DUVAL Simone [née LAGADEC, Simone, Françoise]

Par Jacques Defortescu

Née le 22 mai 1921 au Havre (Seine-Inférieure/Seine Maritime), morte le 12 avril 2019 au Havre ; institutrice ; élue municipale communiste du Havre ; militante associative.

Simone Duval dans son bureau municipal.
Simone Duval dans son bureau municipal.

Le père de Simone Lagadec, Jean-Marie Lagadec, était chaudronnier mécanicien en fer et en cuivre. Sa mère, Berthe Prud’homme, était couturière pour une maison de couture avant son mariage en 1917. Elle devint mère au foyer, fut atteinte par la grippe espagnole en 1918, et resta toute sa vie malade. Simone Lagadec eut une sœur : Denise, et un frère : Jean.

Simone Duval vécut toujours dans le même quartier du Havre . Elle y résidait encore en 2017, au 20 rue Ventenat. Elle était allée à l’école maternelle de la rue Aristide Briand, puis à l’école primaire de filles de la rue de Zurich puis à l’école supérieure de la rue des Gobelins, avant d’entrer à l’École normale d’institutrices à Rouen en 1937 (Promotion 37/40).

C’est à l’École normale qu’elle fut influencée par deux professeurs qui la guidèrent dans ses choix militants. Après juin 1940, dans une France sous l’occupation allemande, déjà communiste, sans avoir sa carte au Parti, elle participa à des réunions militantes.

Elle se maria le 26 décembre 1941 avec Louis Duval, commis de dehors sur le port du Havre dès l’âge de 12 ans. Il devint adhérent à la CGT dès que son âge le lui permit. Homme de gauche, il se consacra essentiellement à élever ses enfants. Il adhéra au PCF, après la chute du mur de Berlin en 1990 et décéda le 16 mars 1996. De l’aveu même de Simone Duval, il remplit les fonctions de « Père au foyer » compte tenu des activités militantes de Simone et des cinq enfants qu’ils eurent : Alain, né le 28 septembre 1942, Annick, née le 12 mai 1944, Lionel, né le 28 décembre 1946, Catherine née le 24 mai 1956 et Marianne née le 31 juillet 1958.

Elle obtint son premier poste d’institutrice à l’École Ancelot du Havre en octobre 1940. Puis les écoles étant toutes fermées par l’occupant, les enseignants furent envoyés pour faire la classe dans les campagnes environnantes, où furent accueillis les jeunes havrais. Elle fut maintenue un temps au Havre où elle assura pour eux un service de vestiaire. Pendant la guerre, sa route croisa celle de Marie Toulouzan et Denise Parisse, femme de Marcel Dufriche, dans une opération clandestine de tracts et de papillons reprenant les mots d’ordre du PCF. Denise Paris repartis sur Paris, et Marie Toulouzan étant arrêtée la veille, c’est seule qu’elle distribua clandestinement tracts et papillons avant la levée du couvre-feu. En 1942, Simone Duval se retrouva à « La Trinité du Mont » une petite commune située à 3 km au nord-ouest de Lillebonne en Seine-Inférieure (Seine-Maritime). Elle fut accueillie alors chez l’habitant. Elle y fut hébergée avec ses deux enfants de manière très rustique (logement en terre battue et sans eau courante) jusqu’en juillet 1945.
A la libération du Havre, elle fut nommée institutrice à l’École de garçons de Jean Maridor.

Dès cette période elle s’inscrivit aux « Petites A » organe de la fédération régionale havraise des amicales laïques (créée le 31 janvier 1909), pour s’occuper des activités éducatives des enfants. Elle participa alors à des stages CEMEA et devint directrice de centres de vacances. Poursuivant par une formation d’économat, faisant un stage à Choisy le roi, elle rencontra une formatrice communiste qui l’incita à rentrer au Comité des Œuvres Sociales de l’usine de Renault Billancourt où elle dirigea alors des colonies de vacances, à Cours les barres (Indre) de Villar d’Arêne (Hautes Alpes) et une colonie de vacances maternelle pour 300 enfants à Ambérieu en Bugey, dans l’Ain.

En 1953, Santuc, le responsable du service vacances CE de Renault Billancourt, lui proposa le poste de directrice de ce secteur important du CE, qu’elle refusa, préférant garder son métier d’institutrice.
Continuant à militer à la ligue de l’enseignement, elle s’occupa également alors des cantines scolaires.

