RIMBOEUF Léonard

Par Jean-Luc Labbé

Né le 29 août 1818 à Issoudun (Indre), mort le 28 février 1881 à Gentilly (Seine) ; cordonnier et chanteur de cabaret à Issoudun (Indre), brocanteur à Paris ; militant démocrate socialiste en 1848 ; interné suite au coup d’Etat du 2 décembre 1851 ; assigné à résidence à Angoulème en 1853.

Léonard Rimboeuf était le fils de Jean Rimboeuf, cordonnier à Issoudun et de Anne Girard. Il se maria le 15 juillet 1840 à Vatan (Indre) avec Marie Chatre. Le couple, installé à Vatan, donna naissance à quatre filles : Henriette-Léontine le 29 avril 1842, Eugénie-Bélica le 12 juillet 1843, Marie-Delphine le 13 avril 1845 et Anne-Victorine le 4 mars 1848. Léonard déclara être journalier en 1842 et 1843, cordonnier en 1845 et à nouveau journalier en 48.

Le couple, au tout début de la Seconde République, décida de s’installer à Issoudun et Léonard Rimboeuf, alors âgé de 31 ans, y déclara la profession de cordonnier (comme son père), lors de la naissance de son premier fils, François-Armand, le 17 septembre 1849. De ce fils, François-Armand Rimboeuf, il sera question plus loin.

Ouvrier cordonnier domicilié rue Petite Foulerie dans le quartier populaire des mégisseries et tanneries, père de cinq jeunes enfants, Léonard était revenu à Issoudun dans un moment révolutionnaire, dans cette ville la plus à gauche du département de l’Indre. Nul doute qu’il prit sa part aux mobilisations sociales et politiques. La police, deux ans plus tard, dira de lui qu’il "est très pauvre, n’ayant qu’un travail quelquefois insuffisant pour faire vivre sa famille". Il était aussi "chanteur dans les cabarets" et on l’imagine bien en vue, autant du petit peuple issoldunois que de la police qui, lors de l’instruction de son procès soulignera son appartenance à la "Jeune Montage".

Léonard Rimboeuf, militant démocrate parmi les jeunes ouvriers, fut arrêté dans les jours qui suivirent le coup d’Etat bonapartiste du 2 décembre 1851. Il lui était reproché d’avoir beaucoup circulé entre Issoudun et Vatan, où il avait gardé des attaches, pour "donner les nouvelles et tenter de provoquer des soulèvements les 3 et 4 décembre". Il ne semble pas avoir participé à la réunion chez Jean-Baptiste Lumet, où se trouvaient les principaux militants issoldunois.

Emprisonné à Châteauroux, condamné dans un premier temps à la déportation en Algérie, sa peine fut réduite début février 1852 par le préfet et le procureur à un internement dans une ville de métropole. Après avoir séjourné plusieurs mois dans les prisons de Napoléon III, il sera assigné à résidence à Angoulème (16). Dans cette ville, où sa femme l’avait rejoint et alors qu’il se disait colporteur, il déclara le 16 janvier 1853 la naissance d’un sixième enfant, Léon (1853-1920). Un mois plus tard, en février 1853, il apprenait la mesure de grace le concernant.

Très vite, la famille Rimboeuf s’installa à Paris, 12 rue du Pont-aux-biches (5ème Arr.). Cette adresse fut donnée par Henriette lors de son mariage le 20 juin 1863 avec Dominique Frelault. Léonard déclara la profession de coordonnier.

La famille Rinboeuf était domiciliée au 27 de la rue Gracieuse, toujours dans le 5ème arrondissement, lorsqu’advint la guerre de 1870 et la chute de Napoléon III. Pendant la Commune, l’aîné des garçons, François Armand, avait repris les engagements démocratiques de son père. Et comme lui, il en subit les conséquences. Pour sa participation à l’insurrection parisienne, ce magasinier de la Garde nationale, alors âgé de 23 ans, fut condamné en mars 1872 à la déportation dans une enceinte fortifiée de Nouvelle Calédonie.

En mars 1879, Léonard Rimboeuf s’inquiétait de ne pas avoir de nouvelles de son fils François. Depuis l’hôpital Cochin où il était hospitalisé et où il se sentait mourir, il écrivit au ministère pour savoir si son fils allait être parmi « les malheureux qui vont revenir ». Une loi d’amnistie venait d’être votée, certains condamnés avaient déjà été libérés. Mais le fils de Léonard Rimboeuf ne pouvait pas revenir : François Rimboeuf était mort depuis quatre ans, le 11 octobre 1875 à Numbo, presqu’ile Ducos (Nouméa, Nouvelle-Calédonie)… C’était un lundi, François avait 26 ans ; « 283 – FR ANOM COL H99 » était son matricule de déporté politique et il venait d’être assassiné par un co-détenu. Léonard Rimboeuf eut-il en 1879 une réponse du ministère l’informant sur la fin tragique de son fils ?

Brocanteur domicilié 1 rue Gracieuse (Paris XIIIe arr.), domicile où était décédée sa femme en 1871, Léonard Rimboeuf mourut le 28 février 1881 au n°1 de la rue du Kremlin à Gentilly. Quelques mois plus tard, la République édictait une loi d’indemnisation des victimes de la répression impériale. Deux enfants toujours en vie, Léon (1853- marié 7 juin 1879 -1920) et Henriette (1842- mariée en 1863), domiciliés à Paris, reçurent chacun une rente annuelle de 100 Francs. Ce fut aussi peut-être le cas, sauf si elles n’en avaient pas fait la demande, d’Eugénie (1843 -mariée en 1892 -1905), de Marie-Delphine (1845 - mariée 1872 -1901) et de Anne-Victorine (1848 -mariée 1872 -1918).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article190876, notice RIMBOEUF Léonard par Jean-Luc Labbé, version mise en ligne le 26 mars 2017, dernière modification le 23 mai 2020.

Par Jean-Luc Labbé

SOURCES : B. Moreau, Marianne Bâillonnée, Points d’Ancrage 2002. — Arch. Dép. Cher 2U233. — L’Echo des Marchés octobre 1882. — Etat-civil Issoudun. — Notes de Lucette Lecointe.
Il a été fait le choix d’écrire le nom avec l’orthographe Rimboeuf mais on trouve aussi Rinboeuf et Rainboeuf.

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