Par Gilles Pichavant
Né le 15 septembre 1871 à Leforest (Pas-de-Calais) ; mineur à Hénin-Liétard (Pas-de-Calais) ; syndicaliste CGT, délégué mineur à Hénin-Liétard, puis à Montigny-en-Gohelle (Pas-de-Calais) ; militant guesdiste du POF.
Bernard Évrard naquit à Leforest (Pas-de-Calais), fils d’André Évrard, mineur, et d’Élisa Libert, ménagère. Son père mourut alors qu’il était enfant, et il eut comme tuteur un oncle paternel. Il entra à la mine après avoir obtenu son certificat d’Étude. En 1891 il était mineur à Hénin-Liétard (Pas-de-Calais). Licencié à la suite de grèves, il habita Billy-Montigny (Pas-de-Calais) en novembre 1894, Bully-les-mines en 1895, Avion en décembre 1896. En juin 1897 il revint à Billy-Montigny, et s’installa définitivement à Montigny-en-Gohelle (Pas-de-Calais), commune voisine, en avril 1900.
En 1901, Bernard Évrard était délégué mineur à Hénin-Liétard (Pas-de-Calais). C’est sans doute à cette époque qu’il décida de se faire appeler Évrard-Bernard, pour se différencier du secrétaire général du syndicat des mineurs du Pas-de-Calais, qui s’appelait Florent Évrard. C’est sous ce nom d’Évrard-Bernard qu’il se présenta aux élections de délégué mineur, mais aussi aux élections politiques locales, et qu’il signait les rapports d’accidents qu’il transmettait au préfet du Pas-de-Calais.
En 1904, Évrard-Bernard était délégué mineur à la Compagnie des mines de Dourges, à Montigny-en-Gohelle (Pas-de-Calais), fosse N° 7 dite du « Dahomey ». Militant du syndicat des mineurs du Pas-de-Calais, il avait opté pour le nouveau syndicat fondé par les guesdistes en 1902, et était le secrétaire de la section syndicale d’Hénin-Liétard. En 1905 il jouait un rôle important dans la Fédération syndicale du Pas-de-Calais, affiliée à la CGT, où il agissait pour l’union entre les deux organisations de mineurs. Il est décrit ainsi dans l’Égalité de Roubaix-Tourcoing du 24 septembre 1905, dans un article titré « l’Unité ouvrière », et signé d’un militant du Vieux syndicat, : « M. Evrard-Bernard est un homme énergique, qui écrit magnifiquement, et qui sait en quelques mots faire passer des frissons dans l’âme populaire : « Halte-là ! Qui vive ! Mineur. Avance au ralliement. Qu’est-ce que tu veux ? six francs et la journée de huit heures » ». (...) « Mais, de mon point de vue, toute cette rhétorique décousue, ces métaphores de haute fantaisie ne valent pas une bonne et solide organisation où les cotisations sont perçues régulièrement et où la caisse contient autre chose que les proclamations enflammées de M. Delorme* ou M. Evrard-Bernard ».
Évrard-Bernard et Sébastien Cordier, furent les deux délégués mineurs désignés le 31 mars 1906, par le ministre des travaux publics Barthou, comme membres de la commission d’enquête de cinq personnes mise en place à la suite de la catastrophe de Courrières le 10 mars 1906. Les trois autres membres de cette commission étaient ingénieurs des mines. Les deux délégués mineurs se désolidarisèrent des ingénieurs et produisirent un contre rapport qui fit grand bruit, car il mettait en cause les responsabilités de la Compagnie. Évrard-Bernard et Cordier avaient mené une enquête parallèle à celle de la commission, au cours de laquelle ils étaient descendus au fond de la fosse numéro 4 avec Ricq, délégué mineur à la fosse numéro 3, et Urbain*, délégué mineur à la fosse numéro 2. Au fond, ils avaient été attendus par le délégué Dacheville*, délégué mineur aux fosses numéro 4 et numéro 11. Ils visitèrent ensemble les galeries toujours encombrées de cadavres en voies de décomposition, dont plusieurs centaines n’avaient pas été tuées lors de l’explosion, mais étaient mortes de faim. Ils consignèrent leurs observations qui étayèrent leur rapport.
Dans les mois qui suivirent la catastrophe de Courrières, Évrard-Bernard passa au vieux syndicat avec Celestin Moinier. Son ancien syndicat l’accusa d’avoir profité de la catastrophe de Courrières pour se créer une sinécure tranquille et profitable. En février 1909, il fut réélu délégué mineur aux fosses 6 et 6 bis de Dourges.
Aux élections cantonales de 1901, Évrard-Bernard fut candidat du POF guesdiste dans le canton de Carvin, face à Houssin*, de la fédération socialiste autonome (PSF) et maire de Montigny-en-Gohelle.
Il fut le secrétaire de la section d’Hénin-Liétard de la Libre Pensée.
Par Gilles Pichavant
SOURCES : L’Égalité de Roubaix-Tourcoing, du 25 novembre 1901, du 19 juillet 1901, du 14 avril 1906, du 24 septembre 1905, du 6 avril 1906, du 8 février 1909 — L’Action syndicale du 27 mars 1904 ; du 21 août 1910— Le Rappel, 16 avril 1906 — Arch.dep. du Pas de Calais, registre matricule