DESOURTEAUX Paul, Julien, Émile

Par Dominique Tantin, Isabel Val Viga

Né le 15 janvier 1905 à Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne), massacré le 10 juin 1944 à Oradour-sur-Glane ; épicier ; victime civile.

Épicerie Desourteaux, Oradour-sur-Glane
Épicerie Desourteaux, Oradour-sur-Glane
crédit : Isabel Val Viga

Paul – dit Émile était le fils de Jean-François Émile Paul* (né le 7 septembre 1872, à Oradour-sur-Glane) - lequel, médecin et ancien maire, était en 1944 président de la Délégation spéciale nommée par Vichy et faisait office de maire, - et de son épouse Marie Hortense née Dutreix* (née le 15 mars 1880, à Jussey, Haute-Saône). Ses parents s’étaient mariés le 19 juillet 1902 à Saint-Just-le-Martel.
Il était le deuxième d’une fratrie de 6 enfants, Berthe Françoise – dite Alyette (née le 6 mai 1903) épouse de Jacques Yvon, Charles François Jacques* (né le 29 décembre 1905), Désiré François (né le 12 février 1908), Louis Aimé Étienne* (né le 1er janvier 1910), Jean Hubert (né le 22 avril 1912) époux Marguerite Guyot, tous nés à Oradour-sur-Glane.
Le 21 février 1926 à Limoges, il épouse Alice Irmine Beau* (née le 27 mai 1904, à Oradour-sur-Glane), fille de Joseph Antoine Beau* l’opposant politique de son père. De cette union naquirent trois enfants, Joseph André (né le 6 août 1925, à Limoges), Anne Marie Bernadette* (née le 26 avril 1932, à Oradour-sur-Glane), Geneviève Lucienne* (née le 8 juillet 1935, à Oradour-sur-Glane).
En 1930, le couple reprit l’épicerie-mercerie familiale dans le Bourg d’Oradour-sur-Glane. La famille Desourteaux était domiciliée au Bourg d’Oradour-sur-Glane, avec son beau-père Joseph Antoine Beau*.
Son frère Jean Hubert échappa au massacre, ayant pu se cacher à l’arrivé des Allemands. Son fils André, échappa également au massacre, absent pour le travail à la poste de Limoges.
« Desourteaux était un nom connu à Oradour. Des deux côtés de sa famille, des parents avaient été maires du bourg. La rue principale portait le nom de son arrière grand-père, Émile Desourteaux (…) son fils Paul lui succéda et fut maire jusqu’en 1919, date à laquelle il fut battu par le grand-père maternel et socialiste, Joseph Beau. »
« Le 9 juin la veille du massacre, j’étais de repos, donc j’étais à Oradour. Je suis parti le soir, pour coucher à Limoges et pour reprendre mon servie à 5H du matin. (…) Le train d’Oradour n’est pas rentré. J’ai mis mon vélo dans le train et je descendu à Saint-Victurnien, puis je suis parti à vélo. (…) Ce n’est qu’en arrivant à hauteur de la Villa Lavérine, c’est là que je me suis aperçu que l’église avait brûlé. Alors, je suis descendu, j’ai traversé le bourg, je me suis arrêté devant chez moi, mes parents habitaient à côté de l’école des filles, dans le centre du bourg, je me souviens avoir regardé ma maison qui était complètement brûlée. J’ai repris mon vélo, je suis monté jusqu’en haut du bourg, c’est là que j’ai rencontré le premier habitant M. Machefer. (…) Des habitant ont commencé à arriver et certains m’ont dit, Marcel Darthout est chez sa tante à la Fauvette, il a été blessé. (…) je retrouvais le frère de Marcel, Aimé Darthout, nous sommes allés dans les granges, où les gens avaient été tué. »

« M. le Docteur Desourteaux père, président de la Délégation spéciale, est soudain interpellé par un officier : "Vous allez, lui dit-il brutalement, me désigner trente otages." Le maire, très dignement, répliqua qu’il lui était impossible d’accéder à cette demande. Il fut conduit à la mairie où il resta quelques instants, puis revint vers le lieu du rassemblement où on l’a entendu dire à l’officier allemand qu’il se désignait lui-même et que s’il fallait d’autres otages, on n’avait qu’à arrêter sa famille. »
Il fut victime du massacre perpétré par les SS du 1er bataillon du 4e régiment Der Führer de la 2e SS-Panzerdivision Das Reich, mitraillé puis brûlé avec ses frères et son beau-père dans l’une des six granges dans lesquelles les hommes furent massacrés. Son père fut mitraillé puis brûlé dans la grange Denis dans laquelle les hommes furent massacrés, son corps fut identifié. Son épouse, ses filles, sa mère et ses neveux furent brûlées dans l’église avec l’ensemble des femmes et des enfants d’Oradour-sur-Glane. Les corps de ses neveux Georges et Raymond Thomas furent identifiés.
Paul Desourteaux obtint la mention « Mort pour la France » par jugement du tribunal de Rochechouart du 10 juillet 1945.
Son nom figure sur le monument commémoratif des martyrs du 10 juin 1944 à Oradour-sur-Glane.
Son frère Jean Hubert sera témoin au procès de Bordeaux en 1953. Il épousera le 19 juillet 1946 à Oradour-sur-Glane, Marguerite Emma Guyot (née le 22 juin 1912, à Limoges), il décède le 10 octobre 1995 à Saint-Just-le-Martel. Sa sœur Berthe Françoise – dite Ayette décède le 2 août 1991. Son frère François Désiré décède le 6 octobre 1971 à Saint-Just-le-Martel. Tous inhumés à Oradour-sur-Glane.
Voir Oradour-sur-Glane

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article190431, notice DESOURTEAUX Paul, Julien, Émile par Dominique Tantin, Isabel Val Viga, version mise en ligne le 13 mars 2017, dernière modification le 19 décembre 2019.

Par Dominique Tantin, Isabel Val Viga

Épicerie Desourteaux, Oradour-sur-Glane
Épicerie Desourteaux, Oradour-sur-Glane
crédit : Isabel Val Viga
Épicerie Desourteaux, Oradour-sur-Glane
Épicerie Desourteaux, Oradour-sur-Glane
crédit : Isabel Val Viga
Épicerie Desourteaux, Oradour-sur-Glane
Épicerie Desourteaux, Oradour-sur-Glane
crédit : Isabel Val Viga
Épicerie Desourteaux, Oradour-sur-Glane
Épicerie Desourteaux, Oradour-sur-Glane
crédit : Isabel Val Viga

SOURCES : Liste des victimes, Centre de la Mémoire d’Oradour-sur-Glane. — Guy Pauchou, Dr Pierre Masfrand, Oradour-sur-Glane, vision d’épouvante, Limoges, Lavauzelle, 1967, liste des victimes, pp. 138-194. — Mémorial GenWeb. — Archives État civil de la Haute-Vienne, actes de naissances, mariages, décès, recensements. —Extrait du témoignage d’André Désourteaux recueilli par le centre de mémoire. —Sarah Farmer, « Oradour 10 juin 1944 », extrait interview André Desourteaux, par Marc Wilmart, 17 mars 1988 et Michel Follin le 8 juin 1988, à Oradour, éditions Tempus (p138-139).

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