FAURE Jean, Henry [Pseundonymes dans la Résistance : Léon, Léopold PUTZ, Léonard PATSSAT]

Par Eric Panthou

Né le 9 août 1906 à Saint-Céré (Lot), mort le 27 janvier 1996 à Saint-Céré ; militant antifasciste, syndiqué à la CGT, membre du Parti communiste (PCF) ; résistant, arrêté ; permanent syndical.

Jean Faure, connu sous le nom de Henri Faure fut le gérant de l’organe pacifiste, libertaire et espérantiste Le Contre Poison, en 1932-1933. Ce journal faisait également de la propagande en faveur de la contraception et de l’objection de conscience. Il faisait alors partie d’un groupe "végétarien".
Il s’est marié en octobre 1939 avec Marcelle Gasparoux à Nimes (Gard).
Il adhéra à la CGT dans les années 1930.
Il fut délégué au congrès d’Amsterdam contre la guerre (27-29 août 1932).
Dans les années 30, il aurait joué un rôle certain dans le cadre de l’UDP (Union de Défense paysanne) du Lot, créée en 1934 par le maraîcher Jean Cassagnade qui était alors en relation avec le comité central du PCF et notamment Waldeck Rochet. À la différence de Cassagnade, Faure adhéra au PCF dans les années 1930, à une date inconnue.

Il fut mobilisé le 3 septembre 1939 et démobilisé du dépôt 171 à Agen. Une fois libéré, il fut arrêté parce que militant communiste et interné à partir d’août 1940 au camp de séjour surveillé de Buzet-sur-Baïse (Lot-et-Garonne). Il fut ensuite envoyé au camp de Gurs (Hautes-Pyrénées) en octobre, puis au camp de Nexon (Haute-Vienne) en décembre. Il participa au sein du camp à l’activité du parti communiste. Il s’en évada le 2 mai 1941, sur ordre du Parti. Il rédigea alors un rapport détaillé sur la vie des camps.
Il indiqua qu’à partir de janvier 1941, le parti était organisé en groupes de 3 à Nexon, la littérature du Parti circulait, les militants versaient 2 francs par semaine de cotisation. Cette fraction organisée politiquement représentait 60% des effectifs du camp. Il évoqua les militants “ayant fléchi par désir de sortir plus vite” mais aussi le considérable renforcement de la police intérieure au bout d’un moment. Les promesses de libération pleuvaient comme bénédictions pour faire fléchir les copains. Il y avait des résultats. Les mouchards étaient disséminés dans les baraques et les policiers venaient souvent en visites inopinées.” Il insiste néanmoins sur la force de l’organisation des prisonniers politiques, leur bon moral.

