DEGENNE Adrien, Edouard

Par Michel Thébault

Né le 11 février 1921 à Cenon (Gironde), exécuté sommairement le 4 août 1944 à Bouresse (Vienne) ; résistant, maquis Masier AS.

Adrien Degenne était le fils de Camille Degenne (né le 18 mai 1892 à Saint-Sauveur, Vienne) employé à Bordeaux à la Compagnie des Chemins de fer d’Orléans et de Marie Augustine Fumeron (née le 21 juillet 1895 à Usson-du-Poitou), tous deux domiciliés en 1921 à Cenon en périphérie de Bordeaux. Sa mère avait d’abord épousé à Usson le 6 octobre 1917 Maurice, Auguste Degenne, un frère aîné de Camille Degenne, mais devint veuve par la mort de son mari le 8 novembre 1918 au front. Lingère à Paris, elle y épousa en secondes noces le 27 décembre 1919 à la mairie du 7ème arrondissement, Camille Degenne, démobilisé depuis août 1919 après avoir fait toute la première guerre mondiale dans l’infanterie. Le couple s’installa d’abord à Bordeaux-Cenon où Camille Degenne était cheminot et où naquit Adrien en 1921. En juillet 1923, Camille Degenne quitta les chemins de fer et vint s’installer avec sa femme et son fils aîné Adrien à Usson-du-Poitou exerçant alors la profession de cantonnier aux Ponts et Chaussées. Quatre autres enfants y naquirent, Camille en 1924, Daniel en 1927, Bernadette en 1931 et Max en 1933. Adrien Degenne résidait toujours dans les années 40 à Usson-du-Poitou (Vienne). Il était marié avec Gisèle Marcelline Audouin et était père d’une petite fille Yolande née à Usson-du-Poitou le 21 février 1944.

A l’été 1944 et plus précisément à partir du 1er juillet, des maquis se développèrent et s’installèrent dans le secteur de Lussac-les-Châteaux. C’est le cas du groupement AS Le Chouan, comprenant principalement les maquis Masier et Lagardère installés tout autour de Lussac-les-Châteaux. Créé le 1er juillet 1944, le maquis Masier se constitua les 3 et 4 juillet, à partir d’éléments dispersés et cachés dans tout le secteur (réfractaires STO en particulier) et de jeunes de Lussac-les-Châteaux et des environs. C’est vraisemblablement à ce moment qu’Adrien Degenne, âgé de 23 ans, rejoignit sous le pseudonyme de « Barbeau » le maquis qui s’établit sur la rive droite de la Vienne, dans la forêt de Lussac et dans un triangle Lussac – Sillards –Persac. Il y reçut le grade de caporal.

La présence de ces maquis constituait pour l’État-major allemand une menace (le passage par le seuil du Poitou étant un enjeu stratégique) sur la sécurité des voies de communication vers l’est de Poitiers en direction de Limoges mais aussi de l’Indre (Le Blanc) et du centre. De plus l’avancée des troupes anglo-américaines faisant peser des menaces sur l’axe traditionnel de la RN 10, les axes à partir de Poitiers vers l’est et le nord-est Vienne devinrent vite essentiels. Une série d’opérations de répression des maquis de l’Est de la Vienne fut donc lancée par l’État-major allemand, la première le 25 juillet, combats auxquels participa le maquis Masier et donc vraisemblablement Adrien Degenne.
Le matin du 4 août 1944, le maquis Masier ayant appris que le buraliste de Bouresse (Vienne) venait de recevoir un lot de tabac, dépêcha un véhicule avec trois maquisards dont Adrien Degenne, pour réquisitionner au profit du maquis la réserve de tabac. Il tentait à cette occasion de devancer le maquis Le Chouan qui, également informé de cet arrivage, avait prévenu le buraliste d’une prochaine réquisition. A 500 mètres de l’entrée de Bouresse, le véhicule du maquis se trouva face à un barrage allemand. Le tir d’une automitrailleuse immobilisa le véhicule, blessa deux des passagers qui purent s’enfuir et se cacher. Adrien Degenne, également blessé, fut capturé, conduit dans une ferme proche, interrogé et torturé. Il fut ensuite exécuté sommairement. Son corps fut retrouvé au lieu-dit La Sablière.
Les groupes de résistants accusèrent le buraliste de dénonciation ayant amené « l’embuscade allemande ». Une autre hypothèse paraît tout aussi plausible. En effet, le 4 août commença une nouvelle opération de répression contre les maquis, avec l’arrivée à Lussac-les-Châteaux de l’escadron de reconnaissance allemand 2058. Cette unité venant de Poitiers, après l’échec pour franchir la Vienne à Lussac-les-Châteaux le 25 juillet, avait manifestement choisi de passer plus au sud, et de passer sur la rive droite de la Vienne par le pont situé au sud de la commune de Goueix. L’incident de Bouresse, commune limitrophe de Goueix à l’ouest, relèverait ainsi d’une rencontre fortuite avec une unité allemande en mouvement.
Sur ordre des Allemands, Adrien Degenne fut enterré le jour même au cimetière de Bouresse, toute cérémonie étant interdite. En février 1945, son corps fut transféré au cimetière communal d’Usson-du-Poitou où il repose depuis lors.

Adrien Degenne obtint la mention Mort pour la France et son nom figure sur le monument aux morts d’Usson-du-Poitou.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article191207, notice DEGENNE Adrien, Edouard par Michel Thébault, version mise en ligne le 5 avril 2017, dernière modification le 3 décembre 2020.

Par Michel Thébault

SOURCES : Arch. Dép. Vienne et Seine (état civil, registres matricules, recensements) — Arch. Dép. Vienne fond du COSOR 105 W 5, dépouillé par Loïc Richard — Christian Richard Groupement Le Chouan, maquis Est et Nord-Est de la Vienne, Lagardère, Le Chouan, Masier Michel Fontaine Ed. 2015 — Témoignage de René Deschamps recueilli en 2015 par Jean-Claude Fromenteau, in Le Lussacois pendant la seconde guerre mondiale, Passeurs de Mémoire du Lussacois, 2016, page 129 — Mémoire des hommes — mémorial genweb — État civil.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable