CAVAILLEZ François

Par André Balent, René Lemarquis

Né le 20 avril 1894 à Béziers (Hérault) ; cheminot à Perpignan (Pyrénées-Orientales) ; syndicaliste CGTU, puis CGT ; militant communiste, membre du bureau de la région catalane du PC.

François Cavaillez était le fils d’un artisan cordonnier, père de cinq enfants, qui avait été avant la guerre « un anticlérical acharné », actif lors de la séparation de l’Église et de l’État. Son fils, François, « Quoique jeune », avait participé à ces luttes et décida, plus tard, de ne pas faire baptiser son enfant.
Élève de l’école primaire jusqu’à onze ans, François Cavaillez obtint une bourse des lycées et collèges mais n’en profita pas car, après deux années de cours, il dut abandonner pour aller travailler à l’âge de quatorze ans par suite des difficultés financières de sa famille. Il fut d’abord employé dans les bureaux de négociants en vins avant d’entrer comme « élève équipe » à la Compagnie du Midi jusqu’à son service militaire. Appelé en 1914 au 24e régiment d’Infanterie coloniale, (en garnison à Perpignan en temps de paix), il fut blessé en 1916 et fut choisi comme agent de liaison du colonel. Il participa à toutes les offensives de son régiment puis, en 1917, détaché à Dijon comme élève-pilote, il obtint à la fin de l’année son brevet de pilote et fut nommé caporal, grade qu’il avait à l’armistice. Il épousa Fernande Raisin, sans profession. Ils avaient en mars 1938 un fils de quinze ans et demi qui suivait les cours de l’école primaire supérieure de Perpignan. François Cavaillez était devenu facteur en matériel aux chemins de fer à Perpignan.
Jeune cheminot, François Cavaillez participa à la grève de 1920 pendant trente et un jours. Il ne fut pas révoqué, mais subit des sanctions quant à son avancement. Son activité militante s’exerça ensuite, durant une quinzaine d’années, dans le syndicalisme unitaire. Il avait choisi, dès la scission de 1921, la CGTU où il faisait appliquer les décisions du PC. « J’ai fait adopter, écrivait-il en 1938, la tutelle du PC pour la CGTU... n’étant pas du parti, je pouvais les combattre [les socialistes anticommunistes du syndicat] et faire adopter toutes les motions de nos secrétaire fédéraux que je savais du parti. » Il était alors secrétaire adjoint de son syndicat dont il sera trésorier après la réunification. Il fut délégué à divers congrès de la Fédération des cheminots, assistant aux « luttes des réformistes (l’équipe néfaste des Rambaud, Chambelland, Monatte [voir Antoine Rambaud*, Maurice Chambelland*, Pierre Monatte*]) ». Dans la CGT réunifiée, François Cavaillez fut élu (ou réélu ?) à la Commission administrative de l’UD-CGT des Pyrénées-Orientales lors de son XXVIIe congrès (Le Boulou, 18 décembre 1937) ; le même jour, il fut élu secrétaire adjoint de l’UD-CGT des Pyrénées-Orientales. L’unité syndicale réalisée, François Cavaillez pensa « qu’il devait adhérer au parti », ce qu’il fit en 1936. Il était en 1938 secrétaire de la cellule d’entreprise n° 2 (cheminots) de Perpignan et faisait partie du bureau de la section locale. Il était aussi au comité régional des Pyrénées-Orientales
François Cavaillez fut, de 1937 à 1939, membre du bureau de la région catalane du Parti communiste (il fut régulièrement réélu au comité et au bureau de la région par toutes les conférences régionales). Il siégea également à la commission d’organisation de la région catalane où il fut élu par le comité régional qui siégeait à la mairie de Millas le 9 janvier 1938. Il fut délégué au IXe congrès national du parti (Arles, décembre 1937). Il affirmait, étant sympathisant, avoir « essayé de comprendre le "trotskisme" » ayant lu, de Lénine, le recueil de textes choisis intitulé Trotsky et le trotskysme. Il dénonçait « les quelques éléments socialistes, se disant gauchistes révolutionnaires, qui font l’apogée du POUM espagnol » (il visait le groupe pivertiste perpignanais, de la Gauche révolutionnaire puis du PSOP, particulièrement actif à Perpignan entre 1936 et 1939).
François Cavaillez appartenait à diverses organisations dépendant du PC : Paix et Liberté, AUS, Comité franco-espagnol. Il était délégué titulaire au Comité général de la Bourse du Travail.
François Cavaillez est peut-être ce cheminot qui participa, à la fin de septembre ou au début d’octobre 1939, à une réunion clandestine à Perpignan qui avait pour but de reconstituer une direction départementale du Parti communiste et dont le nom est orthographié : « Cavaillé » par Étienne Frenay*, professeur au lycée François Arago de Perpignan dans un article publié en 1972 (voir à ce sujet Joseph Baurès*). Interné par les autorités vichyssoises, François Cavaillez fut déporté en Algérie (sans doute au camp de Bossuet). Libéré en avril 1942, il s’embarqua pour la France le 26 mai 1942 en compagnie de deux autres militants communistes catalans, Abel Broc*, de Prades, et Émile Dardenne*, de Rivesaltes.
Après la Seconde Guerre mondiale, François Cavaillez se retira dans l’Hérault et fut élu conseiller général d’un canton de ce département.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article19056, notice CAVAILLEZ François par André Balent, René Lemarquis, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 27 novembre 2021.

Par André Balent, René Lemarquis

SOURCES : Arch. Dép. Pyrénées-Orientales, versement du cabinet du préfet (16 septembre 1959), liasse 60 (suspects), dossier « Émile Dardenne » : lettre du gouverneur général d’Algérie au préfet des Pyrénées-Orientales (14 juin 1942). — RGASPI : 495.270. 3916. Autobiographie du 13 mars 1938. — Étienne Frenay, « Les Communistes et le début de la Résistance en Roussillon », Le Travailleur catalan, hebdomadaire de la Fédération communiste des Pyrénées-Orientales, 26 mai 1972. — Le Travailleur catalan, hebdomadaire de la Fédération communiste des Pyrénées-Orientales, 11 décembre 1937, 22 janvier et 24 décembre 1938, 7 janvier 1938. — Témoignage de Léon Bourrat, militant du PCF à Perpignan.

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