Après son évasion de mai 1941, il travailla en mai chez un copain paysan dans l’attente d’une identité. Puis il fut envoyé le 15 juin pour s’occuper des départements de l’Allier, du Cantal, du Cher et plus spécialement du Puy-de-Dôme suite aux arrestations survenues à Limoges le 30 juin. Il ajouta qu’il devait bientôt rejoindre un nouveau poste dans l’Allier. Ces éléments figuraient dans le rapport qu’il remplissait alors pour la direction du parti sur son activité depuis 1939, rapport codé, saisi par la police le 6 septembre 1941 sur un autre militant.
Recherché, il a été arrêté à Moulins (Allier) par le service de la 6éme Brigade de Police Judiciaire le 4 avril 1942. Il venait de Montluçon. Il a été hébergé à Domérat, en banlieue montluçonnaise depuis le 30 octobre 1941 au 3 avril 1942.
Faure était recherché depuis septembre 1941 dans le cadre d’une enquête sur l’activité communiste à Clermont-Ferrand, identifié sous le pseudonyme de Léon et le nom d’emprunt de Léopold Putz, Faure s’est fait alors remarquer par ses allées et venues qui permettent à la police de penser qu’il est celui assurant la liaison du Parti communiste pour les départements du Puy-de-Dôme, Cantal, Allier et Cher pour sa partie en zone libre. Il a entrepris des démarches à Clermont-Ferrand en vue de se faire attribuer une carte d’identifié professionnelle de représentant de commerce, prétendant que ses papiers avaient été détruits lors d’un accident. Il agit avec une très grande prudence, ne donnant aucun rendez-vous à l’avance et se déplaçant uniquement en vélo. Les recherches en vue d’établir ses liaisons furent interrompues en octobre en raison des problèmes de coordination entre services de police. Vers le 10 novembre 1941, la liaison est rétablie.Faure est alors responsable à la propagande (OP). Selon un rapport, Faure déclare alors à ses contacts que le Parti vient certes d’être éprouvé par l’opération policière en cours à Clermont-Ferrand mais que cela aurait pu être plus grave car certains ont été relâchés. Il est persuadé qu’il y a un militant qui a parlé. Il prend alors l’identité de Patssat, disparaît puis réapparait à Clermont-Ferrand le 1er décembre en demandant une carte professionnelle au nom de Patssat, attestation de son employer montluçonnais à l’appui. La police sait qu’il habite alors la région de Montluçon mais ne l’a pas identifié comme Jean Faure, évadé de Nexon. Faure a sans doute commis des erreurs aux yeux de la direction du Parti puisqu’au 19 décembre, selon un rapport de police, les responsables locaux du Parti apprennent qu’il a été relevé de ses fonctions de responsable à la propagande pour redevenir simple adhérent.
Quand il est arrêté à Moulins, Faure avoue s’être évadé de Nexon et avoir emprunté les identités de Léopold Putz et Léonard Patssat. Il déclare comme profession être représentant de commerce d’une société installée à Paris (8éme mais nie toute activité communiste et lien avec les personnes mentionnées dans l’enquête comme ayant été ses contacts ou aides. Il s’avère que les papiers au nom de Patssat sont des faux. Il a été déféré au Parquet de Moulins et écroué pour cette évasion à la maison d’arrêt de Cusset (Allier), mais l’enquête se poursuit car il est suspecté d’être le Chef de l’organisation de propagande communiste dans la région Centre sous le nom de "Léon". On découvre que c’est Claude Planeix, important militant clermontois avant-guerre, qui lui a obtenu les papiers au nom de Léopold Putz.
L’enquête confirme les responsabilités de Faure au niveau régional au niveau technique et de la propagande. Une biographie interne au PC clandestin, avec photographie annexée le concernant, avait été trouvée sur Frédéric Sauvignet au moment de son arrestation le 6 septembre 1941. L’enquête permet aussi d’établir que Faure a été vu maintes fous dans la chambre qu’occupait Cuoq, dit Jean, à Chatelard, commune de Montluçon et où se trouvait alors tout le matériel servant à la diffusion des tracts. Faure est reconnu formellement par plusieurs militants arrêtés comme celui qui remettait les brouillons de textes de tracts et de journaux, qu’il rédigeait lui-même, à taper sur stencils.
On ne sait quelle fut sa condamnation, où il a été interné et quand il fut libéré.
Il ne milita pas beaucoup au PCF après 1944. Il habitait alors à Paris mais restait adhérent à Saint Céré.
Il s’occupa, à Paris et après la Libération, de la presse de la fédération CGT de l’agriculture jusque dans les années 1970.
Il avait abandonné le PCF en 1978 au moment de l’actualisation du Programme Commun.

Il mourut le 27 janvier 1996 à Saint Céré.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article190911, notice FAURE Jean, Henry [Pseundonymes dans la Résistance : Léon, Léopold PUTZ, Léonard PATSSAT] par Eric Panthou, version mise en ligne le 27 mars 2017, dernière modification le 17 mai 2020.

Par Eric Panthou

SOURCES : Arch. Nat. de Pierrefitte, 19880206/3 : surveillance des communistes à Montluçon entre juillet 1941 et février 1942. — La Voix des Travailleurs, 28 janvier 1933. — Archives départementales du Puy-de-Dôme. Cote 1296W100 : Rapport du commissaire de Police Judiciaire Pigeon à Monsieur le Commissaire divisionnaire Chef de la 2éme Section à l’Inspection Générale des Services de Police Judiciaire, le 13 octobre 1941.— arch. dép. du Puy-de-Dôme : 1296W101 : dossier Faure Jean, alias Putz Léopold, fiche d’arrestation de Jean Faure, 4 avril 1942.—Arch. dép. du Puy-de-Dôme : 1296W101 : l’inspecteur de Police Judiciaire Milliotte au Chef du service régional de Police judiciaire, le 19 avril 1942.— R.D., notice biographique d’Henri Faure, Dictionnaire des militants anarchistes, http://militants-anarchistes.info/spip.php?article1612 .— « 50éme anniversaire de la libération du Lot », http://www.pcf.fr/sites/default/files/18_19.pdf, .—fiche état civil acte de naissance et décès.— Informations transmises par Claude Nastorg pour la période d’après 1945 et période UDP.

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