CAZETIEN André, Jean

Par Jacques Girault

Né le 4 avril 1923 à Maslacq (Basses-Pyrénées-Pyrénées-Atlantiques), mort le 7 mars 2021 à Mourenx (Pyrénées-Atlantiques) ; instituteur ; militant du SNI ; militant communiste puis écologiste ; maire communiste de Mourenx (1977-1995).

Fils d’épiciers républicains (son père avait été blessé lors de la Grande Guerre), André Cazetien reçut les premiers sacrements catholiques. Titulaire du brevet supérieur, il devint instituteur suppléant en 1942. Intégré dans les chantiers de jeunesse, évadé en mars 1944, il rejoignit les résistants de la vallée d’Ossau (réseau Gallia) puis s’engagea dans l’infanterie (occupation de l’Italie et de l’Allemagne). Démobilisé en janvier 1946, il entra en quatrième année de l’École normale d’instituteurs de Lescar (Basses-Pyrénées), puis enseigna dans diverses communes du département, avant d’être nommé à Lacq (1957) puis à Mourenx (1962).

Il épousa exclusivement civilement en mars 1956 à Gélos (Pyrénées-Atlantiques) Marie Péré, institutrice communiste depuis l’école normale, devenue déléguée départementale de l’Éducation nationale après sa retraite. Le couple eut deux fils.

La date de son adhésion au Parti communiste français portait à controverse. Selon les indications des archives du PCF, dans les tableaux des membres de comités fédéraux jusqu’en 1957, son adhésion était datée en 1948. Elle était en 1944 à partir du tableau de 1961. Selon son témoignage, son adhésion se situait en 1947 alors qu’il était en poste à Saint-Etienne-de-Baigorry avec l’instituteur communiste Georges Viers. Il fut aussi militant de l’Union de la Jeunesse républicaine française depuis 1949 et secrétaire départemental de l’UJRF de 1950 à 1953.

André Cazetien fut premier secrétaire de la fédération communiste des Basses-Pyrénées à partir de 1953 puis, critiqué pour ses "méthodes de direction", il devint deuxième secrétaire fédéral de 1955 à 1961, non permanent, membre du bureau fédéral (1961-1965), puis membre du comité fédéral jusqu’en 1976 ou 1978, responsable aux enseignants dans les années 1970. Il suivit l’école centrale en 1953. En 1962, il fut condamné à une forte amende pour avoir dénoncé les responsabilités du haut commissaire Pierre de Chevigné et du gouvernement français, dans le massacre de près de cent mille malgaches.

Membre du conseil syndical de la section départementale du Syndicat national des instituteurs de 1950 à 1970, il fut responsable de la commission des jeunes du SNI à partir de 1949 à 1951, tout en étant membre de la FEN-CGT jusqu’en 1954, puis il appartint au bureau de la section du SNI en 1958. À Lacq, il était secrétaire de l’amicale laïque de 1958 à 1962, et de l’association de parents d’élèves à partir de 1960.

Secrétaire de la section communiste de Lacq de 1961 à 1977, André Cazetien fut candidat suppléant aux élections législatives dans la quatrième circonscription (Oloron) en 1958, 1962, puis dans la deuxième circonscription (Oloron) en 1967 et 1968. Il fut à nouveau suppléant en 1978. Il fut candidat au conseil général dans le canton de Lagor en 1961, 1967, 1973 (783 voix au premier tour, 3eme, 1162 au deuxième tour, 3eme), en 1979 et en 1985.

Instituteur à l’école de Lacq, au début de l’exploitation du gaz naturel, il fut cofondateur puis vice-président de l’association de défense des populations de Lacq (1958-1962), et anima les luttes pour la défense de la population de la région contre la pollution. Devenu directeur de l’école de Mourenx, il cofonda en 1963 le groupement de défense des locataires, présida le conseil de résidents à partir de 1968, puis fut un des cofondateurs du Mouvement national de lutte pour l’environnement en 1980.

Aux élections municipales de Mourenx en 1977 devenue “ville nouvelle“, André Cazetien conduisait la liste communiste qui arriva en tête de la gauche. Une liste d’union de la gauche, avec un premier adjoint socialiste, l’emporta au deuxième tour avec 2120 voix sur 5232 inscrits. Réélu maire jusqu’en 1995, il ne se représenta pas en fin de mandat.

Cazetien fut un des 73 communistes signataires, en novembre 1991, du manifeste signé notamment par Charles Fiterman et Guy Hermier, « Urgence du futur ». Ainsi naissait le courant "Refondations" dans le PCF qui s’élargit en direction des militants de gauche. Il quitta le PCF en 1995. Il signait l’appel du Forum de la gauche citoyenne dans la deuxième moitié des années 1990.

Très engagé depuis les années 1990 dans les luttes pour la sauvegarde de la vallée d’Aspre, de 1992 à 2005, il fit partie du secrétariat du Collectif pour une alternative à l’axe routier européen E7 (col du Somport) avec percement d’un tunnel. Puis, particulièrement pour la défense de l’espèce oursine, André Cazetien écrivit une création poétique et musicale intitulée "Cannelle" en 2004, chanson "pour l’homme et pour l’ours" parrainée par Jean Ferrat. Il adhéra en 1999 au groupe des Verts du Béarn dont il fut le candidat aux élections cantonales en mars 2008. A sa fondation, il adhéra à l’Institut d’histoire sociale CGT.

André Cazetien publia de nombreux ouvrages (romans, essais politiques, biographie, recueil de poèmes). En 2008, toujours adepte de la pêche à la truite, il pensait "que le seul mouvement politique d’avenir, au cours de ce siècle, c’est celui qui, la nécessité faisant loi, rassemblera notre espèce humaine pour la préservation de la vie planétaire" et se considérait comme "citoyen du monde".

À l’annonce de son décès, son rôle dans la défense de l’environnement fut rappelé avec force. La République des Pyrénées résuma, dans son titre, son triple "engagement : politique, social et écologique".

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article19115, notice CAZETIEN André, Jean par Jacques Girault, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 19 octobre 2021.

Par Jacques Girault

ŒUVRE : Figurent au fichier de la Bibliothèque nationale, dix références dont : - Le Terre n’appartient qu’aux hommes : une histoire de Lacq inédite, captivante, Pau, Marrimpouey, 1977, - Arrête de courir, Biarritz, Atlantica, 1999, - Des camions et des hommes : Somport, deux ans de lutte au sommet, Anglet, Atlantica, 2002, - La Palombière, Anglet, Atlantica, Paris, Séguier, 2003, - L’homme qui vivait avec les ours, Biarritz, Atlantica, 2006, - Si je redevenais instituteur, Editions Gascogne, 2013.

SOURCES : Arch. mun. Mourenx. — Archives du Comité national du PCF.— IHS-CGT Pyrénées-Atlantiques, notes transmises par Jean-Claude Malé.— Presse nationale.— Renseignements fournis par l’intéressé. — Divers sites Internet.

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