DUBY Gertrude [ou DUBY BLOM Gertrude ; née Gertrude Lörtscher]

Par Anne Mathieu

Née le 7 juillet 1901à Berne (Suisse), morte le 23 décembre 1993 à San Cristóbal de las Casas (Mexique), d’origine suisse naturalisée mexicaine en 1971 ; journaliste, puis anthropologue et photographe ; militante socialiste puis communiste ; militante antifasciste ; militante et secrétaire du Comité mondial des femmes ; militante écologiste.

Pendant ses études qui la conduisirent à être en 1919 diplômée en horticulture ainsi qu’en travail social, Gertrude Lörtscher rencontra Kurt Duby, dont elle devint l’épouse. Celui-ci l’éveilla à la cause socialiste. Elle participa aux grèves de 1918 qui demandaient de meilleures conditions de travail et qui réclamaient le droit de vote pour les femmes. Elle fut parmi les fondateurs du Mouvement socialiste de la jeunesse en 1920.

Elle commença une carrière de journaliste, collaborant aux quotidiens suisses de Berne et de Zurich.
En Italie en 1925, elle eut des activités antifascistes qui conduisirent à ce qu’elle soit emprisonnée durant une semaine puis expulsée vers la Suisse. En 1928, son nom apparaît dans les journaux La Femme socialiste et La Vie socialiste. Cette année-là, elle est déléguée des femmes socialdémocrates suisses au Congrès de Bruxelles de l’Internationale Ouvrière Socialiste (Le Populaire, 4 juillet 1928). Elle fut présidente, aux côtés notamment de Jean Zyromski, d’un meeting à Genève pour le désarmement, en février 1932.
Partant vivre en Allemagne, elle y devint membre du parti communiste. À l’arrivée d’Hitler au pouvoir en 1933, elle vécut cachée mais continua à expédier des articles en Suisse. Puis elle s’enfuit en France.
Elle prit la parole le 13 avril 1934 lors d’un meeting à Magic City « Pour la libération des combattants d’Autriche », meeting organisé par la commission d’enquête sur les événements d’Autriche et le comité mondial de lutte contre la guerre et le fascisme, avec le Secours Rouge International et le comité de distribution de secours. Ce meeting eut lieu sous la présidence d’André Malraux et de Marcel Prenant. Parmi d’autres intervenants, signalons Jean Painlevé, le docteur Pierre Rouquès, Marie Lahy-Hollebecque ou Marcel Willard. Elle collabora à l’Humanité le 14 septembre 1934.

À ce moment-là, son nom est associé au Comité mondial des femmes contre la guerre et le fascisme (CMF). Responsable aux effectifs du Comité mondial des femmes (CMF), Gertrude Duby affirmait dans Femmes dans l’action mondiale numéro 25, d’août 1936, que le CMF comptait en France 2000 comité, 120 000 femmes, 500 000 avec les organisations adhérentes. Voir Bernadette Cattanéo et Gabrielle Duchêne. Elle publie des articles dans l’organe du Comité, Femmes. Signalons par exemple son article « Liselotte Hermann dans la cellule de mort », en septembre 1937. Elle participa aux Journées d’amitié internationales organisées par le Comité mondial des femmes du 30 juin au 13 juillet 1937. Elle y intervint le 11 juillet sur « Les femmes et le fascisme ». Elle était désignée alors dans le programme comme secrétaire du Comité (l’Humanité, 2 juillet 1937).
Son militantisme antifasciste la conduisit aussi à être parmi les donateurs de la « Souscription pour la Tchécoslovaquie meurtrie » (Ce soir, 8 octobre 1938).
En 1939, elle participa au Congrès mondial des femmes contre la guerre.
Revenue en France, elle fut internée au camp de Rieucros pendant cinq mois et fut libérée début mars 1940 sur intervention du gouvernement suisse.

En 1942, inspirée par les travaux de Jacques Soustelle, elle se rendit au Mexique pour y réaliser un reportage sur une ethnie amérindienne, les Lacandons. Elle y rencontra Frans Blom (1893-1963), archéologue et anthropologue danois. Désormais sa vie fut dédiée à l’anthropologie et à la photographie. En mai 1947, elle publia un reportage dans Regards intitulé « Acajou et chewing-gum », l’hebdomadaire illustré communiste la présentant comme « la femme qui revient de la forêt vierge mexicaine ».
En 1951, Gertrude et Frans Blom créèrent l’association Na Bolom, destinée à soutenir et à protéger les Lacandons et également centre culturel. Dans un reportage sur les Mayas paru en 1954, Jacques Soustelle parla de « ses vieux amis, le Danois Frans Blom et Gertrude Duby [qui lui] ont parlé longuement des Lacandons qu’ils sont allés voir en 1950 » (Paris-Presse-L’Intransigeant, 21 janvier 1954). Le cinéaste François Reichenbach, quant à lui, déclara que son film sur les indiens Lacandons – passé sur la deuxième chaîne dans l’émission « Point contrepoint » – était un hommage à Gertrude Duby parce qu’elle a « su nous "faire découvrir et aimer l’Indien qu’il y a en nous" » (Paris-Presse-L’Intransigeant, 21 août 1969).
Pendant les années Soixante-dix, Gertrude Duby parcourut le monde pour éveiller la population au sort de la jungle. En 1975, elle lança le projet d’une pépinière à El Vivero, qui assure toujours la distribution gratuite d’arbres pour le reboisement.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article190292, notice DUBY Gertrude [ou DUBY BLOM Gertrude ; née Gertrude Lörtscher] par Anne Mathieu, version mise en ligne le 14 novembre 2020, dernière modification le 15 mars 2022.

Par Anne Mathieu

ŒUVRE : Imágenes lacandonas, Mexico, Tezontle, 1999.

SOURCES : Anne Mathieu, « Ménagères et militantes. Les Femmes dans l’action mondiale », La Revue des revues, n° 64, « Femmes en revue », automne 2020, pp. 66-83. — Notes de Claude Pennetier. — Pas de dossier à ce nom dans les archives du Komintern, RGASPI. — Kyra Nuñez-Johnsson, Gertrude Duby Blom, combattante de la résistance, Genève, éditions de Penthes, « Les Suisses et le monde », 2015. — Camp Rieucros. — Journaux et articles de presse cités dans la notice.

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