Parallèlement, dès 1946, elle anima au Havre une section de l’association d’amitiés Franco-Polonaise, notamment dans le quartier « des Tréfileries » dans la cité polonaise. Elle organisa alors des rencontres, des conférences très suivis et vendit alors la publication de l’association « Peuples amis » dont le secrétaire Général était Jean Noaro. Elle milita également au Mouvement de la paix.

Le 18 mars 1950, le Conseil mondial de la paix lance « l’appel de Stockholm » qui exigeait notamment « l’interdiction absolue de l’arme atomique ». Elle se rendit, avec Pierre Cot, au Congrès mondial des partisans de la paix de Varsovie, où elle représenta l’association d’amitié Franco-Polonaise. Son investissement dans l’association d’amitié Franco- Polonaise fut importante, organisant des conférences et vendant jusqu’à 35 numéros de la revue Peuples amis. À cette période, Simone Duval, devant le nombre de tâches qui étaient les siennes et les enfants à élever, fut seulement compagne du PCF. Elle reprit sa carte sur proposition d’André Duroméa en 1953.

En 1959-1960, Simone Duval rentra au sanatorium de la MGEN à Sainte Feyre près de Guéret. A cette occasion, avec ses collègues malades elle participera à un collectif communiste pour informer les patients malades et organiser des séances de cinéma.
De janvier 1956 à 1959, Simone Duval fut conseillère municipale sur la liste conduite par René Cance*, mais Léopold Abadie, s’alliant à la droite remplaça René Cance, puis le SFIO Robert Monguillon fut maire jusqu’en 1965, date à laquelle la liste conduite par René Cance fut de nouveau élue, et Simone Duval redevint conseillère municipale puis adjointe au maire en 1977 avec André Duroméa qui avait succédé à René Cance. Elle fut plus particulièrement responsable des élections, de l’État civil, des vacances et de la restauration scolaire. Puis elle devint adjointe au personnel en 1983 jusqu’en 1995.

C’est une période importante pour Simone Duval. Les lois de décentralisation, les 35 heures, et surtout les lois proposées par Anicet Le Pors du 26 janvier 1984 relatives à la Fonction publique territoriale (loi no 84-53 du 26 janvier 1984) amenaient les 4200 agents de la ville du Havre (la plus grosse entreprise publique du Havre à l’époque) à entrer dans les 7 filières de la fonction publique territoriale d’alors : Administrative, technique, culturelle, sportive, sanitaire et sociale, animation et sécurité.

C’est une refonte totale de la profession. De même nature que la fonction publique nationale, il fallait requalifier tous les postes et organiser, les formations pour accéder à ces filières. Au sein de la commission de formation du CNFPT (Centre National de la Fonction Publique territoriale), à Rouen et à Paris il fallut organiser ces formations qualifiantes, à partir de concours et en vue d’un classement équilibré et valorisant pour les personnels. Elle poursuivit alors un double objectif : revaloriser la fonction publique territoriale, supprimer au maximum les emplois précaires et contractuels et instaurer un statut valorisant et de meilleurs salaires pour les agents. Ayant comme objectif, à travers la formation de faire progresser l’emploi du personnel, Simone Duval ne ménagea pas son temps et ses efforts pour donner au personnel municipal un statut conséquent. À la même époque, elle engagea la lutte contre l’illettrisme en direction des agents communaux concernés (ils étaient plus de 300) avec le concours de plusieurs cadres municipaux volontaires et bénévoles qui s’y impliquèrent pleinement.

En mars 1995, la droite conduite par Antoine Rufenacht arriva aux affaires à la mairie du Havre. Du jour au lendemain, Simone Duval n’eut plus de responsabilités politiques mais resta communiste.

Le 9 mai 2008, Simone Duval fut faite officier des Palmes académiques.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article191064, notice DUVAL Simone [née LAGADEC, Simone, Françoise] par Jacques Defortescu, version mise en ligne le 2 avril 2017, dernière modification le 27 août 2022.

Par Jacques Defortescu

Simone Duval dans son bureau municipal.
Simone Duval dans son bureau municipal.

SOURCES : André Duroméa, un maire, un militant, entretiens avec Jean Jacques Lallemant , Le temps des cerises, 2005. — Marie- Paule Dhaille-Hervieu, Communistes au Havre. Histoire sociale, culturelle et politique (1930-1983) . Presses universitaires de Rouen et du Havre, 2009. — Entretiens avec Simone Duval , mars 2017

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