MONNET Pierre

Par Michel Thébault

Né le 22 juin 1881 à Saint-Pourçain-sur-Besbre (Allier), fusillé sommairement en représailles le 16 août 1944 à Thiel-sur-Acolin (Allier) ; cultivateur ; victime civile.

Il était le fils de Charles Monnet âgé de 29 ans à sa naissance, journalier et de Pétronille Vernin âgée de 22 ans, tous deux domiciliés à La Loubière, commune de Saint-Pourçain-sur-Besbre (Allier). Domestique agricole lors de son recrutement pour l’armée en 1901, il accomplit son service militaire à partir de novembre 1902 au 21ème régiment d’infanterie à Langres (Haute-Marne). Démobilisé en septembre 1905, il revint s’installer à Thiel-sur-Acolin où il épousa le 8 juin 1907 Catherine Péjoux. Ils eurent deux fils, le premier né en 1911 et le second Joseph en 1920. Entre temps, en effet, Pierre Monnet fut rappelé sous les drapeaux par la mobilisation générale d’août 1914. Il fut incorporé le 1er septembre 1914 au 76ème régiment d’infanterie, passant en octobre 1915 dans l’armée territoriale, affecté dans divers régiments d’infanterie et du génie. Il fut démobilisé le 20 mars 1919. Il avait passé ainsi entre 1902 et 1920, sept ans et demi à l’armée. Il s’installa comme cultivateur avec son épouse et ses fils, près du domaine de la Girette sur la commune de Thiel-sur-Acolin.
A l’été 1944, un train armé de radiorepérage allemand stationnait en gare de Thiel-sur-Acolin, sur la ligne Moulins – Mâcon, protégé par une petite garnison allemande cantonnée dans la gare même de Thiel. Pour assurer son ravitaillement la garnison allemande eut recours à des réquisitions forcées de vivres et de matériel. Le 15 août 1944, deux militaires allemands partis, avec un attelage et un cheval réquisitionnés, chercher du ravitaillement dans les fermes du village, furent attaqués vers 20 h 30 sur la route de Saint-Pourçain-sur-Besbre à proximité du domaine de la Girette par un groupe de résistants issus d’un maquis voisin. Dans le bref affrontement, les deux soldats allemands qui avaient tentés de se défendre furent tués. Les corps furent abandonnés cachés avec la charrette derrière une haie voisine dans un pré appartenant à la famille Monnet, tandis que le cheval détaché regagnait la gare. Aussitôt alertée, la garnison allemande partit à la recherche des deux soldats disparus, retrouva rapidement le lieu de l’affrontement et après quelques recherches les corps des deux soldats. Les soldats allemands investirent la ferme voisine et arrêtèrent Pierre Monnet et Joseph Monnet son fils. Ils furent conduits à la gare, interrogés et brutalisés puis enfermés dans une cabane en bois, dépendance de la gare. Dans la nuit et toute la matinée du 16 août, le maire de Thiel tenta d’alerter toutes les autorités possibles (gendarmerie de Dompierre, commissariat de police de Moulins, préfecture et Feldkommandantur de Moulins) pour plaider leur innocence et obtenir leur libération. Pendant ce temps la garnison allemande poursuivit ses recherches incendiant la ferme de la famille Minard proche de la ferme des Monnet et dont les habitants s’étaient enfuis pendant la nuit. Son chef envisagea alors de faire fusiller 20 otages (dix par allemand tué). Dans l’après-midi après avoir refusé toutes les demandes de clémence des autorités civiles et religieuses, le sous-officier allemand responsable de la garnison exigea la présence de 50 hommes du village, ayant déclaré au maire : « Vous trouverez 50 hommes pour assister à l’exécution et s’il y a le moindre bruit, nous en fusillerons 10 ». A 18 h. assistés par le curé de Thiel, le père Doris, qui avait proposé de prendre la place d’une des deux victimes, Pierre et Joseph Monnet furent placés contre le mur de l’église devant les cinquante personnes rassemblées et furent fusillés sommairement dans le dos et le coup de grâce fut donné par une décharge de mitraillette dans la nuque. Les jours suivants les obsèques donnèrent lieu à une grande manifestation religieuse et patriotique, le cercueil de Pierre Monnet étant porté en terre par six anciens combattants de 1914 – 1918.
Pierre Monnet obtint la mention « Mort pour la France » et son nom figure avec celui de son fils Joseph sur une plaque commémorative apposée sur le mur extérieur de l’église, à l’abside.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article190533, notice MONNET Pierre par Michel Thébault, version mise en ligne le 15 mars 2017, dernière modification le 15 février 2022.

Par Michel Thébault

SOURCES : AVCC Caen, AC 21 P 379645, dossier victime civile pour Pierre Monnet (nc). — Arch. dép. du Puy-de-Dôme, 908 W 29 : crimes de guerre à Thiel-sur-Acolin .— Mairie de Thiel-sur-Acolin, état civil, archives communales (deux articles du journal La Montagne, automne 1944, signés Henri Laville) — Arch. Dép. Allier (état civil, registre matricule) — Mémorial genweb, plaque commémorativeJournal La Montagne.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable