-dirigée par Gabriel de La Salle et Louis Lumet.
En 1896, il représenta la Bourse du Travail de Rennes au comité fédéral de la Fédération des Bourses. Il était un des responsables de la Chevalerie du travail. Il fut ensuite l’administrateur de la revue L’Humanité Nouvelle (Paris, 54 numéros de mai 1897 à décembre 1903) dont le directeur scientifique était A. Hamon et le secrétaire de rédaction Victor Dave. Cette revue faisait suite à La Société Nouvelle parue en Belgique de 1884 à 1897 et à laquelle il avait sans doute également collaboré. Au début du 20e siècle il collabora également à L’Education Libertaire (Paris, juin 1900 à mars 1902) revue des bibliothèques d’éducation libertaire qui était une tentative de prolongation de l’école libertaire fondée en février 1899 et dispensant des cours d’enseignement supérieur pour adultes.

G. De La Salle qui avait été comptable avant de s’installer libraire rue des Francs Bourgeois à Paris, est décédé le 23 avril 1914. Georges Yvetot, dans La Vie Ouvrière du 20 mai 1914, rendit hommage à celui qui « fut bien des nôtres  ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article190288, notice DELASALLE Gabriel, François dit DE LA SALLE Gabriel [Dictionnaire des anarchistes] par Rolf Dupuy Dominique Petit, version mise en ligne le 8 mars 2017, dernière modification le 6 août 2021.

Par Rolf Dupuy Dominique Petit

Photo anthropométrique Alphonse Bertillon. Collection Gilman. Métropolitan museum of art. New-York
Fiche photo anthropométrique Alphonse Bertillon. Collection Gilman. Métropolitan museum of art. New-York

ŒUVRE : Les Révoltes, I : luttes stériles. Paris : l’Art social, [1892].

SOURCES : R. Bianco, « Un siècle de presse…  », op. cit. — F. Scoffham-Peufly, « Les problemes de l’art social à travers les revues politico-littéraires et les groupes d’avant-garde politique en France dans les années 1890-1896  », Mémoire maitrise, 1970 — J. Julliard, Fernand Pelloutier et les origines du syndicalisme d’action directe, 1971. — Arch. de Paris D.3 U6 carton 49.

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