BIRTEGUE Albert

Par Jean-Luc Labbé

Typographe, syndicaliste, socialiste à Issoudun (Indre) de 1894 à 1914

Trésorier à la création de la Chambre syndicale typographique d’Issoudun en novembre 1894, Alfred Birtègue fut délégué à l’inauguration de la coopérative d’Albi au nom des syndicats et du groupe d’études sociales d’Issoudun en 1896. Il était alors domicilié rue de Vouet. Ce syndicat de typographe, dont le siège social se trouvait à la mairie, s’était autonomisé de celui de Châteauroux (76ème section de la Fédération) qui avait été créé en 1886. En 1898, Albert Birtègue (trésorier) et Joseph Garderault (président, domicilié 7 Place de La République puis rue Petite-Marmousse) démissionnèrent du syndicat qui fut réputé dissout faute d’adhérents.
Parallèlement, les deux hommes créèrent une imprimerie à Issoudun. Il ne s’agissait pas d’une coopérative mais d’une entreprise de droit privé, création vraisemblablement consécutive à une décision politique des socialistes. Jacques Dufour, maire d’Issoudun depuis 1892 venait d’être élu député en cette année 1898 et pour sa campagne électorale il avait utilisé le journal des socialistes du Cher.
Avec la mairie d’Issoudun, la députation et les conseillers généraux des cantons nord et sud, l’influence politique et les moyens financiers permettaient l’édition d’un nouveau journal. L’imprimerie édita, en plus des tracts, Le Prolétaire du Centre, hebdomadaire qui parut du 31 décembre 1899 au 7 décembre 1902. En 1899 les socialistes issoldunois des différentes sensibilités étaient réunis au sein du même « Groupe d’études sociales » et le journal s’efforçait de maintenir le pluralisme d’expression. Ce fut de plus en plus compliqué au fil des mois. Dufour (qui avait adhéré au Parti ouvrier de Jules Guesde), dans le souci de ne pas cumuler les mandats, laissa le poste de maire en 1899 à son premier adjoint Bonjour-Perrochon qui conduisit la liste socialiste aux élections municipales de 1900.
Albert Birtègue et Joseph Garderault mirent l’imprimerie au service de la Fédération socialiste autonome qui se constitua alors avec l’appui du maire Bonjour et de Jules Devaux. En 1902, la rupture était consommée. A la fin de cette année, Le Prolétaire du Centre cessa de paraitre et les socialistes autonomes créèrent à la suite un nouveau journal, Le Parti socialiste, pour le compte des fédérations de l’Indre et du Cher. Joseph Garderault fut délégué de l’Indre au congrès national du PSF en 1902 et Alfred Birtègue participa en février 1904 au congrès régional (Cher et Indre).
Jacques Dufour, au nom de l’Union Socialiste Révolutionnaire, regagna la mairie d’Issoudun en mai 1904. Dans l’Indre et le Cher la réunification de 1905 fut difficile. Ceux des socialistes autonomes qui refusèrent l’unité au sein du PSU créèrent en 1906 la Fédération républicaine socialiste du Cher et de l’Indre dont le principal point d’appui était le maire de Vierzon, Emile Péraudin. Albert Birtègue et Joseph Garderault imprimèrent à Issoudun le journal de cette fédération, La Bataille, à partir de 1906. En 1908, Birtègue était candidat sur la liste Devaux, de la fédération des autonomes, contre Dufour, maire sortant PSU. La lourdeur des contentieux ne permit pas une fusion des listes entre les deux tours et la droite fit élire 20 conseillers sur les 27 que comptait alors le conseil municipal.
Sans autre appui que le maire de Vierzon, Joseph Garderault et Albert Birtègue continuèrent l’impression de La Bataille dont la rubrique issoldunoise s’effilocha au fil des mois jusqu’à devenir inexistante à partir de 1912. Pendant ce temps la Fédération PSU de l’Indre utilisait les colonnes du Tocsin Populaire puis de l’Emancipateur, imprimés à Bourges.
L’imprimerie Birtègue et Garderault s’était éloignée du courant socialiste et en 1918, lorsqu’il fut question d’éditer un journal de la fédération de l’Indre du PSU, une coopérative ouvrière fut créée à Châteauroux. La Bataille fut éditée jusqu’en 1925 mais, semble-t-il, imprimée à Vierzon après la guerre.
L’imprimerie Birtègue et Garderault était située à Issoudun rue Montélimar puis rue de l’Emerillon et portait sur ses travaux la marque syndicale des ouvriers du livre CGT. Les deux typographes, lorsqu’ils créèrent le syndicat en 1896, étaient vraisemblablement salariés de l’imprimerie qui éditait L’Echo des Marchés, seul journal issoldunois à l’époque, qui ne faisait pas mystère de ses engagements royalistes et cléricaux.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article190510, notice BIRTEGUE Albert par Jean-Luc Labbé, version mise en ligne le 16 mars 2017, dernière modification le 16 mars 2017.

Par Jean-Luc Labbé

SOURCES : Arch. Dép. Indre, relevés des bureaux syndicaux et des résultats électoraux. – Journaux socialistes de 1898 à 1920.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable