TRAVAILLANT René, François

Par Daniel Grason

Né le 11 novembre 1897 à Mancey canton de Sennecy le Grand (Saône-et-Loire), tué le 20 août 1944 à Paris (Xe arr.) ; cultivateur, gardien de la paix cycliste, brigadier des gardiens de la paix ; F.F.I.

Fis de François, receveur buraliste et de Marie, Claudine, née Couvillon, aubergiste, René Travaillant alla à l’école primaire dès l’âge de six ans jusqu’à treize ans où il obtint le CEP. Il travailla la terre avec des parents jusqu’à dix-huit ans où il partit dans le service armé.
Le 21 août 1916 il était incorporé au 35e Régiment d’infanterie, puis au 9e bataillon du 42e Régiment d’infanterie le 6 janvier 1917. Désigné pour l’armée d’Orient, il était affecté au 5e Régiment d’infanterie coloniale à Lyon (Rhône), il fut démobilisé à Chalon-sur-Saône le 28 septembre 1919. Il était apprécié au cours de 48 mois de campagne contre l’Allemagne comme « un excellent soldat [avec une] tenue parfaite », ayant « donné toute satisfaction ». René Travaillant traversa la Grande Guerre sans être ni blessé ni puni. Cité à l’ordre du Régiment, il a été décoré de la Croix de Guerre 1914-1918 et nommé caporal.
De retour à la vie civile il reprit le métier de cultivateur. Il épousa Charlotte Douchay le 20 décembre 1919 en mairie de Montceau-les-Mines. Conseillé par des amis, il sollicita un emploi de gardien de la paix en octobre 1921, entra dans la police parisienne le 28 décembre 1921. Il se remaria avec Marie-Louise Germaine Touchard, comptable, le 10 mars 1927 en mairie du IXe arrondissement. Le couple habita au 375 rue des Pyrénées à Paris (XXe arr.).
René Travaillant était noté par sa hiérarchie comme « un excellent brigadier qui avait une excellente tenue, très discipliné, très actif, très dévoué, possède de l’autorité, sait obéir et se faire obéir » et « d’une moralité irréprochable ».
Il était apprécié en 1936 dans son travail de gardien de la paix cycliste par un gradé comme un « excellent gardien, très actif, énergique, correct, intelligent et discipliné » ayant une « très bonne aptitude au commandement ». Le commissaire du VIIIe arrondissement écrivit : « Quoique n’ayant jamais tenté le concours, le gardien Travaillant est considéré comme un excellent serviteur très actif et très dévoué. A fréquemment fonctionné comme brigadier cycliste. […] Très apte au grade ». Il a été nommé au choix brigadier le 10 juillet 1936.
Le 20 août 1944, habillé en civil il regagnait à pied son domicile, au carrefour Magenta-Lafayette (Xe arr.) il fut pris dans une rafle effectuée par les allemands, trouvé porteur de son arme administrative par des soldats allemands, il a été exécuté sur place. Son corps a été déposé à l’Hôpital Dubois 200 rue du faubourg Saint-Denis,
Il fut inhumé au cimetière parisien de Pantin le 24 août 1944, René Travaillant a été exhumé et ré-inhumé le jeudi 11 janvier 1945 au cimetière du Père Lachaise en présence de son épouse et de sa fille Colette. Une délégation de seize policiers dont le commissaire principal du VIIIe arrondissement, un officier, deux inspecteurs, deux brigadiers et dix gardiens de la paix des VIIIe, XIe, XIXe et XXe arrondissements étaient présents. Le 21 juin 1945 un livre en marbre sur lequel étaient inscrites les circonstances de sa mort a été déposé sur son caveau.
Considéré « Victime du devoir », le ministère des Anciens combattants attribua à René Travaillant la mention « Mort pour la France », il fut cité à l’Ordre de la Nation (JO du 20 décembre 1944), et décoré de la Légion d’honneur (JO du 3 janvier 1945), il a été homologué F.F.I. Son nom a été gravé sur le Monument aux morts de Mancey, sur la liste des policiers tués dans les combats de la Libération au Musée de la police 4 rue de la Montagne Sainte-Geneviève à Paris (Ve arr.). Une plaque posée sur la façade du 138 rue Lafayette rappelle son souvenir : « Ici est tombé pendant les glorieuses journées de la Libération le 19 août 1944 pour que revive la France René Travaillant Brigadier de gardiens de la Paix du VIIIe Arr. »

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article191214, notice TRAVAILLANT René, François par Daniel Grason, version mise en ligne le 5 avril 2017, dernière modification le 19 septembre 2018.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo. BA 1801, KC 36. – SHD, Caen AC 21 P 169811. – Bureau Résistance GR 16 P 576871. – Christian Chevandier, Été 44. L’insurrection des policiers de Paris, Éd. Vendémiaire, 2014. – « Au cœur de la Préfecture de Police de la Résistance à la Libération », Sous la dir. De Luc Rudolph, Directeur honoraire des services actifs, Éd. LBM, 2009. – Site internet GenWeb. – État civil AD de Saône-et-Loire numérisé 5 E 274.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable