Par Alain Dalançon
Née le 18 janvier 1891 à Paris (XVIe arr.), morte le 8 mars 1981 à Paris (XVIe arr.) ; professeure agrégée, inspectrice générale ; militante syndicaliste féministe du SNES ; présidente de l’Union des physiciens, vice-présidente de la Société des agrégés, membre du CSEN.
Fille de Paul Victor Courtin, agent puis conducteur des ponts-et-chaussées, et de Marie Claire Lasalle, institutrice, Madeleine Courtin effectua sa scolarité secondaire au lycée Fénelon à Paris. Elle intégra en 1910 l’École normale supérieure de jeunes filles de Sèvres, dont elle devint présidente de l’association des anciennes élèves en 1943. Reçue au certificat d’aptitude à l’enseignement dans les collèges et lycées de jeunes filles en 1913, elle fut l’une des trois lauréates du concours de l’agrégation féminine de sciences physiques et naturelles en 1914, la même année que Claire Lombard, sa future camarade syndicaliste.
Comme toute jeune agrégée scientifique, durant sept années, à une époque marquée par la guerre, elle enseigna les sciences dans différents établissements provinciaux avant de pouvoir être nommée dans le cadre parisien. Elle commença au collège de Saint-Jean-d’Angély (Charente-Inférieure, Charente-Maritime) en 1915-1916, se rapprocha de la capitale, au lycée de garçons d’Amiens (Somme) de 1916 à 1918, passa ensuite brièvement aux lycées de Chartres (Eure-et-Loir), de Bourges (Cher), puis à nouveau à celui d’Amiens, resta deux ans (1919-1921) à celui de Caen (Calvados), avant d’obtenir une chaire à Paris, au lycée Victor Duruy. À la rentrée 1922, elle fut enfin nommée au lycée Molière, où elle effectua le reste de sa carrière d’enseignante, sauf en 1939-1940 où, après la déclaration de guerre, on la chargea de l’enseignement par correspondance des sciences physiques, son lycée ayant été fermé pour des raisons de sécurité.
Madeleine Courtin milita dès le début de sa carrière en faveur de l’égalité de l’enseignement secondaire féminin par rapport au masculin, notamment pour l’enseignement scientifique. Elle se félicita ainsi dans la Revue universitaire en 1924, de l’unification des programmes masculins et féminins en soulignant « la possibilité d’enseigner aux jeunes filles, dans un esprit tout féminin, les mêmes matières qu’aux garçons ». Elle insistait aussi sur l’importance des travaux pratiques dans les sciences expérimentales : « on ne comprend la physique que lorsqu’on fait soi-même les mesures ». Pour elle, « à côté d’une culture littéraire [pouvait] prendre place un humanisme scientifique, d’égale valeur éducative ».
Ces positions, elle les défendit, aussi bien dans le Syndicat national des professeurs de lycée et du personnel féminin (S3) que l’association de l’Union des physiciens et la Société des agrégées dont elle assura la vice-présidence dans les années 1930. Elle fut ainsi élue membre de la délégation féminine du Conseil supérieur de l’Instruction publique en 1927, proposée par l’Union des physiciens, et continua d’être élue membre à part entière du CSIP en 1934, et réélue en 1938.
Elle joua un rôle dans la Résistance et reçut pour sa conduite la croix de chevalier de la Légion d’honneur au printemps 1948 : dans L’Université syndicaliste du mois de juin, Marthe Fauré loua l’« esprit libéral sans attache politique », « la droiture de son jugement et de son caractère », de celle qui avait pris « sans réserve le parti de la Résistance et du soutien aux victimes de l’oppression pour lesquelles elle s’est employée avec autant de courage et de modestie que d’ingéniosité ».
Dès 1944-1945, Madeleine Courtin participa à la création du Syndicat national de l’enseignement secondaire et appartint à sa commission pédagogique. Elle fut élue membre du Conseil consultatif du second degré en mars 1945, puis en 1946 titulaire du Conseil de l’enseignement du second degré et du Conseil supérieur de l’Education nationale, et enfin titulaire à la commission paritaire nationale des agrégés en 1948. Présidente de l’Union des physiciens à la Libération, elle devint aussi vice-présidente de la Société des agrégés en 1949-1950 après l’unification entre les deux sociétés des professeurs agrégés et agrégées.
Elle siégeait toujours à la CAPN après les élections de 1952, et au CSEN, mais en tant qu’inspecteur d’académie nommée par le ministre. En effet, à partir de la rentrée 1951, elle fut chargée de mission d’inspection générale dans l’académie de Paris, puis après 1957, de l’inspection des établissements secondaires et des centres pédagogiques régionaux pour leur organisation pédagogique. Comme Firmin Campan, son collègue de l’inspection générale et ancien secrétaire pédagogique du SNES, elle était en effet particulièrement intéressée par la formation pédagogique des jeunes professeurs lauréats du nouveau concours du CAPES (certificat d’aptitude au professorat de l’enseignement public du second degré) et soutint la création des IPES (Instituts préparatoire aux enseignements de second degré).
Nommée inspectrice générale de l’Instruction publique en juillet 1958, elle prit sa retraite à la fin de l’année scolaire 1960-1961.
Par Alain Dalançon
ŒUVRE : « La méthode historique dans l’enseignement scientifique », Actes du VIIe Congrès d’histoire des sciences (Jérusalem 1953), p. 246-251.
SOURCES : Arch. Nat., F/17 27821, 29148 (dossier Duchet). — Arch. IRHSES (dont La Quinzaine universitaire, L’Université syndicaliste). —
Arch. état civil en ligne Paris. — Nicole Hulin, Les Femmes et l’enseignement scientifique, PUF, 2002. — Notes de Jacques Girault et Yves Verneuil.