Par Jacques Girault, Jean Maitron, Claude Pennetier
Née le 18 février 1893 à Lyon (IIIe arr.) (Rhône), morte le 18 juin 1973 à Dun-les-Places (Nièvre) ; institutrice ; dirigeante nationale du SNI et de la FEN.
Fille de Louis Cavalier, négociant, et de Marie Prunier, sans profession, Marie-Louise Cavalier, élève de l’école primaire supérieure de la rue Mazenaud à Lyon, obtint le brevet supérieur. Devenue institutrice en 1912, elle fut, à partir de 1919, la secrétaire du groupement lyonnais des intérimaires de l’enseignement. En 1921, la police notait alors : « La Fédération des intérimaires est indépendante des autres groupements professionnels ou syndicaux », et précisait que Marie-Louise Cavalier était « sans aucune idée politique bien arrêtée » (Arch. Nat. F7/13744).
Membre du Syndicat national des instituteurs, elle fut remarquée par Jean-Arthur Senèze au cours d’une réunion syndicale régionale et devint, en 1923, membre du bureau national. En août 1927, le congrès du SNI la désigna comme secrétaire à l’intérêt des jeunes. En 1926, Georges Lapierre lui avait demandé de s’intéresser, comme permanente, aux questions pédagogiques et de devenir secrétaire de la commission des relations internationales à la suite de Louis Dumas. André Delmas vit en elle, avec Marthe Pichorel la « personnalité féminine la plus en vue du bureau du SN », dotée d’une « courtoisie naturelle » et d’une « amabilité diplomatique » (p. 212-213). En 1935, elle entra au conseil supérieur de l’instruction publique. Son activité en fit, avec Ludovic Zoretti la déléguée française au Secrétariat professionnel international de l’enseignement. En 1935, se posa la question de la réunification des organisations internationales, notamment d’une fusion avec l’Internationale des travailleurs de l’Enseignement. Selon les responsables de l’ITE, elle aurait émis des doutes sur les intentions affichées par l’ITE : former une nouvelle organisation internationale au lieu d’adhérer au SPIE. Elle développa des remarques semblables dans la presse syndicale française tout en se montrant très favorable à la constitution d’une forte organisation internationale.
Le SNI étant dissous, elle reprit un poste à Marseille en 1939, puis à Antony (Seine, Hauts-de-Seine) en octobre 1940. En 1942, habitant le quartier de la Chapelle, elle était la secrétaire de l’ Œuvre d’entraide fraternelle aux instituteurs et institutrices publics de France et des colonies et de leurs familles victimes de la guerre », dont le siège au 94 rue de l’Université, fut déplacé le 8 janvier 1941 au 23 rue de Richelieu. Cette association avait pour but, d’après les statuts, d’apporter aux enseignants du primaire “toute l’aide possible matérielle et morale“. Elle avait été fondée par des sociétés (Fédération des autonomes, Soutien mutuel, Union nationale des sociétés de secours mutuels, Fédération nationale des mutualités de l’enseignement public, Fédération des associations départementales de la MAAIF). En 1942, dans le quartier de la Chapelle où elle habitait, elle était la secrétaire de l’Œuvre d’entraide fraternelle aux instituteurs et institutrices. En octobre 1942, elle obtint la direction de l’école de filles, 85 rue Thiers à Boulogne.
