BELLENTANT Victor

Par Jean-Luc Labbé, Justinien Raymond

Né le 18 avril 1874 à Vignieu (Isère), mort le 8 février 1963 à Châteauroux (Indre) ; ouvrier cordonnier puis commerçant ; syndicaliste, socialiste, conseiller municipal de Châteauroux.

Domicilié 26 rue des Marins, Victor Bellentant recréa en 1901 le syndicat des ouvriers en chaussures et partie assimilées de Châteauroux dont l’activité avait été mise en sommeil entre 1897 et 1900. Cette relance coïncida avec la création de la Bourse du travail de Châteauroux. Signe des temps, le syndicat supprima dans ses statuts les responsabilités de président et de vice-président et Victor Bellentant fut élu secrétaire de ce syndicat qui donna son adhésion à la CGT. Dans le formulaire de déclaration du syndicat à la Préfecture, il apporta les précisions suivantes : « le syndicat s’est réorganisé le 21 juin 1901 par le besoin commun de se resserrer tous, pour empêcher d’une part l’avilissement des salaires, plus de justice dans les rapports entre patrons et ouvriers, d’autre part pour le relèvement de l’art professionnel par des cours qui n’ont pas encore eu lieu faute d’immeuble à notre disposition. Le syndicat a également une caisse de secours en cas de maladie, caisse de chômage en dehors de grève en formation à l’heure actuelle, chose qu’il n’a pu encore accomplir vu sa réorganisation toute récente. » Le syndicat n’appellera pas à une grève et en avril 1902, Victor Bellentant annonçait que « le syndicat est arrivé à un accord avec MM. les patrons pour l’établissement d’un tarif unique de façon pour la ville de Châteauroux, résultat très appréciable en raison des prix divers existants antérieurement ».
En 1901, alors que le courant socialiste se structurait en deux partis principaux, Victor Bellentant choisit d’apporter son appui à la Fédération autonome qui rejoignit le Parti socialiste français de Jean Jaurès contre l’Union socialiste révolutionnaire (USR), qui regroupait de son côté les guesdistes du Parti ouvrier français et les vaillantistes du Parti socialiste révolutionnaire, USR dont le chef de file à Châteauroux était alors Edmond Augras. Bellentant et les socialistes autonomes prirent la majorité dans une conférence houleuse du « groupe d’études sociales » ; ce qui provoquera le ralliement d’Augras au Parti radical socialiste.
En 1902, Jean Jaurès vint à Châteauroux et Issoudun quelques semaines avant les élections législatives, exigeant que Dufour, alors seul député socialiste de l’Indre, prit l’engagement que son Parti ouvrier ne présenterait, au niveau national, aucun candidat contre les députés sortants du « Parti jauressien » ; ce que Dufour ne fit pas, à supposer qu’il eût été en mesure de le faire. La Fédération autonome (Bellentant à Châteauroux, Devaux à Issoudun et Desbordes à Argenton) décida pour la 1ère circonscription de Châteauroux de faire appel à Monoury, parisien investi dans le mouvement coopératif, qui rassembla moins de 10%. Mais la fédération autonome décida également de présenter un candidat contre Dufour à Issoudun ; celui-ci sera malgré tout réélu au 2ème tour.
Pour les élections municipales de 1904, Dufour reprit dès le 1er tour la mairie d’Issoudun au socialiste autonome Bonjour-Perrochon. A Châteauroux, sans la participation ni même le soutien des guesdistes, Victor Bellentant au nom des socialistes autonomes présenta une liste incomplète de quatre candidats dans un seul quartier (Bellentant, Courant, Berthelot-Adam et Tavernier) ; Bellentant fit le meilleur score des socialistes mais la moyenne de la liste ne dépassa pas les 10% ; ce qui n’inquiéta pas les radicaux et Bellier, le maire de Châteauroux.
Ces épisodes entre les courants socialistes rendirent très compliquée la réunification de 1905 au sein du seul PS-SFIO, réunification qui n’intervint qu’un an plus tard dans le département de l’Indre. Parmi les dirigeants de la Fédération autonome, et contrairement à Devaux et Desbordes, Victor Bellentant décida de peser dans le sens de l’unité. Il fut un des dirigeants départementaux de ce Parti socialiste unifié et représenta sa fédération départementale au congrès national à Saint-Étienne en 1909.
En 1919, Victor Bellentant fut élu conseiller municipal socialiste de Châteauroux sur la liste d’union avec les radicaux (18 radicaux et 9 socialistes). Conformément aux accords électoraux, il devint 2e adjoint au maire radical Amirault. En 1920, alors que la grande majorité des 700 adhérents socialistes de l’Indre décidaient le ralliement à la Troisième Internationale et la création du Parti communiste, Victor Bellentant resta dans « la vieille maison » et fut réélu conseiller municipal radical-socialiste jusqu’en 1935 et maire-adjoint.
Victor Bellentant fut aussi membre du comité de rédaction pour l’Indre du journal Le Parti socialiste de 1902 à 1905, journal hebdomadaire des fédérations socialistes autonomes de l’Indre et du Cher. En 1905, il avait quitté sa responsabilité de secrétaire du syndicat des ouvriers cordonniers et avait changé d’adresse en passant du n° 26 au n° 47, toujours sur l’avenue des Marins à Châteauroux. C’était vraisemblablement à cette époque qu’il s’était établi à son compte pour devenir artisan commerçant. Le syndicat des cordonniers (et sabotiers) avait eu 47 membres en 1896 avant une mise en sommeil ; 56 membres en 1901 lorsque Bellentant le recréa en 1901 et 25 membres en 1905 ; le syndicat fut réputé disparu en 1908.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article190472, notice BELLENTANT Victor par Jean-Luc Labbé, Justinien Raymond, version mise en ligne le 14 mars 2017, dernière modification le 15 novembre 2022.

Par Jean-Luc Labbé, Justinien Raymond

SOURCES : Arch. Mun. Châteauroux. — Encyclopédie Hubert-Rouger, Les fédérations tome 2, pp. 211-213 (son nom y est déformé en Bellautant). — Arch. Dép. Indre, déclarations des bureaux syndicaux. — Journal Le Parti Socialiste.

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