LION Isidore

Par Jean-Sébastien Chorin

Né le 17 janvier 1882 à Munich (Allemagne), massacré le 17 ou 18 août 1944 à Bron (Rhône) ; représentant de commerce ; victime civile.

Isidore Lion était le fils de Samuel Lion et de Rebecca Rosenbaum. Il épousa Berthe Frank vers 1920 et eut une fille, Ruth Lion, née le 7 avril 1922 à Munich (Allemagne). Isidore Lion acquit la nationalité française par réintégration. Il exerçait la profession de représentant de commerce.
Après la déclaration de la guerre, il se réfugia avec sa famille à Mâcon (Saône-et-Loire), 140 rue Rambuteau.
D’après le fichier de Montluc, Isidore Lion fut arrêté le 13 août 1944 à Lyon (Rhône). En réalité, il fut sans doute pris le 13 août, à Mâcon, avec d’autres Juifs de Saône-et-Loire (Maïer Kaczka, Frédéric Krieger, Majleck Postbrif, ...), lors d’une rafle organisée par la Gestapo et la Milice en représailles des pertes subies par les troupes allemandes dans la région de Cluny (Saône-et-Loire). Sa femme et sa fille furent également appréhendées. Tous trois furent conduits à Lyon et internés à la prison de Montluc. Isidore Lion fut incarcéré dans la « baraque aux Juifs ».
Le 14 août 1944, eurent lieu des bombardements sur la base aérienne de Bron (Rhône). Devant l’ampleur des dégâts, les Allemands décidèrent de faire travailler sur le camp d’aviation des détenus juifs de la prison de Montluc.
Le 17 août, à 9 heures du matin, 50 prisonniers furent extraits « sans bagage » de la « baraque aux Juifs ». Le gardien Wittmayer fit l’appel et, à la dernière minute, les Allemands remplacèrent deux catholiques par des Juifs. Ils furent embarqués sur trois camions gardés par des soldats allemands armés de mitraillettes, puis amenés sur le champ d’aviation de Bron. A Bron, les prisonniers furent répartis par groupes de trois et contraints de rechercher, d’extraire et de désamorcer des bombes non éclatées. Vers midi, ils furent dirigés près d’un hangar pour déjeuner. L’un des détenus, Jacques Silbermann, profita de cette occasion pour s’évader. Après des menaces de représailles et de vaines recherches, les soldats allemands conduisirent les 49 détenus sur le chantier pour reprendre le travail. A 18h30, alors que les prisonniers remontaient sur un camion pour regagner Montluc, un major allemand donna l’ordre de les amener sur un autre chantier. Les 49 détenus furent conduits près de trois trous d’obus au-dessus desquels ils furent exécutés par balles. Leurs corps furent ensuite recouverts de terre et de gravats.
Le matin du 18 août, 23 détenus juifs de Montluc, dont au moins 20 de la « baraque aux Juifs », furent extraits « sans bagage » de la prison et conduits dans des camions au camp d’aviation de Bron. Surveillés par des soldats allemands, ils durent reboucher les trous d’obus et déterrer et désamorcer des bombes non éclatées toute la journée. A midi, on leur donna une portion de soupe claire. A 18 heures, l’adjudant-chef Brau demanda à 20 soldats de se porter volontaires pour accompagner les détenus. A 18h30, ils chargèrent les prisonniers sur un camion en les battant à coups de cravaches et de crosses de fusils. Les détenus furent conduits près d’un grand trou de bombe. On les fit mettre en cercle autour de la fosse qu’ils commencèrent à reboucher. Les soldats portaient des bouts de tuyau en fer entourés de caoutchouc. Les détenus furent vraisemblablement battus (assommés peut-être ?) et ils reçurent chacun une balle dans la tête ou dans le corps. Le lendemain, l’adjudant-chef Brau fit recouvrir de terre et de blocs de maçonnerie la fosse dans laquelle gisaient pêle-mêle les corps des victimes.
Le 19 août, le chef de la « baraque aux Juifs », Wladimir Korvin-Piotrowsky, dû remettre « en tas » les bagages des 70 prisonniers juifs de la baraque aux autorités allemandes.
En septembre 1944, cinq charniers furent découverts sur le terrain d’aviation de Bron. Le corps d’Isidore Lion fut retrouvé le 19 septembre dans le charnier C, situé au nord du hangar numéro 13 et contenant 25 cadavres. Nous pouvons déduire grâce à différents témoignages que la fosse C contenait vraisemblablement les cadavres de 22 victimes du 18 août, les cadavres de 2 victimes du 17 août et le corps d’une femme exécutée probablement le 21 août. Il est donc difficile d’établir clairement quelle fut la date d’exécution d’Isidore Lion. Le rapport du médecin légiste indique qu’il fut tué d’une balle dans le dos. Son corps fut décrit comme suit : 1m70, cheveux grisonnants. On trouva sur lui des chaussettes et des mouchoirs portant les initiales « J.L. » et une alliance en or sur laquelle était inscrit « B.F. 26-12-20, CC. ». Il fut d’abord enregistré sous le numéro 56 puis identifié le 9 octobre 1944 par sa fille Ruth Lion, habitant 140 rue Rambuteau à Mâcon. Son acte de décès fut dressé le 9 octobre sur la déclaration de son beau-frère, Robert Landauer, domicilié à Saint-Cyr-au-Mont-d’Or (Rhône). Son corps fut inhumé au cimetière de Lyon - La Mouche (VIIe arr.).
Il obtint la mention Mort pour la France en 1947. Le nom d’Isidore Lion apparaît sur le monument aux morts de Mâcon et sur le monument commémoratif de Bron dédié aux prisonniers de Montluc exécutés sur la base aérienne en août 1944.
Sa femme, Berthe Lion, et sa fille, Ruth Lion, furent libérées de Montluc le 24 août 1944. Berthe Lion décéda le 31 décembre 1944 à Mâcon des suites de son internement.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article190416, notice LION Isidore par Jean-Sébastien Chorin, version mise en ligne le 13 mars 2017, dernière modification le 12 mars 2020.

Par Jean-Sébastien Chorin

SOURCES : DAVCC, Caen, dossiers d’Isidore Lion et de Maïer Kaczka.— Arch. Dép. Rhône, 3335W22, 3335W11, 3335W27, 3335W15, 3460W1, 3460W4, 3808W866, 31J66.— Bulletin de l’Association des Rescapés de Montluc, N°18, mai 1946.— Bulletin de l’Association des Rescapés de Montluc, N°23, octobre 1946.— Pierre Mazel, Mémorial de l’oppression, fasc. 1, Région Rhône-Alpes, 1945.— Mémorial Genweb.

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