FROMENTEAU Étienne

Par Jean-Luc Labbé

Artisan menuisier, né à Issoudun (Indre) le 11 mars 1812 ; démocrate-socialiste en 1848, condamné en 1851, exilé à Jersey et déporté en Algérie en 1858.

Suite au coup d’État de Louis Napoléon Bonaparte le 2 décembre 1851, Étienne Fromenteau fut arrêté et incarcéré à Châteauroux. Reconnu comme étant « l’un des chefs de la démagogie et tenant des propos séditieux à toute occasion », il semblait être très influent parmi les ouvriers et artisans de son quartier d’Issoudun. Le procureur le condamna à la déportation en Algérie fin janvier 1852, peine commuée en assignation à résidence par le Général Canrobert. Parti volontairement en Belgique, il passa de là à Jersey. Gracié le 2 février 1853, il rentra en France. Il était alors marié à Marie-Solange (née Legron), lingère, avec qui il avait deux enfants.

Il resta sous surveillance policière et fut arrêté une nouvelle fois lors des rafles qui suivirent l’attentat à Paris contre l’empereur en janvier 1858. Sept militants d’Issoudun furent alors incarcérés dont Lumet Jean-Baptiste, Bergerioux, Lelièvre et Jamet de Sainte-Lizaigne. Le 24 février, à six heures, les gendarmes investissent son logement et son entreprise de la rue du Moulin de la ville ; il fut écrit dans le rapport que Fromenteau n’employait « que des socialistes dans son entreprise ». Étienne Fromenteau fut arrêté sur le champ malgré que la perquisition n’eût permis de découvrir que les fascicules en cours de parution des Mystères de Paris d’Eugène Sue. Après un mois d’emprisonnement à Châteauroux, il fut mis dans un wagon cellulaire le 24 mars 1858 en compagnie notamment de Patureau-Francoeur de Châteauroux ; direction l’Algérie, via Paris et Marseille.

Suite à l’amnistie générale de 1859, Fromenteau revint-il à Issoudun ? Menuisier, il était à Paris en 1870 et entra en 1882 dans le cadre de la loi d’indemnisation des victimes des répressions politiques du Second Empire. Il avait alors 70 ans en cette année 1882 et toucha une rente annuelle de 1000 francs.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article191120, notice FROMENTEAU Étienne par Jean-Luc Labbé, version mise en ligne le 5 avril 2017, dernière modification le 22 novembre 2020.

Par Jean-Luc Labbé

SOURCES : B. Moreau, Marianne Bâillonnée, Points d’ancrage 2002. – L’Echo des Marchés, octobre 1882. – Etat civil d’Issoudun. – Arch. Dep. Cher 2U233. — Benjamin Colin, Liste des proscrits de Jersey qui sont rentrés en France à la suite de demandes en grâce, s.l.n.d. [Jersey, 1853 ?]. — Jean-Claude Farcy, Rosine Fry, « Fromenteau - Etienne », Poursuivis à la suite du coup d’État de décembre 1851, Centre Georges Chevrier - (Université de Bourgogne/CNRS), [En ligne], mis en ligne le 27 août 2013. — Note de Gauthier Langlois.

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