Quand se reconstitua le SNI en septembre 1944, elle retrouva sa place dans son bureau et redevint la responsable de la commission des relations internationales jusqu’en 1950. Elle faisait également partie des commissions d’éducation sociale et des œuvres péri et postscolaires. Au début de 1946, pressentie pour le poste de secrétaire générale du SNI, elle indiqua qu’elle n’accepterait que si un vote unanime « se dégage[ait] sur [s]on nom. » Tel ne fut pas le cas : elle recueillit quatorze voix ; René Bonissel et Juliette Harzelec votèrent contre, et il y eut cinq abstentions (outre l’intéressée, René Vivès, Eugène Jacquemard, Marcel Valière et Paul Duthel). Elle refusa le poste et proposa Henri Aigueperse qui fut élu à l’unanimité. Les quatre permanents désignés furent Aigueperse, Bonissel, Jacquemard et Senèze. Dans un éditorial de L’École libératrice (25 janvier 1946), Senèze constatait qu’elle « ne crut pas devoir céder aux pressantes sollicitations dont elle fut l’objet, pas même au vote qui la désigna comme secrétaire générale » et ajoutait : « Tous ceux qui la connaissent le regrettent, mais nous ne pouvions que nous incliner devant sa décision. »
Le bureau national du SNI, le 5 mai 1946, la désigna comme sa candidate pour les directrices d’école au Conseil de l’enseignement du premier degré où elle fut élue en juin suivant puis à la section permanente du Conseil de Supérieur de l’Éducation nationale.
En novembre 1947, lors des élections du bureau national pour la première fois à la proportionnelle, elle faisait partie des vingt candidats sur la liste « Pour une action constructive dans l’indépendance du syndicalisme » conduite par Aigueperse. Le 28 décembre 1947, elle fut élue avec 964 voix. À partir de 1948, elle était la responsable de la commission des relations internationales et de l’enseignement à l’étranger. Bien que non candidate lors de la réunion du bureau national, le 12 janvier 1950, elle fut confirmée comme membre de la commission des affaires internationales. Elle participait aux réunions et écrivait d’importants articles dans L’École libératrice et continuait à représenter le SNI dans les rencontres internationales.
À la Libération, Marie-Louise Cavalier, considérée comme n’ayant pas démérité par la direction de la Ligue de l’Enseignement, secrétaire de la Fédération générale de l’enseignement pendant quelques mois, fut élue vice-présidente de l’organisation et réélue au conseil général de la LDE au congrès de juillet 1948. Membre du bureau de la FGE devenue Fédération de l’éducation nationale, elle entra à son secrétariat en mars 1946. Elle resta membre du bureau fédéral et secrétaire internationale jusqu’en 1948 et figura dans la commission internationale jusqu’en 1954. Elle fut chargée du rapport sur la défense de la paix à la conférence du 1er juillet 1946 de Paris, constitutive de la Fédération internationale syndicale de l’enseignement et en fut élue secrétaire ainsi que Paul Delanoue ; elle en était secrétaire générale et trésorière de jusqu’à ce que le SNI quitte la FISE en 1949. Elle contribua ensuite à la création en 1948 du Comité d’Entente (entre FISE, FIAI et FIPESO) avec Delanoue, André-Marie Gossart et Émile Hombourger qui lui succéda à la responsabilité des affaires internationales au bureau de la FEN. Elle était membre assistante de la direction quand elle signa en 1954, à la conférence de Moscou la Charte des éducateurs.
À la Libération, la direction de la Ligue de l’enseignement considéra qu’elle n’avait pas démérité et elle fut élue vice-présidente de l’organisation. Elle fut ensuite réélue au conseil général de la LDE au congrès de juillet 1948.
Marie-Louise Cavalier appartint au premier conseil d’administration de la Mutuelle générale de l’éducation nationale (MGEN).
Par Jacques Girault, Jean Maitron, Claude Pennetier
SOURCES : Arch. Nat., F7/13744. — Arch. PPo, GA C2, 369163 (dossier M.-L. Cavalier) et 149027 (dossier Auriaux). — RGASPI, 534, 6, 112. — Arch. Bourse du Travail de Lyon. — Arch. FEN (L. Frajerman). — Arch. IRHSES (Fonds Hombourger, archives internationales). — Presse syndicale. — André Delmas, Mémoires d’un instituteur syndicaliste, L’Albatros, 1979. — Nathalie Sevilla, La Ligue de l’enseignement-Confédération générale des œuvres laïques, 1919-1939, thèse de doctorat, IEP de Paris, 2004. — L’Action laïque, n° 104, août-septembre 1948. — Notice DBMOF, par Jean Maitron et Claude Pennetier. — Note d’Alain Dalançon.