GAVIGNET Pierre

Par Jean-Luc Labbé

Né le 5 mars 1840 à Auxonne (Côte d’Or), mort à Châteauroux (Indre) le 5 mars 1911 ; ouvrier des Tabacs, président du syndicat de la manufacture des tabacs de 1890 à 1900 ; conseiller municipal de Châteauroux de 1904 à 1908 et administrateur du bureau de bienfaisance.

Né en Côte d’Or en 1840, Pierre Gavignet exerçait la profession de jardinier à Châteauroux lorsqu’il se maria en 1869 avec Marie Florise Bernard (née en 1849 à Saint-Benoit-du-Sault, Indre), fille sans profession déclarée d’un journalier. Ce fut donc au cours des années suivantes que Jean Gavignet entra aux Tabacs
Plus importante entreprise de Châteauroux avant la première guerre mondiale, la manufacture des tabacs vit se créer un « syndicat des ouvriers et des ouvrières » le 14 décembre 1890 suite à la venue de Ferrari, syndicaliste de la section de Toulouse. Pierre Gavignet fut, à 50 ans, le président provisoire de ce syndicat qui comptait 1197 membres dès sa création dont trois quarts de femmes. En février 1891 le maire républicain modéré de Châteauroux demanda au préfet « que l’Etat soutienne le syndicat des tabacs et non celui des agriculteurs de l’Indre qui a beaucoup de moyens financiers et est réactionnaire ». Pierre Gavignet redevint président du syndicat en 1892 et le resta jusqu’en 1900, année de son départ en retraite. A cette date le syndicat regroupait 1251 adhérents dont 1197 femmes. Gavignet était alors domicilié 109 rue des Marins à Châteauroux.

Après une adhésion à La fédération départementale des travailleurs socialistes en 1895, le syndicat s’en retira et ne participa pas en tant que tel à la liste socialiste menée par Edmond Augras pour les élections municipales de 1896 à Châteauroux, contrairement aux syndicats du bâtiment et de la métallurgie, d’orientation plus « révolutionnaire ». Il s’ensuivit une vive polémique au cours de laquelle Gavignet fut qualifié de « roitelet » qui sacrifiait les intérêts de la classe ouvrière. En 1900, la défaite du maire républicain « opportuniste » (Patureau) et son remplacement par un maire radical (Bellier) qui se dit soucieux de l’indépendance syndicale, d’une part, et le remplacement de Gavignet par Delaveau à la présidence du syndicat, d’autre part, ouvrirent la voie à la création de la Bourse du travail de Châteauroux qui sera inaugurée en 1901. Ce projet existait depuis 1895 mais ne pouvait voir le jour sans les cotisations du syndicat des tabacs qui, suite au départ à la retraite de Pierre Gavignet, se donna des dirigeants mieux enclins à un rapprochement avec les orientations alors dominantes à la CGT.

En 1904, alors qu’il était à la retraite, Pierre Gavignet fut élu au conseil municipal de Châteauroux (et désigné administrateur du bureau de bienfaisance) sur la liste du député-maire radical Pierre Bellier. Pierre Gavignet ne fut pas candidat en 1908 mais, par dérogation, la préfecture prolongea sa qualité d’administrateur du bureau de bienfaisance. A ses obsèques religieuses, le 8 août 1911, le maire (Courtin) et l’ancien maire (Bellier) se trouvaient en compagnie des dirigeants du syndicat, Turin (président du syndicat et conseiller municipal socialiste) et Simonnet (secrétaire).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article191178, notice GAVIGNET Pierre par Jean-Luc Labbé, version mise en ligne le 5 avril 2017, dernière modification le 28 avril 2022.

Par Jean-Luc Labbé

Sources : Arch. Dép. Indre. – Journal Le Progrès social, 1896 - Le Journal du Département de l’Indre, 9 août 1911 – Relevés de déclaration des bureaux syndicaux 1890-1914 – Etat civil.

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