JOURDAN Marie-Louise

Par Daniel Grason

Née le 27 février 1899 à Nevers (Nièvre), morte en avril 1943 à Auschwitz (Pologne) ; teinturière ; déportée résistante.

Fille de Charles, journalier et de Rosalie, Marie, Eugénie, née Legrand, sans profession, Marie Bonnot épousa Raoul Jourdan, typographe le 4 octobre 1919 en mairie de Nevers. Le couple vint habiter à Paris.
Marie Jourdan servait de boite à lettre à d’importants militants communistes clandestins pendant l’Occupation. Ainsi elle accueillit Germaine Pican qui devait rencontrer chez elle André Pican. Ce dernier était filé par des inspecteurs de la BS1, ce qui permit d’identifier d’autres militants dont Félix Cadras, Georges Politzer et son épouse Maïe, Marie-Claude Vaillant-Couturier, Danielle Casanova
Pour poursuivre les enquêtes en province, le commissaire Fernand David qui dirigeait la BS1 obtint de la Préfecture de police qu’elles soient confiées aux commissaires et inspecteurs de la Première Brigade mobile. Enfin, une nouvelle opération en région parisienne menée aboutissait à l’interpellation d’Arthur Dallidet. La police interpella plus de quatre-vingt personnes dont la plupart étaient des militants et militantes communistes.
Lors des surveillances, les policiers notèrent qu’André Pican se rendit à plusieurs reprises au 34 rue Letort (XVIIIe arr.) et dans une teinturerie 6 rue Mélingue (XIXe arr.). Le couple Marie et Raoul Jourdan vivait au 34 rue Letort, et Marie Jourdan était teinturière rue Mélingue. Le 15 février 1942, des policiers de la BS1 frappèrent à la porte de l’appartement de la rue Letort et interpellèrent le couple Jourdan et Germaine Pican, institutrice, épouse d’André, libérée récemment d’un camp d’internement.
Les interrogatoires eurent lieux dans les locaux des Brigades spéciales à la Préfecture de police, les époux Jourdan reconnaissaient qu’ils n’ignoraient rien de l’activité du couple Pican. À leur domicile 5000 francs et un carnet de notes sur lequel figurait notamment l’adresse d’André Pican et Félix Cadras furent saisis, ainsi que des notes manuscrites de la même écriture que certains documents trouvés sur les deux dirigeants communistes. Marie-Louise Jourdan n’était pas une militante communiste, mais elle rendait volontiers service. Son mari Raoul et leur fils Robert, âgé de onze ans furent relâchés.
Marie-Louise Jourdan resta au dépôt jusqu’au 23 mars 1942, à la Santé au secret, jusqu’au 24 août 1942, puis au fort de Romainville. Le 24 février 1943, Marie-Louise Jourdan était dans le convoi qui partit de Compiègne, 230 femmes prirent la destination d’Auschwitz (Pologne), et 1557 hommes celle de Sachsenhausen (Allemagne). Quarante-neuf femmes rentrèrent d’Auschwitz (21%), Marie-Louise Jourdan matricule 31665 y mourut du typhus en avril 1943. Elle fut homologuée au titre de la Résistance Intérieure Française (RIF). Quant au commissaire Fernand David, il fut condamné à mort et exécuté.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article190393, notice JOURDAN Marie-Louise par Daniel Grason, version mise en ligne le 5 mai 2017, dernière modification le 20 janvier 2018.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo. GB 129 BS1 (rapport de synthèse), 77W 942. – Bureau Résistance GR 16 P 72695. – Il y un dossier Louise Jourdan au RGASPI de Moscou, 495 270 8581 (pas encore consulté) qui peut correspondre à Marie, Louise Jourdan. – Notes de Claude Pennetier. – Charlotte Delbo, Le convoi du 24 janvier, Éd. de Minuit, 1995. – Jean-Marc Berlière avec Laurent Chabrun, Les policiers français sous l’Occupation, Éd. Perrin, 2001. – Livre-Mémorial, FMD, Éd. Tirésias, 2004. – État civil AD Nièvre 4 E 194/168 acte 175.

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