FIÉVET Raymond, Louis

Par Daniel Grason

Né le 13 septembre 1922 à Paris (VIe arr.), mort le 2 septembre 2011 à Paris (XIVe arr.) ; apprenti monteur en appareils de TSF ; membre des Jeunesses communistes du XVIIe arrondissement de Paris ; résistant ; interné.

Fils de Louis, Jean, Désiré, chaudronnier, ferblantier, et de Germaine Michaux, ménagère, Raymond Fiévet était l’aîné d’une famille de quatre enfants. Il vivait chez ses parents 11 rue Frédéric-Brunet à Paris (XVIIe arr.). Apprenti monteur en appareils de TSF, il travailla dès 1937 à la maison Blum 38 avenue de la porte Saint-Ouen, il y resta dix-huit mois. Il a été ensuite embauché à la société professionnelle Radioélectrique à Boulogne-Billancourt (Seine, Hauts-de-Seine). Il se rapprocha de son domicile, travailla à la Soudure électrique, 20 à 26 rue Toulouse-Lautrec, Raymond Fievet n’y resta que trois mois, la maison ferma en raison de l’exode en juin 1940. Il ne retrouva pas un emploi stable dans sa spécialité, il aidait de temps à autre un artisan dépanneur de poste de TSF 35 rue Sauffroy (XVIIe arr.). Partout où il travailla, il laissa le souvenir d’un ouvrier consciencieux et ponctuel.
Le 15 juillet 1941 vers 23 heures, Robert Dufaut fut interpellé par deux gardiens de la paix habillés en bourgeois rue Balagny (Guy-Môquet) à Paris (XVIIe arr.), près de la porte Saint-Ouen, alors qu’il glissait sous les portes d’immeubles et aux rares passants le tract : « En avant pour notre victoire ! Extraits du discours prononcé le 3 juillet, par le camarade Staline, Président du comité d’État de la défense de l’URSS ». Son arrestation fut mouvementée, selon le rapport du commissariat des Epinettes, l’un des gardiens assailli par des jeunes tira en l’air pour se dégager. Raymond Fiévet était interpellé vers 23 heures rue Sauffroy. Les autres prenaient la fuite sans dommage, ils furent tous interpellés le lendemain.
Des policiers de la BS1 procédèrent à une enquête de voisinage. Le père Louis exerçait son métier de ferblantier à la Compagnie Continentale des Compteurs au 240 rue de Rueil à Colombes (Seine, Hauts-de-Seine), quant à Germaine, la mère, elle s’occupait des enfants et des travaux ménagers.
Lors de son interrogatoire, Raymond Fiévet affirma dans un premier temps qu’il n’était pas membre des Jeunesses communistes, mais sympathisant. Il reconnut avoir accompagné Robert Duffaut, il assura qu’il était « loin derrière » et ajouta « J’ai pris la fuite, surtout en entendant un coup de feu ». Il déposa sans succès une demande de mise en liberté provisoire en raison de son état de santé. Incarcéré, il comparut le 26 septembre 1941 devant la Section spéciale de la Cour d’Appel de Paris, il fut condamné à un an de prison et cent francs d’amende pour infraction au décret du 26 septembre 1939. Il fut incarcéré à la Santé, Poissy et Fresnes.
A l’issue de sa peine, Raymond Fiévet a été interné administrativement le 26 mai 1942 au camp de Voves (Eure-et-Loir), le 11 octobre 1943 il fut définitivement libéré pour raisons de santé. Raymond Fievet souffrait d’un début de Mal de Pott, une douleur rachidienne due au bacille de la tuberculose.
Il y a eu une dégradation de son état due à son internement. Sa fille Anne-Laure nous écrit : «  Lors d’un transfert, il a dû traverser un village menotté, titubant. Attaché à un arbre, il criait aux gens qu’il était un détenu politique non un malfaiteur. La femme d’un gendarme lui a donné une soupe et du pain. Il était très faible, son mal a empiré faute de soins, et à cause notamment des nuits à même les bas flancs. Un médecin des prisons a refusé une prise en charge hospitalière disant que pour son dos, le mal venait "des petites bêtes" (les poux). C’est une visiteuse de la Croix-Rouge qui est intervenue outrée (en plus il n’avait pas les colis que sa mère envoyait), c’est ainsi qu’il a été soigné à l’hôpital de Chartres. Il a su que cette visiteuse avait fait un signalement et que le médecin aurait eu des comptes à rendre après la guerre. Mon père a subi deux greffes des os des deux jambes pour son dos. Il a été grandement sauvé par l’énergie d’une religieuse la Sœur Agnès. Il a été en convalescence à Pessac en Gironde. »
Il témoigna après la Libération devant la commission d’épuration de la police, il déclara : « Je n’ai pas à me plaindre des inspecteurs qui ont procédé à mon arrestation. Pendant mon séjour aux Brigades spéciales, je n’ai pas été frappé. Rien n’a été dérobé à mon domicile par les inspecteurs qui ont opéré la perquisition ». Raymond Fiévet a été homologué Interné résistant.
Magasinier à la Thomson-CSF à Bagneux dans les Hauts-de-Seine, syndiqué à la CGT, Raymond Fiévet s’était investi au Comité d’entreprise dans l’activité de la bibliothèque, elle comptait cinq mille à six mille ouvrages. Sa fille Anne-Laure se souvient qu’il s’était « battu pour l’accès à tous les personnels à la littérature, aux livres d’art notamment. Il était très actif et ne cédait rien à qui que ce fût pour l’accès à la culture sans distinction de hiérarchie. »
« Il était resté syndiqué CGT et militant mais membre d’aucun parti, c’était un esprit libre qui ne craignait pas la discussion ni la contradiction. Il aimait manifester avec ses copains. Je sais qu’il a dû prendre beaucoup sur lui pour supporter ces années en usine afin de faire vivre sa famille. Il n’a jamais arrêté la poésie (ses poèmes ont été lus à la Thomson lors d’une séance du CE par Denis Manuel et les collages faisaient partie du langage poétique. »
Il mourut le 2 septembre 2011 à Paris XIVe arrondissement. Il a été inhumé au cimetière du Montparnasse à Paris. Deux anciens résistants membres de la Fédération nationale des déportés, internés, résistants patriotes étaient présents, l’un chanta à capella Le Chant des partisans, et Le Chant des Marais des résistants antifascistes allemands.
Il s’était marié le 15 juin 1946 à Paris (XVe arr.) avec Simone, Claire Salem, puis se remaria le 27 septembre 1958 à Paris (XIIe arr.) avec Germaine, Ida Normand.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article190391, notice FIÉVET Raymond, Louis par Daniel Grason, version mise en ligne le 3 avril 2017, dernière modification le 18 octobre 2020.

Par Daniel Grason

SOURCES : AN Z/4/7. – Arch. PPo. GB 57 BS1, BA 2057, KB 36 (commission rogatoire du 29 septembre 1946), 77W 3116. – Bureau Résistance GR 16 P 223516. – État civil site internet Match ID. - Nos remerciements à Anne-Laure fille de Raymond Fiévet pour toutes les informations qu’elle nous a communiquées.

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