Par Michel Thébault
Né le 8 août 1943 à Limoges (Haute-Vienne), massacré le 10 juin 1944 à Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne) ; victime civile.
D’origine espagnole, il était le fils de José Serrano Robles, originaire de la province d’Almeria (Espagne), instituteur en Espagne, et de María Pardo Guirao originaire de la province de Murcie, mais ayant vécu à Barcelone dans les années précédant 1939. Ses deux parents durent au début 1939 fuir l’Espagne lorsque l’offensive nationaliste contre Barcelone fin décembre 1938 amena rapidement l’effondrement du pouvoir républicain et la fuite de nombreux civils et des troupes républicaines en retraite (« retirada ») vers la France. Accueillis dans des centres d’hébergement organisés dans l’urgence, les réfugiés furent ensuite répartis dans les diverses régions françaises. Ses parents rejoignirent séparément le Limousin qui compta ainsi en mars 1939 plus de 6000 civils et blessés espagnols. Ils s’installèrent dans la région de Limoges. Les réfugiés, sans ressources, mais susceptibles d’exercer une activité furent incorporés à partir de l’été 1940 dans des structures d’encadrement de plus en plus contraignantes crées par le gouvernement de Vichy : les Compagnies de travailleurs étrangers puis les Groupements de travailleurs étrangers. C’est dans ce cadre que sa mère María rencontra José Serrano Robles employé aux carrières dans le GTE 643. Ils se marièrent vraisemblablement à Limoges fin 1940, et c’est à Limoges que naquit Francisco et sa sœur jumelle Esther en août 1943. La famille vint ensuite s’installer à Oradour-sur-Glane.
Francisco Serrano Pardo, âgé de 10 mois, fut victime du massacre commis par les SS du 1er bataillon du 4e régiment Der Führer de la 2e SS-Panzerdivision Das Reich à Oradour-sur-Glane le 10 juin 1944. Vers 15h, les femmes et les enfants furent enfermés dans l’église. Vers 16h, les soldats y introduisirent un engin explosif. Celui-ci dégagea une fumée asphyxiante, puis des SS pénétrèrent dans l’édifice et mitraillèrent femmes et enfants, jetèrent des grenades puis incendièrent l’église. Francisco périt ainsi avec sa mère, sa sœur Armonia et sa sœur jumelle Esther, dans l’église avec les autres femmes et enfants d’Oradour. Son père fut massacré le même jour avec le groupe des hommes.
Il obtint la mention « Mort pour la France » par jugement du tribunal de Rochechouart du 10 juillet 1945. Son nom figure sur le monument commémoratif des martyrs du 10 juin 1944 ainsi que sur deux stèles installées au cimetière d’Oradour-sur-Glane après la guerre, la première ayant été apposée très tôt par la Junta Espagnole de Libération au nom de la République espagnole.
Par Michel Thébault
SOURCES : Éva Léger, Thèse de doctorat L’exil républicain espagnol en Limousin. Cartographie des mémoires, des identités et des appartenances Université Paris Ouest Nanterre La Défense, Paris, 2014 — Jean Philippe Heurtin Limousin, Histoire de l’immigration aux XIXe et XXe siècles Revue Hommes et migrations 2009 n°1278 — Eva Léger La présence de réfugiés espagnols dans la commune d’Oradour-sur-Glane, conférence du 26 avril 2014 publiée dans les actes du Colloque de l’Ateneo du Limousin en 2014 — stèle pour les exilés espagnols à Oradour-sur-Glane — mémorial genweb.